Les morts n'ont droit qu'au silence.
Ce n'était que la première fois que j'entendais parler de cette histoire, aucune autre comptine ou anecdote n'y ressemblait. Elle était venu chez moi pour que nous rêvions ensemble comme chaque autre fois. Elle était différente, tout comme moi, je ne pensais pas que cet élément aurait pu nous rapprocher autant, ce n'était ni de l'amour ni de l'affection, c'était inexplicable. Elle était là, allongée sur le lit sans un sourire ou une marque de sentiment quelconque, je redoutais toujours ce à quoi elle pouvait bien penser, étais-je au centre de ses pensées ou avait-elle des idées noires, je n'en savais rien. Je m'approcha d'elle et je me plaça à sa droite, l'aventure pouvait alors commencer.
Comme à mon habitude, je lui faisait l'éloge de mes nombreuses aventures qui me différencient des autres, être différent était la seule chose qui me permettait de me sentir unique, agir de manière différente ou faire des choses auxquelles les autres ne pensaient pas ou qu'ils n'auraient pas le courage de faire. Cela faisait de moi quelqu'un d'unique et détestable mais peu importe, j'étais heureux ainsi. Je lui raconta alors ma dernière escapade qui m'avait rendu assez distant des autres que je côtoyais. Je lui raconta alors que je m'étais rendu dans un endroit coupé du monde, où seul quelques initiés avaient l'habitude de se rendre, Les Grandes Carrières. Cette escapade, contrairement aux autres que j'ai pu faire et qui ont parfois failli me coûter la vie, m'avait réellement changé et je ressentais un profond vide en moi, une sensation qui ne s'est monopolisée qu'à la sortie de ces carrières et que je n'avais encore jamais ressentie auparavant. Je savais très bien qu'en lui racontant elle ne me jugerais pas, elle connaissait déjà beaucoup de mes secrets et moi de même, il était nécessaire pour moi de l'en informer, bien que cette escapade ait eu lieue il y a déjà plusieurs mois, cette sensation ne cesse de me combler l'esprit et me fait subir certaines obsessions que je ne peux contrôler et qui m'ont coûté des différends avec des personnes qui comptent beaucoup pour moi. Alors il était temps de se lancer même si je redoutais tout de même sa réaction à la suite de ces paroles. Je lui expliqua alors tout du début à la fin, de la descente à la remontée.
Lorsque je suis entré, dès les premiers instants on se sent coupé du monde, le téléphone ne capte plus dès les premiers mètres et le silence prend le pouvoir.
J'avais comme seul guide ma lampe et une carte piochée sur internet pour me diriger, si je me perds, je suis probablement mort et la pire chose qui puisse m'arriver et de perdre ma seule source de lumière car en bas, il n'y en a aucune ce qui change de la nuit où l'on a tout de même la lumière de la lune bien qu'elle soit assez faible. J'étais livré à moi-même.
En premier lieu, je me suis rendu dans une salle nommée ''La Plage'' de par la présence de sable où j'ai rencontré quelques vagabonds comme moi, nous avons discuté, bu une bière, mangé ensemble... Un très bon moment et puis 1 heure passant, il était déjà minuit, nos chemins se sont séparés. Je voulais absolument me rendre au lieu le plus célèbre de ces carrières qui lui a valu le nom de Cimetière des Vivants, ''Le Carrefour Des Morts'', au départ je ne redoutais pas cet endroit, je me suis dis que comme d'habitude j'allais me foutre de tout et que ça n'allait rien me faire. Alors j'ai pris la route, j'avais près de 10km à parcourir dans des galeries exiguës et étroites, passer dans des chatières, marcher dans de l'eau qui parfois arrivait jusqu'au bassin, au fil du temps, la solitude prit un goût amer, lorsque le silence domine tes pensées, tu commences à réfléchir à tout et c'est là que la paranoÏa a commencé à s'installer. Je commençais à délirer sur des sujets absurdes. Au fur et à mesure que j'avançais, je commençais à apercevoir des bouts d'os, des dessins sur les murs ainsi que des phrases qui laissaient à réfléchir inscrites par d'autres vagabonds comme moi.
Et tout s'arrêta lorsque je suis arrivé devant cette entrée, celle tant attendue du Carrefour Des Morts, un crânes et deux os en croix étaient placés au dessus de l'entrée. Je me suis introduit à l'intérieur, et là, j'ai aperçu des milliers d'os posés en vrac sur le sol, j'étais contraint de marcher dessus, je me suis assis sur ces os qui servaient alors de sol, j'ai éteint ma lumière et j'ai contemplé ce silence des morts, j'ai tenu dans mes mains certains os humains, je me suis demandé qui était alors cette personne, comment s'était-elle retrouvée ici et j'ai commencé à regretter ce que je faisais, j'ai eu l'impression d'être observé, je ne crois pas au paranormal mais je suis persuadé que leurs esprits étaient présents. J'ai alors rallumé ma lumière et je suis parti aussi vite que j'ai pu, j'ai été pris par la peur. En sortant, je me suis retourné une dernière fois et j'ai aperçu ceci sur le mur : '' Les morts n'ont droit qu'au silence''. Je savais que je venais de rompre ce silence. Je suis alors remonté à la surface et je suis reparti.
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Les morts n'ont droit qu'au silence.
AdventurePlongé dans l'inconnu, il cherche à se libérer de lui-même.