Chapitre 2

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Toujours avançant vers mon but, accompagné de mon ami, le seul sur qui je pouvais compter ici. Il ne pouvait ni parler ni agir mais il était devenu, après si peu de temps, mon meilleur ami. J'avançais, errant dans l'inconnu à la recherche de cet endroit, j'étais toujours perdu, livré à moi-même et le sourire que j'avais retrouvé me quitta à nouveau peu à peu. Ici il n'y avait pas de place pour le bonheur ou la joie. Je suivais stupidement ce chemin étroit et humide, marqué par le temps et irrégulier comme si la nature avait repris ses droits, mais pas l'ombre d'une once de vie quelconque, pas de plante, pas d'animaux, même pas une simple araignée, rien. Comme si j'avais quitté ce monde, comme si j'étais descendu aux enfers, je m'étais peut-être jeté dans la gueule du loup.

J'avais, par moment, la sensation d'être suivi, d'être observé. Mon coeur commença à battre très vite et des gouttes de sueurs coulaient le long de mon front et des frissons terrifiants surgissaient. Je pensais cependant que tout était normal, mais à ce moment, lorsque je me suis arrêté pour boire, un simple courant d'air me traversa, comment cela était-ce possible ? Il n'y avait aucun contact avec l'extérieur et la première sortie se trouvait certainement à des kilomètres. J'ai alors très vite compris de quoi il s'agissait, je n'étais pas seul, et ce, depuis le début. Etait-ce mon ami qui me mettait en garde, un avertissement ou simplement, rien ? A cet instant, la panique et l'adrénaline qui montait d'un coup m'ont fait faire quelque chose de stupide, je me suis remis à courir, toujours dans l'inconnu, pour fuir cette âme qui me pourchassait.

Et à cause de cela, devant une intersection, en jetant des regards derrière moi de plus en plus fréquents, je me suis cogné sur un rocher qui ressortait du mur, un choc assez violent pour me mettre à terre et me faire perdre connaissance.

J'ai pensé vivre dans un film, quand le héros de l'histoire perd connaissance et trouve son chemin dans un rêve mais c'est ce qui m'est arrivé et ce, malgré moi.

J'ai atterri sur un banc, seul, et j'ai attendu. Je ne pouvais pas me lever, il m'était impossible de bouger le petit doigt alors que je n'étais même pas attaché, j'ai pris conscience de la gravité de ma situation, j'avais perdu la tête, j'avais perdu mon libre arbitre, je n'étais plus aux commandes, tout s'est passé si vite. Je venais de perdre la seule chose qui faisait de moi un homme et j'étais sûr de l'avoir perdu.

Le temps passant, toujours assis sur ce banc, une silhouette se dessina doucement au loin, nul doute, elle se dirigeait vers moi. Je ne savais pas qui cela pouvait bien être, j'ai alors attendu qu'elle se rapproche jusqu'à voir son visage, et là, ce fut un choc, il était là devant moi, j'étais obligé de le regarder, je ne pouvait nier son existence.

C'était lui, mais pourquoi lui en particulier, c'était mon ami, parti depuis bien des années. Que faisait-il ici ?

Il me regarda droit dans les yeux avec un air niais jusqu'à s'arrêter devant moi, et là, il me fit un simple sourire et cela suffit à faire couler les plus profondes larmes coincées au fond de mon coeur, celles qui n'avaient jamais pu s'évader, celles que je gardais pour les faire sécher le jour où j'en aurais le courage, celles qui faisaient de moi l'être que j'étais auparavant. Je ne pouvais même pas les essuyer, je ne pouvais que le regarder au plus profond de ses yeux, je n'avais ici aucun pouvoir, j'étais pétrifié.

Il prit mes mains et les déposa sur mon coeur, je ne sentais rien, il avait cessé de battre mais pourtant j'étais toujours là, conscient et en vie mais mon coeur, lui, avait cessé de vivre, je n'avais plus aucun pouls, plus rien.

Cependant je sentais la froideur de son corps, ce qui signifiait que le miens était toujours chaud. Les larmes continuaient de tomber et j'étais toujours impuissant face à cela, cet instant durait à la fois 10 secondes et 10 heures. J'étais si triste de le voir mais aussi tellement heureux de pouvoir le contempler à nouveau. Ce n'était sûrement que mon imagination mais peu importait, ce n'était pas un mirage pour moi.

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⏰ Last updated: Mar 25, 2020 ⏰

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Les morts n'ont droit qu'au silence.Where stories live. Discover now