Chapitre premier

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-Je t'ai déjà dit non, Abbas, s'agaça la silhouette svelte du squelette en regardant le monstre qui ressemblait à un lion devant lui.

-Tu n'as pas l'air de comprendre, répondit le lion en turc. Ce n'est pas une demande, c'est un ordre. Si notre altesse apprend ton refus...

-Pas notre altesse, siffla le.a tenancier.ère dans la même langue. TON altesse. Je ne veux rien avoir à faire pour le compte de Bayezid, pas plus que pour celui de ses mercenaires.

-Fais attention à ce que tu dis, Sekmet, répliqua l'étranger en l'entraînant à l'écart pour parler loin des oreilles indiscrètes. Comment crois-tu que je t'ai retrouvé ? Ne pense pas que les Hashinshins te laissent tranquille par honneur, tu sais mieux que quiconque qu'ils te tueront à la première offre qui tombera pour ta tête. Si tu refuses, ton petit paradis n'y survivra pas, pas plus que tous ces gens que tu considères comme tes enfants...

Un instant pensive, la silhouette darda ses yeux mauves sur l'assemblée devant elle, regardant attentivement les sourires sur chaque visage, les yeux pétillants de joie de beaucoup. Iel les connaissait tous par cœur, iel savait qu'ils n'aspiraient qu'à une vie simple et heureuse, ils ne savaient, en outre, rien sur son passé. Iel tenait sa maison close pour échapper à ses souvenirs, pas pour la voir détruite par ces mêmes souvenirs.

Après un temps de réflexion, iel soupira et fit signe à l'autre de le.a suivre dans une pièce déserte.

-Quel nom, quand et pourquoi ?

-Il se fait appeler Korku et tu sauras qui il est lorsque tu croisera son regard, sourit lentement Abbas, soulagé qu'iel ait accepté. Un païen qui a déjà envoyé une dizaine de Hashishins rejoindre Allah. Certains le disent être un éfrit, personne ne veut se risquer à mourir entre les mains de ce démon. Il viendra demain soir ici, à Rome, dans ton établissement, alors pare-toi de tes plus beaux attraits~

Il voulut lui caresser les hanches mais iel le repoussa légèrement. Iel prit le temps de s'étendre sur un des sièges présents avant de prendre la pipe d'un narguilé pour en inspirer la fumée.

-Deux sur trois, tu progresses, souffla-t-iel en le regardant froidement. Tu ne m'as pas dit pourquoi.

L'étranger ricana un peu et vint à son tour fumer le tabac présent dans l'objet.

-Le meurtre de dix de nos frères, tu ne penses pas que c'est une raison suffisante ?

-Donc il y en a une autre ? demanda le squelette en plissant les yeux.

Son interlocuteur ne daigna pas répondre et se contenta de l'examiner attentivement, de regarder et d'apprécier ses formes et ses courbes. Comprenant qu'iel se retrouvait dans une impasse, iel reprit une bouffée de fumée.

-J'accepte. Je n'ai pas vraiment le choix de toute façon... Mais je veux que tu quittes cet établissement. Et ensuite, ne m'appelle plus Sekmet, ce nom je l'ai en horreur...

Avec un nouveau soupir, iel se leva en laissant le lion se débrouiller seul. Surpris, ce dernier se leva aussi et le rattrapa alors qu'iel franchissait la porte.

-Comment veux-tu que je t'appelle alors ?

Sans se retourner, iel eut un fin sourire.

-Appelle-moi Sehvet.

******

Le lendemain soir, un être encapuchonné entra dans la maison close comme s'il n'était qu'une ombre, se fondant parmi les corps des autres clients et des danseurs, avant de finalement aller se trouver un coin calme et dégagé d'où il voyait le spectacle. L'ambiance lui plaisait, une ambiance orientale aux longues tentures dorées et colorées, des lampes à huile suspendues un peu partout, une touche d'exotisme pour tous ces européens autour de lui.

Le Joyau d'Orient Où les histoires vivent. Découvrez maintenant