Les Vagabonds

1. La gare

Cela faisait plusieurs jours voir plusieurs semaines, à vrai dire ils avaient perdu la notion du temps, qu'ils fuyaient.

Ils voulaient échapper à quelque chose qui les effrayait plus qu'ils n'auraient voulu le croire.

Les trois compères venaient d'un royaume plus à l'Ouest, et avaient pris le premier train en direction d'une sortie de ce merdier, du moins c'est que pensait le plus âgé, Tobias. Il avait alors 17 ans. Amanel était celui qui arrivait le plus à relativiser, celui qui arrivait à calmer l'angoisse des deux autres en cachant la sienne. Lui avait 16 ans. Et Le dernier, Gablann, était le plus nerveux depuis le début de cette course-poursuite, ce qui se comprenait vu son âge, 10 ans.

Notre histoire commence ici, à bord de ce wagon qui, de vous à moi était plus confortable qu'il ne le paraissait. En effet, vu de l'extérieur, ce train ne faisait pas tout jeune. La rouille parcourait les parois brunes, il émettait des grincements à chaque mouvement, et une vitre était fissurée. Mais malgré ces défauts ce train était plutôt confortable. Effectivement, ce compartiment n'avait rien à envier aux autres et ne manquait pas de plaisance. Pour commencer, la lumière était très présente. En intérieur des petites flammes étaient enfermée dans le plafond et semblaient même vouloir s'échapper, il s'agissait sûrement d'une forme de magie architecturale. Quant à l'extérieur, des lanternes étaient placées de part et d'autre du wagon.

Les trois enfants l'avaient bien remarqué puisqu'ils n'arrivaient pas à dormir, et pourtant ça n'était pas l'envie qui leur manquait ; ou bien était-ce la peur qui les empêchait... ? Eux-mêmes ne le savaient pas. Les sièges étaient plutôt agréables, si cela signifiait être assis sur des fauteuils poussiéreux et durcis par le temps. Bien que courte, la voiture était plutôt large et assez peuplée. Gablann était nerveux et cela ne faisait que renforcer le stress des deux autres. La pression montait du fait qu'ils avaient dû frauder par manque d'argent, gardant le peu qu'ils avaient pour acheter quelque nourriture que ce soit. Les passagers avaient remarqué la peur du cadet, mais leur curiosité grandissait face à l'accoutrement des trois garçons, plutôt pauvre et éveillant la suspicion des plus aisés. En effet, le train était un luxe que seul des personnes riches s'octroyaient habituellement.

Le train se rapprochait d'une gare, et plus la distance se réduisait, plus la panique était présente chez nos amis. Il arriva en gare, peut-être trop rapidement à leur gout. Certains passagers descendaient, d'autres montaient, mais la plupart continuaient de fixer les jeunes hommes. Quand une personne extérieure à leur bulle de peur vint les sorti de là. Du moins c'est ce qu'ils pensèrent.

« Gablann, Tobias, Amanel ! »

C'était une jeune elfe dans la fleur de l'âge, qui portait des lunettes et avait les yeux clairs. Aucun des trois ne l'a reconnu mais son uniforme leur fit comprendre que ça n'était pas annonciateur de bonnes nouvelles. Elle portait l'uniforme des Galors. Cet uniforme était réservé aux agents de trains, qui avaient autant de pouvoirs que l'armée du pays du moment qu'ils ne sortaient pas de la zone ferroviaire.

« Vos cartes d'identification ont étaient falsifiées et montrent que vous n'avez pas payé le trajet ! »

Putain était le premier mot qui vint en tête à Tobias.

Gablann avait lui, la peur affichée sur le visage. Il se retenait de pleurer, mais c'était très dur pour lui, en plus des événements tragiques qui venaient d'arriver.

Et Amanel arrivait quant à lui à garder son sang-froid. Son sortilège basique de falsification avait été trouvé, mais il n'était pas du genre à perdre espoir. Il ne paraissait, certes, pas très rassuré, mais pas non plus inquiet.

Tandis que la Galor se rapprochait des garçons, elle leur annonça que deux choix s'offraient à eux. Soit ils allaient aux guichets payer leur trajet avec un supplément, soit ils avaient l'amabilité de virer leurs « postérieurs mal lavé hors du train. »