Chapitre 3 - Isabelle Taylor

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— Agent Bloom ? Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis heureux de vous revoir ! Je ne sais pas ce que vous faites ici, mais vous semblez totalement désœuvré...

Bloom, que Jeremy raccompagnait à la sortie, se retourna, surpris. Au grand regret d'Isabelle, il avait décidé de rentrer aussitôt après avoir accidentellement donné des ordres à toute son équipe. Elle aurait bien aimé qu'il reste. Puisqu'elle dirigeait cette équipe, Dereck Kinger, l'actuel directeur du FBI, avait décrété qu'elle devait faire elle aussi une déclaration. Et honnêtement, elle aurait été ravie que Bloom lui fasse part de son expérience. Seulement, elle n'avait pas osé demander. Surtout devant les autres. Puisqu'elle était leur chef, ils devaient s'attendre à ce qu'elle ait parfaitement les choses en main. Après tout, c'était son rôle.

— Je m'apprêtais à rentrer.

— Je vois. Vous avez lu la presse ? C'est une catastrophe, vous savez !

Isabelle retint un rire amusé devant l'expression de Kinger. Le directeur du FBI, qui ne se départait jamais de son attitude joviale, souriait tout en ayant l'air d'un chiot à qui l'on venait de donner un coup de pied. Il était plus petit qu'Isabelle, mais la dérision permanente dont il faisait preuve lui conférait une certaine autorité. Comme Jeremy, il était toujours en costume, bien qu'il paraisse moins soigné. Les quelques rides sur son front, son double menton et un léger embonpoint le faisaient paraître plus vieux qu'il ne l'était en réalité. Elle l'aimait bien, mais parfois sa bonne humeur lui tapait sur les nerfs.

— Oui, j'ai vu. Le FBI est réduit à tenter de limiter les dégâts, n'est-ce pas ?

— Exactement. Vous aviez quelque chose de prévu ?

Bloom fronça les sourcils. Toujours assis au bureau de Jeremy, mais n'en perdant pas une miette, William éclata de rire.

— Si vous voulez qu'il reste, Kinger, vous devriez peut-être le lui demander de façon plus explicite, se moqua le vampire.

Bloom lui jeta un bref regard, et il se tut aussitôt. Cole avait raison, sa manière de faire taire William était déroutante.

— Exactement ! approuva Dereck.

— Je suis à la retraite, protesta Bloom. Et je ne crois pas que ce soit vraiment approprié après ce que...

— En fait, l'interrompit Isabelle, votre aide nous serait sûrement précieuse.

Elle le fixa avec espoir tout en faisant mentalement la liste des tâches qu'elle pourrait lui confier. À commencer par rédiger cette déclaration.

Bloom hésita et lança un coup d'œil interrogateur à Jeremy, qui acquiesça imperceptiblement.

— Je suppose que le plancher de la salle à manger peut attendre, sourit-il.

Isabelle retint un soupir de soulagement.

— Génial, Jeremy et vous pouvez vous charger d'écrire la déclaration ?

— Bien sûr, accepta aussitôt Sullivan avec un demi-sourire complice.

— Magaly et Cole vont s'occuper des réseaux sociaux, et William...

Isabelle s'interrompit, un sourire carnassier sur les lèvres. Il était temps qu'il paye pour ce qu'il avait fait à Tommy ce matin. Même si elle devait avouer qu'au fond, elle ne pouvait s'empêcher d'être touchée par ce qu'il avait fait, croyant la protéger. Mais, par loyauté pour son fiancé, elle s'interdisait d'y penser. William était en tort, pas Tommy.

— Occupez-vous du café.

Bloom et Jeremy étaient habitués à travailler ensemble. Elle le voyait dans leur façon de fonctionner. Isabelle supervisait le tout et passait d'un groupe à l'autre. Cole et Magaly, qui parcouraient les réseaux sociaux afin de voir comment évoluait l'opinion publique, l'appelaient toutes les dix minutes. William, à qui elle avait finalement confié la paperasse concernant leur dernière affaire, boudait en silence. Elle doutait que ça dure. Il était vexé, mais trop bavard pour rester ainsi longtemps.

Du sang sur les crocs - Tome 2 [Édité]Where stories live. Discover now