CHAPITRE 3

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— Cassie ?

Mon prénom roule sur sa langue et me fait l'effet d'une caresse. Je voudrais ouvrir les yeux, mais je suis si fatiguée...

Mon corps est lourd, j'ai l'impression que chacun de mes membres pèse une tonne.

— Cassie...

J'aimerais vraiment lui répondre, mais lorsque j'essaye, je ne réussis à articuler qu'une légère lamentation. Je devine que l'on me soulève, l'air frais agite mes cheveux tandis que l'on me sort de la voiture. J'ai juste assez de forces pour rouvrir les yeux, apercevoir ses traits et les fermer à nouveau. Je me sens... comme vidée de toute énergie.

— Je suis désolé, l'entends-je murmurer.


* * * 

Je fronce les sourcils, me demandant pourquoi il s'excuse, mais mon esprit est trop embrumé pour que je puisse y réfléchir davantage. Je sombre dans ses bras, lorsqu'il pousse la porte et que la chaleur intérieure envahit mon corps. Les ténèbres m'enveloppent et alors, c'est le néant.

Les rayons de lumière traversent les rideaux de ma chambre, venant chatouiller mon visage d'une agréable sensation. J'émerge lentement de mon sommeil, un sommeil sans rêves, enfin. Je m'étire, quand ma paume frôle soudain quelque chose ou plutôt, quelqu'un. Je suspends mon geste, ouvre bien les yeux cette fois, pour me retrouver face à un Ash affalé sur mon lit et endormi. Je porte ma main à ma bouche, effarée de le trouver là. Je détaille ses traits détendus. Ses cils d'un noir corbeau, à l'instar de ses cheveux, ourlent ses yeux clos. Son nez fin est légèrement retroussé, ses lèvres pleines sont quelque peu entrouvertes et expirent l'air au rythme de ses respirations. Par-dessus le drap, s'échappent ses bras austères, musculeux, signe qu'il doit sûrement faire du sport. Ces derniers étreignent l'un de mes oreillers, sur lesquels sa tête repose. J'en viens presque à jalouser mon linge de lit. Je ne peux pas m'empêcher de m'imaginer être celle qu'il enlace de la sorte. Il a l'air si apaisé lorsqu'il dort, cela contraste avec son expression sérieuse habituelle. J'ai furieusement envie de faire courir mes doigts sur son visage et... Je m'empourpre.

Oh non... Eh merde ! Est-ce qu'on a... ?

J'essaye de me remémorer la soirée, mais impossible, je me souviens de la voiture, puis nada, je suis incapable de me rappeler de la suite. Je jure et regarde du coin de l'œil sous mon drap. Ouf, je suis encore habillée ! Seuls mes escarpins et ma veste manquent à l'appel.

Mais si on n'a pas couché ensemble, que diable fait-il ici ?

Je déplace la couverture et m'extirpe lentement du lit. Je vérifie qu'il dort toujours et cours dans la salle de bain afin de me changer. Je fais une rapide toilette, brosse mes dents et dompte comme je peux ma crinière. J'enfile un short et un tee-shirt ample pour être à l'aise. Mon reflet dans le miroir est une catastrophe, je grimace, puis hausse les épaules. Tant pis !

De retour dans ma chambre, sur la pointe des pieds, je range la veste qui traîne par terre dans mon placard, mais lorsque je me tourne vers le lit, deux billes ambrées me détaillent en silence. Je sursaute de stupeur.

— Bon sang ! Ne refais plus jamais ça ! dis-je ramenant une main à ma poitrine, pour calmer les battements affolés de mon cœur.

Il arque un sourcil, mi- surpris, mi- amusé.

— Comment tu te sens ? demande-t-il de but en blanc, reprenant cet air sérieux qui le caractérise.

Je me dandine d'un pied à l'autre, en réfléchissant. C'est la première fois depuis des semaines que je ne rêve pas ou mieux, que je ne me réveille pas à moitié nue dans la forêt. J'y jette un rapide coup d'œil, il suit mon regard, je rougis.

Le peuple des âmes (Sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant