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Jimin rouvrit les yeux difficilement, il avait l'impression qu'un train lui avait roulé dessus et ses paupières lourdes et gonflées par les larmes de la nuit dernières ne rendaient que le réveil plus difficile encore. Il prit quelques secondes pour se remémorer les événements de la veille avant de sentir son cœur couler encore un peu plus si c'était possible dans sa poitrine en se rappelant chacune des paroles qui avaient été prononcées. Il prit quelques secondes, quelques minutes voire presque quelques heures pour essayer de retrouver un rythme cardiaque correct. il ne savait même pas réellement que penser de tout ça, il ne savait pas quoi en faire, qu'en dire. Il sentait juste son cœur lourd, comme une envie de tout détruire, d'abandonner encore plus en se rendant compte qu'il avait perdu une année de sa vie à s'énerver pour les mauvaises choses et contre les mauvaises personnes. Maintenant, il en voulait encore et toujours au brun mais pour une raison différente. Il lui en voulait de s'être tut et d'avoir laissé une telle situation s'installer ainsi dans leurs deux vies.

Quelques secondes seulement, il se demanda comment le brun avait réussi à si bien duper son monde et à faire croire que tout allait bien alors que lui savait que leurs relations n'auraient jamais du se terminer ainsi. Lui qui pensait que Jungkook avait tout simplement arrêté de l'aimer, maintenant il apprenait que ce dernier l'avait tellement aimé qu'il avait préféré lui rendre une liberté qu'il croyait lui avoir volé. Il soupira en sentant son cerveau commencer à surcharger. Il ne devait pas faire subir ce genre de chose à son pauvre esprit déjà en sous-régime.

Il se frotta le visage en sentant son estomac gargouiller et sa vessie peser lourdement. Il ne savait plus à quand remontait son dernier repas et il était étrangement fatigué de continuer à ignorer ses besoins vitaux. Difficilement, il quitta son lit, grognant en voyant qu'il n'avait même pas pris la peine de changer ses vêtements la veille et grimaça en sentant l'odeur de sueur qui s'en dégageait. La peur et la panique le faisait toujours suer plus que de raison. Sur son chemin, il attrapa un sweater trop grand, un jogging légèrement troué, un boxer et partit s'enfermer dans la salle de bain pour une douche bienfaitrice dans laquelle il s'obligea à ne penser à rien ou du moins à réduire son champs de pensées au plaisir que lui procurait l'eau brûlante sur ses épaules tendues.

Lorsqu'il sortit, son corps entouré d'une lourde buée, il jeta ses vêtements sales sur la pile qui s'était accumulée dans le bac à linge sale, avant se s'appuyer quelques secondes sur le lavabo. Il essuya rapidement la buée rampante du miroir, laissant ses yeux trainer sur son reflet tristement. Il avait l'air mort, ou du moins définitivement pas entièrement vivant et lui-même eut pitié de son état. Il n'en revenait pas d'afficher cet air épuisé et désespéré à ses collègues au travail, aux clients avec lesquels il travaillaient, à ses meilleurs amis, à son ancien petit-ami. De larges cernes cerclaient ses yeux d'or éteints et lorsqu'il prit un peu de distance pour observer son corps, il remarqua que ses côtes étaient de plus en plus visibles.

Combien de temps cela faisait-il qu'il n'avait pas vraiment mangé correctement car trop triste pour ne serait-ce que penser à manger ?

Il laissa ses mains glisser sur ses côtés, sentant les dunes que formaient ses côtes sur sa peau terne et presque fade. Il ne ressemblait plus à rien, il ne donnait plus envie. Il était devenu insipide et sans saveur. Il était triste et n'avait plus le goût de rien. A force de se mentir tout le temps, il ne savait même plus réellement ce qui était vrai dans ses émotions. Était-il réellement triste ? Arrivait-il réellement à passer au dessus de cette affreuse histoire ? C'est une part du processus, c'est normal Jimin, pensait-il. Bien-sûr que non, rien de tout ça n'est normal ! murmurait une petite voix dans sa tête qu'il s'efforçait à taire.

Lorsque la buée reprit ses droits sur le verre qui reflétait une image trop triste, il soupira et se détourna de son reflet, avant d'enfiler ses nouveaux vêtements en sentant enfin l'odeur de la lessive l'enrouler dans une douceur. Factice, artificielle, peut-être, mais effective. Avant de quitter la pièce, il laissa son regard trainé sur la petite horloge qu'il avait installé dans la salle d'eau il y avait un moment. Cinq heures vingt-cinq. Il n'avait même pas réalisé qu'il était aussi tôt. Soit. Il quitta la pièce sans se retourner.

BURY YOUR TEARS (LET'S FORGET THIS FOR A WHILE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant