Mon passeport dans la main droite, la poignée de ma valise dans la main gauche, je me dirige d'un pas rapide vers l'entrée de l'aéroport. Je suis moi-même étonnée de ne pas être en retard après avoir passé plus d'une bonne heure coincée dans le trafic dense de Paris. Ma vieille manie de partir toujours en avance m'a rendue un grand service, si j'avais raté mon avion, Claire m'aurait sûrement trucidé dès mon arrivée en Corée. Cela fait au moins 1 an que je ne l'ai pas vu, du moins en vrai puisque les appels vidéos nous étaient bien utiles durant cette longue période de séparation.
Je l'ai rencontré au "M'sieurs dames", un bar gay du 11eme il y a quelques années de cela maintenant, durant notre première rentrée à l'université. Je l'avais remarqué, dès que j'avais passé le pas de la porte. Elle était debout dans un coin, une bière dans le poing et un air triste collé au visage. Elle frottait sans cesse la cicatrice qu'elle avait sur la joue, dansait sur ses pieds, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure : elle n'était ni dans son assiette, ni à l'aise en ce lieu.
J'avais alors entrepris d'aller la voir, mais son air nerveux avait déteint sur mon visage. Quand j'avais bégayé un vague "salut", l'ambiance était tellement pesante qu'on avait fini par éclater de rire toutes les deux.
Au fil de la soirée j'avais appris à la connaître, la belle blonde était d'ordinaire plus joyeuse mais son frère avait des problèmes de santé et il avait été hospitalisé quelques jours. Elle m'avait parlé de sa cousine avec qui elle partageait un appartement, de sa passion pour le foot, de ses origines Franco- Coréenne, de ses joies et de ses peines.
La discussion avait durée des heures, qui me semblaient pourtant être des minutes, mais il fallait maintenant que Claire rentre chez elle. Prise d'un élan de galanterie, je m'étais proposée pour la raccompagner, main dans la main nous avions décidé de ne pas prendre le métro, mais de marcher dans les rues de Paris. En arrivant en bas de son immeuble elle m'avait confié au creux de l'oreille :
"Quand je suis rentrée dans le bâtiment, je n'avais même pas remarqué que c'était un bar gay, je voulais juste boire, boire et oublier. C'est la première fois de ma vie que j'étais dans cet état. Mais tu m'as très vite fait comprendre que j'avais pas besoin de forcement oublier, que je pouvais penser à tout ça mais simplement sous un autre angle. Merci beaucoup. Et pour finir, je me considère comme hétérosexuelle, mais ce soir je n'ai pas réfléchi à mon orientation, j'ai parlé et filtré avec toi, simplement. Et ça m'a rendue heureuse. Alors tiens, mon numéro, envoie moi un message dès que tu rentres chez toi pour qu'on s'arrange sur notre prochain rendez vous. J'ai déjà hâte de te découvrir Elisa"Et elle m'avait laissé sur ses mots, avec son numéro griffonné sur un mouchoir dans la main droite et mon coeur dans la main gauche, que j'essayais tant bien que mal garder avec moi, tandis qu'il voulait déjà s'empresser de la rejoindre dans sa chambre...
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-Dans le grand bain-
ФанфикOn peut tous voir la même histoire, seulement pas à travers le même prisme. Découvrez celui d'Elisa, jeune femme partie à la recherche d'elle même au creux des vagues. •Fanfiction se déroulant dans l'univers du jeu I-Dolls, les personnages ne m'appa...