Juste parce que c'est toi.

Chapitre 1. The night we met.

Il y a bien longtemps que Mia n'avait pas ressenti un tel sentiment de liberté. Pour la première fois de sa vie, elle avait le choix. Le choix d'être la personne qu'elle souhaitait sans que personne n'ait quoique ce soit à dire. Une multitude de possibilités s'ouvrait à elle.  Aucune attente, aucun devoir, rien. Ce soir, lorsque la porte de l'appartement sera refermé derrière elle, il n'y aura que son ombre pour lui tenir compagnie et jamais auparavant elle n'avait été aussi heureuse que d'être seule.
Il peut paraître insensé et déraisonnable de laisser une jeune femme de 15 ans vivre seule dans une aussi grande ville que Paris, il est rai. Mais pour être tout à fait honnête,  cela ne changeait que très peu de chose avec la vie que menait la belle allemande à Berlin. En effet, pour le peu que ses parents soient présents et ne daignent lui accorder ne serait ce qu'un peu de considération, autre que si elle n'était qu'un vulgaire compte en banque,  Mia ne croit pas avoir tord en disant que cette opportunité ne pourrait lui être que bénéfique.

La dernière fois qu'elle est venue ici, à Paris, c'était lors d'un voyage scolaire. Simple il est vrai, mais tellement apaisant. Loin de toutes obligations, devoirs, ou ses proches, Mia pouvait être qui elle voulait sans avoir à plaire à qui que ce soit. Peut-être était-ce cette raison pour laquelle elle avait fait le choix de Paris pour son échange scolaire. Une ville pleine d'espoir et de liberté. 

Arrivée sur place depuis maintenant près de deux semaines, les habitudes de la vie parisienne dont elle avait toujours rêvé commençaient peu à peu à se dessiner. Un petit déjeuné composé d'un croissant et d'une orange pressée, au soleil derrière cette grande fenêtre lumineuse qui donne sur l'immeuble haussmannien d'en face ; voilà de quelle manière débutait chacune de ses journées dans la Ville Lumière. Tout était comme elle l'avait toujours rêvé. A l'exception faite de la présence de son cher oncle Karl, missionné pour garder un œil sur elle de temps à autre et s'assurer qu'elle ne file pas un mauvais coton. Peut-être était-là la seule ombre au tableau pour le moment.  Non pas qu'il y ait une quelconque animosité entre la douce allemande et son oncle mais il est vrai que le voir chaque matin et chaque soir devant sa porte pour vérifier que tout est en ordre semble quelque peu déroutant et fatiguant. En viendrait-elle à regretter l'ignorance de ses parents ? Probablement pas.

Jusqu'ici, l'entourage de Mia ne comptait que très peu de personne et pour être tout à fait honnête, il s'agissait d'une chose à laquelle elle n'était pas habituée mais commençait sérieusement à apprécier. A Berlin, tout était toujours si bruyant, si déroutant et épuisant que cette année à Paris semblait être l'idéal pour changer et ne plus se laisser submerger par les événements. Depuis son arrivée dans la capitale française, la jeune femme s'était créée une petite routine déjà bien rodée qu'elle appréciait fortement. Du genre à tout contrôler, il n'était pas tâche facile pour quiconque de l'en séparer. Seule Chloé, cousine de Mia au tempérament de feu comme la couleur de ses cheveux, arrivait de temps en temps à lui hisser la tête hors de l'eau.  Deux opposées totales, Mia était une personne au besoin viscéral de tout contrôler, tout mettre en ordre et tout diriger sans qu'un seul défaut ne soit visible tandis que Chloé était l'archétype même d'une tornade. Et jusqu'ici, seule Chloé parvenait à l'extirper de son petit cocon sécurisant qu'elle s'était fait. Ou du moins, pour la première fois depuis 2 semaines, elle avait réussi à faire changer les plans de la blondinette à la dernière minute.

***

"Allez, Mia. Viens, ça sera amusant, tu verras. Tu as besoin de ça en ce moment et puis, ça te permettra de rencontrer de nouvelles personnes en dehors du lycée.

- Chloé, je t'ai déjà dit non. Tu sais très que ce n'est pas mon truc, les soirées, et je ne suis pas très sociable en plus. J'aime bien être seule."