Want

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Je me réveillai le lundi matin après un week-end désastreux. Il était plus que temps de revenir à la civilisation.

Vendredi soir après notre danse de deux minutes à peine, j'étais retourné dans mon coin sur ma chaise. En sortant j'avais reparlé à Taehyung ; j'avais connu plus léger. Je l'avais vu passer rapidement devant moi sans m'accorder un regard, la tête baissée et les épaules crispées. Je l'avais arrêté et lui avait demandé de me regarder. Il n'avait pas essayé de négocier et mes doutes étaient confirmés : il pleurait.

"Eh Taehyung"

Il baissa la tête à nouveau. Je repris

"Ça vraiment pas en ce moment"

Ce n'était pas vraiment une question mais pas totalement une affirmation non plus. Il l'a compris et a hoché la tête de droite à gauche.

"T'en as parlé à quelqu'un ?"

Ses sanglots étaient de plus en plus forts. Il avait tout gardé pour lui. Il m'implora :

"S'il te plaît Kook pas maintenant."

Je savais que ça ne servirait à rien d'insister. Alors je le pris dans mes bras. Il nicha sa tête dans le creux de ma nuque et se calma en quelques minutes. Il se recula et je posai une main qui se voulait rassurante sur son épaule.

"Je veux pas te forcer Taehyung, c'est toi qui choisis, je suis désolé si je te mets la pression."

Comme je m'y attendais il refusait que je m'excuse et affirmait que je n'avais rien fait de mal. Je finis par m'incliner et on dut se séparer. Avant de le laisser partir, je soufflai

"Repose toi d'accord ? Ça ira mieux après, je te le promets"

Je n'en savais rien, mais je le disais quand même, espérant le réconforter un peu.

Ce lundi matin, le trajet vers le lycée était une véritable catastrophe. Une demi heure à pleurer à côté d'une inconnue qui s'était mise à cette place, sûrement parce qu'il n'y en avait pas d'autres de libres. J'avais pensé à Taehyung pendant deux jours sans m'arrêter. Tout était en boucle. Ses absences répétées, ses larmes, ses sourires, notre danse, mes larmes, nos trajets du soir, tout les autres autour de lui qui me paraissaient bien fades maintenant qu'il avait pris place dans mon esprit. J'espérais qu'il viendrait aujourd'hui. Je l'espèreais et je le redoutais.

Il était venu.

Pendant le trajet du soir, il était à côté de moi, et il était rayonnant.

"Kooook j'ai trop faim"

Il se plaint. Je ricanai :

"C'est fou ce que c'est surprenant".

Il bouda

"J'ai pris des gâteaux mais ils sont tous cassés c'est pas de ma faute".

Je ris sans rien répondre, il avait l'habitude maintenant. J'étais content de retrouver sa bonne humeur. Apparemment il avait bien l'intention de rattraper le temps perdu quand il n'était pas là. Il me montra ses nouvelles chaussures, il me donna sa nouvelle recette de crêpes, me partagea ses progrès en ukulele, et m'avoua même qu'il avait commencé un recueil de poèmes qu'il avait abandonné le jour même, faute de talent.

J'étais bien avec lui. Tout ce qu'on ne disait à personnes, parce qu'ils ne nous prendraient pas au sérieux ou qu'ils ne se réjouiraient pas avec nous, on se le disait. Quand il était là, je me sentais en sécurité. Rien ne pouvait m'arriver tant qu'il restait à mes côtés.

Si on se tient la main, on deviendra invincibles.

Myosotis - TaekookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant