Embrasse-moi

Prologue

Les rues de Paris sont désertes en cette soirée d'août. Ça m'a toujours étonnée de ne voir personne la nuit. Le soir, il y a du monde le long de la Seine, mais dès que minuit est passé, il n'y a plus un chat. C'est sûrement pour ça que j'ai toujours préféré sortir à cette heure-ci. J'aime la tranquillité de la capitale la nuit. Je sors toujours en douce vers une heure du matin. Ma chambre est à l'étage mais j'ai depuis longtemps accroché une échelle à ma fenêtre. Je ferme ma porte à clé et je descends jusqu'au jardin. Je ne me suis jamais fait attrapée et ce n'est sûrement pas la dernière soirée que je passe en France que ça arrivera.

Les quais sont déserts et j'avoue que ça me rassure quand même un peu. Ce n'est pas mal fréquenté mais je préfère être seule plutôt que de tomber sur un groupe de gars suspects.

Je m'arrête, regarde autour de moi et me décide à grimper sur le mur. Je me tiens debout dessus, les mains dans les poches de mon sweat. J'observe la rive d'en face où à quelques mètres de là se dresse fièrement la Tour Eiffel qui illumine le ciel de Paris.

Du rap français dans les oreilles, je ne remarque pas tout de suite la personne qui s'est approché sur ma droite.

-       Tu comptes sauter ? me demande quelqu'un.

Je tourne la tête et enlève un écouteur.

-       Quoi ? je fais.

-       Tu comptes sauter ? répète cette voix.

La silhouette qui me fait face est toute habillée de noir, et porte une casquette ce qui ne me permet pas de voir son visage. Mais à la voix, je reconnais que c'est un homme.

-       Qu'est-ce que ça peut te faire ? t'es mon père ?

-       Je n'aimerai juste pas avoir ta mort sur la conscience.

-       Maintenant que t'es rassuré, tu peux aller voir ailleurs ! je dis en haussant la voix.

Il fait un geste de recul avec les mains et s'adosse au muret.

-       Ouhlà Madame a ses règles ou quoi ? il fait avec raillerie.

-       Je suis morte de rire, je dis avant de m'asseoir sur le mur et d'en descendre.

Je rabats ma capuche sur la tête et part dans la direction opposée. Je ne me retourne pas, mais je sais qu'il ne me suit pas. Je remets mes écouteurs et reviens à ma musique.

Sur le chemin du retour, je suis plongée dans mes pensées. Dans quelques heures, je serai dans l'avion. Destination une nouvelle vie. Ça fait tellement longtemps que j'attends ce moment que je ne sais plus quand était la dernière fois où j'ai pensé à autre chose qu'à cette date. Le 25 août hantait toutes mes pensées depuis bientôt deux mois. Et maintenant que j'y suis, je ne réalise pas. Un nouveau chapitre de ma vie va s'ouvrir tout soudainement. Et j'avoue que j'en suis toute excitée.