Kinvarra, petite ville du sud-ouest de l'Irlande, jouissait d'une certaine réputation notable en raison de sa sublime vue sur la baie ainsi que de son air calme et humide. Paisiblement désert, ce chemin faisait la jonction entre le château de Dunguaire et la ville. Mes bottes de pluie recouvertes d'un mélange de boue et de graviers, témoignaient qu'il avait plu il y a à peine une heure auparavant ; la température ne devait pas dépasser les douze degrés. Un temps parfait, habituel pour un samedi d'octobre. Le comté de Galway était connu pour ses nombreuses périodes pluvieuses, sa froide brume perpétuelle et son atmosphère mouillée. Bien que William supportait très mal ces journées maussades lorsque nous nous sommes rencontrés, quelques mois seulement lui suffirent pour s'habituer à cette monotonie. Me concernant, je suis née avec cette aptitude régionale qui permet d'apprécier les longues balades sous un ciel gris et les cheveux frisottant à cause de l'humidité. William, lui, ne possède pas cette capacité ayant grandi dans la banlieue sud de Londres, d'où il tient cet horrible accent que, bizarrement, j'apprécie tant. Mon époux sort définitivement du lot ici, tout le monde se connaît et la promiscuité a toujours été rassurante. Néanmoins, je dois avouer qu'après vingt-deux ans à voir les voisins prendre leur douche, j'ai eu envie de vivre cachée dans la forêt. En parlant de forêt, nous habitons, au grand désespoir de mon mari, maintenant à plus de trente kilomètres de Galway, la seule grande ville à proximité. Depuis plus de trois ans nous vivons dans cette magnifique maison à la frontière de Kinvarra, juste à côté de l'océan. William est un architecte et a décidé lors de nos fiançailles de faire construire deux résidences à la pointe de la modernité dans ce même bois. La première est la nôtre et la seconde sera pour nos enfants. Nos futurs enfants devrais-je dire puisque jusqu'à présent aucun embryon n'a trouvé mon utérus très accueillant. Quoi qu'il en soit, lorsqu'au début de l'année nous avons eu des problèmes financiers, nous avons décidés de la louer. Bien sûr William avait fixé un loyer beaucoup trop élevé et durant huit mois personne ne s'y est intéressé. Heureusement, début septembre nous avons enfin trouvé des locataires (pigeons) prêts à payer une petite fortune pour vivre dans ce trou perdu.
Avant de rentrer à la maison, petit détour par la boulangerie pour acheter des croissants, mon péché mignon, bien qu'en réalité j'adore toutes les pâtisseries et les viennoiseries françaises. Ensuite, direction l'ouest où vivent mes parents. Il faut environ marcher encore un kilomètre et nous arrivons par un sentier chez nous. La maison, complètement vitrée, s'élève sur deux étages (je n'oserais même pas vous dire combien on paie d'impôts). Les verres UVB sont teintés pour se fondre plus facilement dans le paysage. Une colline surplombe la clairière dans laquelle nous nous situons. William a laissé libre court à son imagination d'architecte frustré pour construire notre foyer lui donnant une forme triangulaire. Enfin on dirait plutôt un boomerang, c'est ce qu'a dit ma sœur la première fois qu'elle a vu les plans du bâtiment. Elle n'a pas tort, la façade, orientée au sud, est légèrement arcboutée et les vitres inclinées de telle façon qu'elles forment une voile. L'arrière est quant à lui composé à la fois de surfaces vitrées et de bois. Bien entendu cette maison est immense, beaucoup trop vaste pour nous, même si nous avions quatre enfants elle le serait toujours mais « ça sera un atout pour la revente ». Tout de même, 600m2, on voit bien que ce n'est pas lui qui fait le ménage ! Certes, il me faut admettre que je fais toujours appel à des professionnels pour le Ô très grand nettoyage des surfaces vitrées. D'un commun accord nous avons opter pour une maison à la forme décroissante, un peu comme une pièce montée (oui, le mariage m'obsède). Le rez-de-chaussée abrite à l'extrémité Ouest un salon de taille considérable qui donne sur une terrasse triangulaire, affinant la silhouette de la maison. Nous avons longtemps hésité à y installer une piscine mais, prenant en considération le fait que les jours de grande chaleur se font rares à Kinvarra nous y avons renoncé. Et n'évoquons même pas l'éventualité de construire une piscine intérieure ; beaucoup trop couteux et inutile au vu de notre mode de vie. Le salon, large polygone asymétrique complété par une grande bibliothèque, s'ouvre sur l'entrée. Cette dernière débouche sur un escalier de bois et de verre magistral aussi imposant que la bibliothèque. La partie Est comprend une cuisine en trapèze (que j'essaie en vain de tenir immaculée) introduisant sur l'avant de la maison la salle à manger et à l'arrière la buanderie. Toutes les pièces possèdent plusieurs portes, rendant l'accès à d'autres salles plus aisé. Ainsi, la buanderie et la salle à manger laissent place à mon bureau qui constitue la pointe de la maison, prolongée par une terrasse, pendant de l'autre. La cage d'escalier offre une vue sur un bout de chaque pièce qui l'encadre. Le premier étage, plus petit que le précédent, se compose à l'Ouest d'une immense chambre avec bureau et salle de bain attenants. On peut accéder au dressing, situé au nord, par la chambre ou bien le palier. La seconde partie, de superficie égale, comprend une salle de bain encadrée de deux chambres inoccupées. Finalement, le dernier étage rassemble une salle d'eau et une chambre. Avec William nous avons décidé de convertir momentanément cette dernière en une salle de sport puisque la seule ville pourvu d'une se trouve à trente kilomètres.
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Show me your teeth
VampirosLes locataires de la maison voisine à celle d'Elizabeth, jeune enseignante à la faculté de médecine, sont pour le moins fascinants. Que ce soit l'époustouflante Annegret ou ses fils à la beauté surnaturelle, Ezio et Alexander. Ce dernier ne tardera...