Mayhem

Lost

I – Lost

Oh putain. De l'air. Vite. J'ai cru que j'allais m'étouffer. Ou plutôt me noyer.

L'eau est froide. Je suis gelée. J'ai l'impression de m'être réveillée d'un mauvais cauchemar. Tout est lourd dans ma tête. J'ai de vagues souvenirs, des éclairs d'images, de sons et surtout de sensations.

Où-suis-je ?

Le sable est chaud et il fait un temps magnifique. Le soleil m'en aveuglerai presque. Je ne me sens pas de me lever, je préfère rester quelques minutes ici. Cette sensation de réchauffement est ... plaisante. Cela me fait même un bien fou.

Je suis allongée sur le sable, les jambes dans l'eau. C'est comme revivre après avoir erré pendant des années. Je me sens si légère, déchargée d'un poids énormes que j'aurai laissé au lointain, comme un vague souvenir d'une vie passée. Je ferme les yeux et souris niaisement, aurais-je dit autrefois, mais maintenant, je peux affirmer que je souris de bonheur. J'ai enfin réussi.

Je me redresse, assise parmi le sable et les nombreux coquillages ramenés par la mer. J'ai les yeux gonflés et très probablement rouges, mais cette fois-ci, ce ne sont pas mes larmes les responsables mais le sel de la mer. Ce désagrément ne me gêne que peu alors.

Comment suis-je habillée ? Point numéro 1 : je n'ai pas de chaussure. Point n°2 : j'ai une robe blanche trempée. Point n°3 : mais d'où je sors cette robe ? C'est la première fois que je la vois. Elle n'est pas à moi, ou je ne m'en souviens pas.

Point n°4 : QU'EST-CE QUE C'EST CE BORDEL ?

Pendant que je scrute l'horizon, espérant trouver un élément familier, en vain puisque je ne vois qu'une grande étendue d'eau d'un turquoise saturée, je reçois de l'eau sur ma tête suivi d'un rire à peine étouffé. Il y a donc des gens sur cette île, et surtout, il y a quelqu'un derrière moi. Et je connais ce rire.

Je me retourne alors lentement vers la responsable de cet affront, essayant de mettre un visage sur ce rire innocent. Oh, je crois que j'ai deviné. Je me ravise dans mon mouvement et décide de me lever tout en éclaboussant mon adversaire.

- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH.

Je connais ce cri aigu, pareil à celui d'un corbeau et au vu du bruit, elle a dû probablement tomber à la renverse par surprise.

- Espèce de petite connasse. T'as vraiment cru que je n'allais rien faire hein ?

Jojo.

Voilà donc l'auteure de cette farce enfantine, avachis dans le sable me regardant avec ses yeux bleus verts ahuris. Elle n'en manque vraiment pas une pour se faire remarquer celle-là.

Elle me regarde quelques minutes sans dire mot, alors qu'un sourire timide, ou nerveux, se dessine sur son visage bronzé. Je me rapproche d'elle pour l'aider à se relever, mais au moment où je saisissais sa main, elle me lança :

- Ah mais vazy, j'ai les cheveux plein de sable maintenant !

Je l'ai donc relâché et elle tomba une fois de plus lourdement sur le sable.

- T'as pas fini de te plaindre toi ? répondais-je.

Elle rigole à gorge déployée – ce qui est chose courante chez Camille. Je l'aidai à se relever, et cette fois-ci définitivement. Une fois debout, j'entends d'autres rires se mêler au sien. Elle dirige son regard sur des palmiers situés en face de nous. Je vois deux silhouettes familières se détacher de ceux-ci et se rapprocher de notre position. Leurs visages, une fois passés de l'ombre à la lumière, me fis sourire d'autant plus depuis que j'ai retrouvé Camille.