Cela faisait maintenant quelques minutes que Louis , son frère et son père voyageait, et l'on ressentait déjà une atmosphère froide et un ennuie singulier de la part de chacun, excepté chez le père, qui était concentré sur la route, ses yeux bruns très vifs concentrés sur la route, scrutant chaque le détails d'une route qui pourrait être le chemin vers un nouveau départ tout comme la dernière demeure de lui et ses enfants.
Louis quant à lui avait les yeux fixés sur ses pensées tandis que son frère, Maxime, s'était assoupi sur lui, sa chevelure blonde reflétant les rayons d'un soleil mourant au loin dans une marre de lumière orange, presque agréable bien que aveuglante. D'ailleurs Louis aussi était fatigué, il avait passé sa journée à faire ses cartons et à penser à sa future vie, sans sa mère. Ce souvenir de ce matin de décembre morose où son père lui annonça avec une tristesse cachée sur un visage qui essayait de rester calme le hantait. À ce moment là des pensées se bousculaient dans sa tête : il pensait qu'il était en train de rêver et que tout cela n'était pas réel. Pourtant ça l'était, et il était loin de se douter que la mort de sa mère allait autant chambouler son existence. Il ne s'était pas préparé à cette mort et avait passé les deux jours qui suivirent cette annonce funeste dans un état de trans, emmitouflé dans sa couverture, il passait les heures en pleurant, pleurant et en se lamentant sur son propre sort. Louis avait achevé cette période proche de là déshydratation, il n'arrivait plus a pleurer, sa tête semblait vidée de toutes pensées et dans un élan machinal, il se rendit comme à son habitude à la fenêtre. C'était le soir, un soir de Janvier où il faisait tout de même bon à Bordeaux, il était resté concentré une partie de la nuit sur la mer, n'écoutant plus rien que son bruit qui le berça et le fit tomber, avec la fatigue dans les bras de Morphée.Louis regardait le paysage, il était sur l'autoroute mais cela ne l'empêchait pas de regarder la mer, comme pour lui faire un adieu. Il la contemplait dans son infini bleu en ayant la triste pensée qu'il ne la reverrait plus une fois arrivé à Strasbourg, qui était la ville où il allait désormais habiter. Il faisait cet adieu à la mer en réfléchissant à tout ce qu'on avait pu lui dire au fil des années sur cette dernière : la mer est nourricière, la mer faisait peur aux grecs et aux romains qui pensait que la terre était plate et que l'horizon désignait une mort certaine, les bateaux tombant dans l'infini de l'espace. Il se souvint notamment d'une conversation qu'il avait eue avec sa mère lorsqu'un soir ils parlaient de l'océan, cette dernière lui avait expliqué de sa voix douce :
-<< tu sais, la mère prend les âmes au même titre que l'homme prend la terre, ces deux là sont en quête de puissance et cherchent l'un et l'autre à s'étendre, l'un dans un Azure infini et l'autre dans une quête de puissance, de respect, de domination sur ses congénères >>
-<< les hommes sont des lâches, ils flétrissent l'innocence, tuent leur semblables dans leur propre intérêt>> avait rétorqué louis
-<< un homme lâche, c'est un pléonasme tu ne trouves pas ?>>
Louis s'était alors endormi sur ces pensées, il fut quelques fois réveillé pendant la nuit par son frère qui gigotait ou bien sur une aire d'autoroute dans le but d'alléger sa vessie.
Ainsi, il se rendormi à chaque fois et rêva de sa nouvelle vie, d'une fille qu'il ne connaissait guère et qui semblait être le fruit de son imagination. En effet il s'était imaginé sur une place vide un soir d'été avec une jeune fille de son âge à peu près, aux yeux marrons portant une une chemise bleue à points blancs usée par le temps, légèrement ouverte au niveau de sa poitrine. Elle portait également un jean noir et des baskets tout à fait normales, d'une marque sans trop d'importance. Cette femme était plus petite que lui et le regardait d'un air songeur et mignon à la fois. Elle le regardait avec une forme de passion dans les yeux. Louis ne la connaissait guère, mais, comme pour son père semblait néanmoins ne pas être dérangé de cette inconnue. Il ne la connaissait pas, mais été pourtant persuadé dans sa tête de savoir qui elle était. À vrai dire elle lui plaisait presque, elle était sur le point de l'embrasser après lui avoir murmuré un mot que Louis n'avait pas compris ou pas entendu. Il avait tout de même eu le temps de scruter la place qui l'entourait, des maisons anciennes aux charpentes de bois visibles de différentes couleurs tel que le jaune entouraient une place fleurie avec une fontaine en son centre, en face de cette fontaine un canal qui allait très doucement. Au loin on voyait un soleil encore une fois mourant, plongeant vers l'horizon tandis que les ténèbres envahissaient le ciel.
Louis se réveilla par l'arrêt du camion de déménagement, la vitesse de cette machine de fer ne berçant plus son sommeil. Il resta hanté de ce rêve pendant une partie de la journée, appliquant des gestes machinaux pour déballer ses cartons, transporter des meubles ou bien manger et boire. Il avait fini par oublier ce rêve, et avait terminé ses vacances en s'occupant comme il le pouvait: il avait visité Strasbourg, eut un rendez-vous avec son principal dans son nouveau lycée, exploré sa maison.
Le dernier jour, il avait préparé ses affaires et ses vêtements pour le lendemain en chassant les mauvaises pensées de son esprit : il était prêt à démarrer la vie qu'il avait espéré, cette vie où il devait prendre un nouveau départ.
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Les souffrances de l'optimiste
Teen FictionLouis,16 ans, déménage à Strasbourg avec son père et son frère suite à la mort de sa mère. Il découvre un nouveau mode de vie, lui qui était accoutumé à la vie au soleil à Bordeaux, mais aussi et surtout un nouveau lycée. Il était loin de s'imaginer...