Dans quelques temps tu verras. Les bourgeons fleuriront. Et les premiers audacieux se décideront finalement à sortir de leur chambre.
L'on verra des jolis pieds courir dans les rues de Paris, Rome, Londres et partout ailleurs.
L'on verra de jolies demoiselles en robes courtes arpenter les bords d'eau.
L'on verra des couples main dans la main s'aimer au grand dehors, et rire, et s'embrasser.
L'on s'entassera, en foules entières, sur les places, sur les plages, dans les déserts même.
L'on verra de grands enfants boire des bières en terrasse, fumer leurs clopes et parler, à n'en plus finir. Heureux de si peu, de ce monde à peupler de mots.
L'on verra le monde vivre à nouveau.
L'on entendra de la musique, fort, depuis chaque balcon, chaque jardin, chaque cœur.
Et bientôt, je pourrai enfin te rencontrer. Faire tout ce que je n'ai pas pu faire la dernière fois que l'on s'est vus. Te dire ce que je n'ai pas eu la témérité de t'avouer. Te regarder plus que je n'ai pu, et boire tes paroles encore davantage.
Bientôt, oui très bientôt, les bourgeons fleuriront ; et sera alors temps pour nous, et pour le monde entier, de se déclarer les mots cachés, les mots beaux, les mots honteux parfois.
Bientôt, l'univers sera différent. L'on mettra les urgences en avant. L'on décidera enfin de ce qui importe vraiment.
Bientôt, le monde aura compris qu'hormis l'amour, rien ici n'a d'importance.
Sans lui nous n'avançons pas.
Et aujourd'hui, bien avant l'éclosion des bourgeons, je commence à tomber amoureuse, et renaît alors un monde tout nouveau.
