Un Long Voyage - [Kuroro Lucilfer]

La librairie

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    Cela faisait trois jours que Kuroro avait perdu son nen. Trois jours qu'il se contentait d'enchaîner les trains, n'ayant d'autre destination que l'est. Mais jusqu'où devrait-il continuer? Une fois la côte Est du continent atteinte, devrait-il traverser l'océan? La prophétie n'en précisait pas tant.  Le train dans lequel il avait embarqué desservait seulement des petits villages. S'il voulait voyager rapidement, il aurait mieux fait de prendre une grande ligne ou un dirigeable, mais puisqu'il était censé rencontrer une personne en mesure de l'aider et qu'il n'avait pas de destination précise, autant prendre son temps. 

    Sa tête appuyée contre la vitre, contre laquelle il avait dormi toute la matinée, il regardait les paysages défiler. Alors que les arbres, les buissons, les habitations disparaissaient comme emportés par un courant, les nuages, eux, semblaient ancrés dans le ciel. Il en est de même pour l'Araignée, songea-t-il. Ses membres pouvaient défiler, comme Uvogin, récemment emporté, l'Araignée ne flanchera pas, même si ça tête, Kuroro lui-même, viendrait à être tranchée. Chaque membre perdu sera toujours remplacé,  se joignant au paysage. Penser à ses subordonnés lui pinça le cœur. Il espérait qu'ils allaient bien. La dernière opération ne s'était pas aussi bien déroulée que prévu. Certes,  ils avaient réussi à limiter les pertes à un membre alors que sa prophétie en annonçait six, mais  savoir qu'ils n'entendraient plus jamais le bruyant, agaçant, ponctuel et enthousiaste Uvogin était dur pour tout le monde, surtout pour Nobunaga qui le connaissait depuis toujours. Pakunoda l'inquiétait également. Comment les autres avaient-ils pris le fait qu'elle refuse de parler? Elle ne pouvait même pas leur faire comprendre qu'elle n'avait pas le choix, ni leur faire comprendre que l'échange s'était déroulé correctement et qu'il était bien en vie. Comment ont-ils réagi, lorsqu'elle est revenue les mains vides, sans pouvoir expliquer que tout cela était dans le but de sauver Kuroro? Phinks et Feitan n'étaient pas d'une grande patience, et s'ils avaient cru qu'elle était une traîtresse ou qu'elle était manipulée? Être tuée par ses camarades, chacun pensant faire ce qu'il y a de mieux pour la Brigade Fantôme, aurait non seulement été une fin tragique qu'il ne souhaitait surtout pas à Pakunoda ,mais également une défaite pour l'Araignée. Non, vraiment, elle n'aurait pas du accepter les termes de l'échange. Si elle était venu avec tout le monde, ils auraient pu tuer l'utilisateur de chaînes, et ce dernier, plaçant ses amis avant tout, n'aurait probablement pas tué Kuroro. Et même s'il l'avait fait, ils n'avaient qu'à le remplacer. Evidemment, il ne le lui en voulait pas, elle avait fait ce qu'elle pensait être le mieux pour eux tous, et son dévouement l'avait profondément touché. 

   Le train arriva au terminus. Le jeune homme n'avait aucune idée d'où il était. Il descendit et contempla le quai. Il se trouvait dans une petite gare en pierre. En dessous d'une grande horloge indiquant quatorze heure se trouvait un panneau renseignant le nom du village où il était arrivé:  La Roche-Ajac. C'était un village qui s'étendait sur le flanc d'une falaise. La gare offrait une vue agréable sur la vallée en contre-bas, une mer verte sillonnée de chemins et parsemée d'habitations aux toits en tuiles turquoises. De ce qu'il savait, ce village se trouvait à une dizaine de kilomètre d'un autre village où il pourrait prendre son prochain train. Peut-être devrait-il s'arrêter ici pour l'après-midi avant de reprendre son voyage.

     C'était un petit village tranquille dont les constructions restaient relativement basses, elles étaient pour la plupart des habitations, assaillies par du lierre, de deux ou trois étages, en pierre et aux poutres en bois. Sur les balcons fleurissaient joyeusement des géraniums, des lantanas, des pétunias et autres fleurs riches en couleurs. Avec ses rues pavées,  ses petites habitations fleuries et ce soleil qui baignait d'une lumière chaleureuse ses rues et ses places étroites longeant la falaise, le village avait un certain charme. L'homme, tout de noir vêtu, avec son long manteau à la croix renversée, contrastait quelque peu avec ce village chaleureux. Il errait, perdu dans ses pensées, sans trop savoir où cela le mènerait.