| PROLOGUE

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—LE JOUR OÙ LES SŒURS ÉTAIENT VENUES CHERCHER JULIETTE, ELLES AVAIENT TUÉ SON CHAT.

Du haut de ses onze ans, la jeune fille avait eu du mal à leur pardonner. Alors oui, c'est vrai, les SŒURS s'étaient excusées plusieurs fois et elle comprenait bien que ce n'était pas vraiment leur faute si le chat s'était glissé sous les roues de leur voiture. En fait, il avait toujours eu cette mauvaise habitude de s'installer devant les voitures en marche, léchant ses pattes ostentatoirement comme pour les défier d'avancer.

Mais il avait été son premier (et dernier) animal de compagnie et même s'il passait la journée à dormir en se prélassant au soleil, elle l'aimait bien.

Ce jour-là, plusieurs événements avaient bouleversé Juliette. Mais le plus marquant d'entre tous avait été les sensations, ou plutôt le manque de sensations qu'elle avait ressenti en entrant dans la tête des SŒURS.

le vide le vide le vide des esprits des SŒURS. Aucunes émotions, aucunes réflexions. Juste un vide abyssal, sans fond.

Elle n'entendait qu'une seule chose : le silence, un silence étouffant.
Et elle avait compris : elle ne pouvait pas lire dans l'esprit des SŒURS. C'est pour cela qu'elle n'entendait rien, et Juliette ne savait pas si elle devait s'en sentir effrayée ou apaisée.

Elle avait donc passé les heures suivantes à pleurer la perte de son chat en préparant ses affaires pour le Manoir, lançant à la va-vite ses vêtements dans des sacs. Elle était sortie de sa maison, traînant difficilement une vieille valise cabossée qui avait appartenu à son arrière-grand-père. Elle avait dit au-revoir à ses parents, les yeux larmoyants et une boule dans la gorge d'avoir trop pleuré.

.*ೃ·

Du plus loin qu'elle se souvienne, les SŒURS avaient toujours fait partie de sa vie. Elle pensait même que les SŒURS avaient dû lui envoyer sa première lettre le jour de sa naissance. Si ses parents ne les avaient pas crues au début, les années passèrent et ils avaient compris qu'elles disaient la vérité : leur fille pouvait bel et bien lire dans leurs pensées.

Ils avaient répondu à leur courrier. Dans des dizaines de lettres ils les avaient suppliés de les aider. Naïvement, ils leur avaient demandé un remède, en vain. Intransigeantes, elles avaient répondu qu'il n'y avait rien à faire et qu'elles l'aideraient à se contrôler, c'était la seule chose qu'elles pouvaient faire.

Puis, elles avaient continué à envoyer des lettres pour expliquer à ses parents et à elle combien Juliette était rare et précieuse et qu'il fallait la protéger et lui apprendre à se contrôler.

Pendant des années, les SŒURS lui avaient écrit en lui donnant des conseils concernant ses habilités, elles lui avaient toujours répété que ses pouvoirs n'étaient pas une malédiction mais un don. Mais elles l'avaient prévenue que lorsqu'elle atteindrait sa puberté, ses dons deviendraient difficiles à contrôler, et c'est à ce moment-là qu'elle aurait besoin des SŒURS.

Elles lui avaient aussi raconté qu'il existait un endroit parfait pour elle, pour son apprentissage. Un endroit où elle pourrait rencontrer de gens semblables à elle. En lisant cela, Juliette avait frémi d'excitation et pour la première fois depuis onze ans, elle avait osé espérer à un avenir un peu plus meilleur que celui auquel elle se croyait réservée.

La brunette n'avait jamais suivi une scolarité normale, sa mère s'était toujours occupée de son éducation à la maison. Bientôt, Juliette irait au Manoir, où comme lui avaient dit les SŒURS, elle y trouverait d'autres enfants de son âge, possédant les mêmes particularités qu'elle.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 15, 2020 ⏰

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le manoir des âmes en peineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant