how did it get this way

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une solitude s'était emparée de son cœur, l'avait pris sous son aile blanche et succulente. collé à ce trou noir et sombre il respirait l'air étouffé du brouillard intérieur. il s'y était perdu tant de fois que l'endroit lui était devenu familier. entre peur et angoisse il n'avait plus de honte à jongler entre les deux. embrasser l'un et enlacer l'autre, l'infidélité ne le quittait plus. tout comme la solitude.

une sensation amer et brûlante pouvait faire disparaître chaque soupir difficilement expiré, chaque souffle coupé par l'angoisse qui se pendait à son cou, chaque bouffée qui lui bloquait la vue. un brouillard immense s'installait dans son regard, un brouillard épais et humide qui ne lui laissait aucun répit, même dans un lieu public. quelle pudeur ignorante avait-il cet épais manteau de larmes à l'intérieur de lui, il arrivait à lui donner chaud comme froid. personne n'arrivait à se caler sur ses cycles inexistants, il arrivait la nuit vous rafraichissant la mémoire sur vos pires peurs et s'en allait au petit matin quand la tempête était passée. faites attention à ne pas réveiller chagrin quand joie danse avec vous, son réveil vous ferait l'effet d'une belle gifle sur votre pommette.

l'arrêt de son bus le sortit de sa torpeur, il se leva le regard embué et descendit sur la terre ferme avec une étrange sensation de déjà-vu. aucune importance, les jours se ressemblent tous de toute façon.

ses pieds se déplacèrent naturellement vers des escaliers, ils connaissaient le chemin par cœur. impossible de ne pas reconnaître les petits pots de fleurs bleues devant cette fenêtre aux carreaux anciens, impossible d'oublier ces fines herbes rebelles le long du chemin terreux, impossible de se lasser du ciel gris de fin d'hiver accompagné de son vent tout aussi mélancolique que son admirateur. jamais l'hiver ne l'avait lassé, ces couleurs fades et blanches étaient comme ses pensées, incolores et vides de vie. c'était de cette vie qu'il se laissait porter par le courant du vent, il ne cessait de l'emporter vers des chemins différents. chaque train mène quelque part, parfois ce fut le bon et parfois il fallut en prendre un deuxième suivi de dizaine d'autres. cela ne l'avait jamais frustré, la solitude le portait sur son dos chaleureusement, l'accompagnait dans ses périples aux quatre coins de sa vie. voyager lui faisait voir les plus beaux paysages du monde, silencieux comme lui. le silence prenait toute la place face aux tableaux magnifiques et calmes qui lui offrait la vie. solitude et silence l'accompagnaient malgré eux, collant ce petit prince aux cheveux blonds qui semblaient se perdre sur sa petite planète bien vide sans sa rose.

lorsque le frottement du vent vint caresser ses douces joues, lorsque ses mains vinrent se réchauffer dans le fond de la poche de son sweat-shirt ténébreux, lorsque ses yeux ne purent contenir plus longtemps la vague d'écume qui les submergeait, lorsque ses pas le guidèrent le long de cette allée d'arbres sages et agitées par l'air brutal, le petit prince vit l'océan bleu de ses mirages. rien ne put être aussi beau que dans ses souvenirs, un pas de plus le rapprochait de son repère bleuté, un soupir s'envola dans un nuage de buée alors que dans un élan de joie il s'élança sur cette allée avec de grandes enjambées de liberté. peu importait le regard des gens, peu importait le froid qui brûlait ses yeux, peu importait chagrin qui sommeillait. le petit prince voulait danser et courir, se jeter dans le sable et aimer la douceur des vagues. sa course résonnait comme un tambour auprès de son cœur, comme si on venait de lui chuchoter les plus beaux compliments du monde et que son organe ne pouvait supporter ce genre de gentillesse maladive.

devant lui s'étendait son monde entier, le refuge de ses pensées, cet étendu d'eau était pour lui le meilleur endroit sur terre. de sa petite planète faite de sable, le petit prince pouvait s'imaginer la plus belle des roses en silence et seul. seul pour contempler ses songes, silencieux pour agir au lieu de parler. le chemin avait été long, mais la mer était belle ce jour-là, plus belle encore qu'hier et plus laide que demain. le blond ne cessait de s'imaginer nager dans cette eau clair et gelée. comme si au bout de cet horizon régnait la beauté d'un paradis fou.

le petit prince s'arrêta sur le remblai de la plage, profitant de l'air marin qui fouettait son visage angélique. il ferma les yeux, calmant sa tempétueuse respiration. son regard suivit ensuite une mouette qui volait au-dessus de sa tête, il laissa ses émotions s'entremêler comme une pelote de laine, son esprit divagua sur sa rose inexistante, sur sa vie, puis son esprit s'échoua sur l'écume des questions, et de toutes les questions qu'il lui passa par la tête, une seule retint son attention: comment est-ce arrivé ?

bandaidsWhere stories live. Discover now