Chapitre 2

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Aria se leva et prit sur son étagère la photo de mariage de ses parents, on y voyait Lyra, sa sœur aînée, disparue il y a cinq ans dans de mystérieuses circonstances, ses parents avaient été profondément affectés par cette tragédie, de même que Jazz, âgée de dix-huit ans, Aria était trop petite pour se souvenir de quoique ce soit, elle se rappelait juste qu’elle lui avait donné ce médaillon qu’elle portait autour du cou mais pas des mots qui avaient été prononcé ce jour-là.

Sa petite sœur de quatre ans avec qui elle partageait sa chambre, Serena, sautait sur son lit, elle avait les même yeux saphir et la même peau de neige que la plus âgée, elle avait une chevelure dorée.

- Il est bientôt l’heure de dormir alors calme toi ! la réprimanda son aînée.

Comme elle s’y attendait la petite se mit à faire une comédie. Aria se saisit de sa flute traversière et se mit à jouer une berceuse si tendrement et si doucement que Serena se calma aussitôt, elle ralentit la cadence et à mesure que les notes s’évanouissaient dans l’air nocturne, l’enfant, malgré elle, s’endormait sur le lit de sa sœur. La lycéenne sourit, satisfaite et rangea son précieux instrument dans sa boîte puis la porta sur son matelas et la borda avec délicatesse la maison était silencieuse résonnant encore de la tendre mélodie. La porte s’ouvrit et parut Jazz qui à l’inverse d’Aria avait les cheveux blonds comme la benjamine mais avec d’important reflets roux à la lumière du soleil.

- C’est toi qui vient de jouer Aria ? demanda-t-elle.

- Je n’avais pas le choix, Serena me faisait une comédie.

- Evite de trop abuser de ton don, lui recommanda-t-elle énigmatique. 

Aria ne comprenait pas cette habitude qu’ils avaient de lui recommander la plus grande prudence lorsqu’elle jouait d’un instrument comme si ça pouvait être dangereux pour les autres. Elle ne pouvait pas jouer si faux que ça quand même ! Et comme à chaque fois qu’un des membres de sa famille lui sortait cette phrase-là, elle se vexa et sortit dehors prendre l’air.

Il faisait nuit, tout était calme et silencieux, elle vit un chat noir passer près d’elle, elle entendait le bruit des Mauves qui coulaient paisiblement, le centre-ville avait des allures inquiétante, angoissante, elle s’en éloigna, un peu trop… Elle passa près du cimetière qui semblait vivre la nuit, elle crut voir des silhouettes blanches, s’effrayant toute seule, elle se mit à courir en espérant rentrer chez elle mais elle prit la mauvaise direction, consciente qu’elle s’était trompée de chemin, elle s’arrêta devant une bâtisse assez ancienne aux airs sinistres, les fenêtres étaient éclairées par des lueurs tremblotantes, semblables à celles des bougies. Ce manoir l’attirait étrangement comme s’il l’appelait, elle posa ses mains sur la grille, comme pour rentrer. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait, elle ne contrôlait plus ses mouvements, son corps refusait de lui obéir. Elle pressentait néanmoins un danger, il fallait qu’elle parte de là et vite !

Elle toucha son médaillon qui s'illumina brièvement la libérant de l'enchantement.

- Qui va là ? Fit une voix autoritaire.

Une voix masculine de toute évidence, celle de Zoran, elle était donc près du manoir. Elle se pétrifia sur place en voyant sa silhouette élancée de l'autre côté du portail. Heureusement elle avait eu l'intelligence de se cacher.

- Je sais que vous êtes là ! Montrez-vous !

Il tenait à la main une lumière, probablement une torche qu'il pointait dans sa direction, il allait la voir si ça continuait. Quelque chose l’agrippa par le poignet et la tira vers le jeune homme. C’était une frêle jeune femme brune habillée en servante.

- Je l'ai Monsieur Zoran. Peut-être une de vos admiratrices, fit-elle.

- Cela m'étonnerait grandement.

Il s'approcha d'Aria et porta une de ses mains au médaillon et le montra à la domestique qui blêmit.

- C'est une Melodia ! Il faut prévenir la Dame Flore !

- Silence ! Non je vais m'en occuper moi-même ! Retourne te coucher ! Gronda-t-il en prenant Aria par le bras.

La jeune femme s'inclina et partit vers la demeure ancestrale. Après son départ, il plaqua l’intruse, terrifiée, contre les grilles.

- Qu'as-tu vu ?! demanda-t-il agressif.

- Rien, je le jure, couina-t-elle.

- Je ne te crois pas ! On ne peut pas faire confiance aux gens de ta sorte !

Elle avait beau jurer et pleurer, rien n'y faisait, il restait insensible à ses plaintes, refusant de la croire. Aria avait peur, très peur, elle était mortifiée même. Zoran, l'entraîna dans le manoir.

- Vous aimez la musique vous les Melodia, n'est-ce pas ? Je vais t’en jouer moi, tu n'es pas près d’oublier crois-moi !

Elle ne comprenait pas ce qu'il entendait par là, et surtout pourquoi il voulait lui jouer de la musique alors qu'il était furieux ! Elle se retrouva dans une somptueuse salle richement décorée de dorures et de tapisseries, au centre trônait un sublime piano à queue noir. Le parquet de la même couleur luisait comme si on venait de le cirer. Zoran s’assit devant l’instrument gardant son regard rivé sur la jeune fille qui regardait tout autour d’elle peu rassurée. Les longs et fins doigts du jeune homme effleurèrent les touches.

- Qu’est-ce qu’elle fait là elle ? Gronda une voix.

Aria se retourna et vit un jeune homme blond aux yeux pairs, l’un rouge, l’autre vert brillant de colère. Il était vêtu comme à l’époque victorienne avec son long manteau noir et sa chemise blanche.

- Côme ! Tu ne devais pas rentrer demain ?

- Si mais je ne vois pas le rapport, Zoran.


Les deux frères se mirent à se disputer. Aria jugea que c’était le bon moment pour tenter de s’échapper, mais par où ? Côme bloquait la porte par laquelle ils étaient entrés. Elle observa la pièce et vit une porte, sans réfléchir, elle courut jusqu’à l’ouverture, elle menait sur le hall. Elle se dit qu’elle aurait une chance de sortir mais, elle se trouva vite immobilisée sans qu’elle ne comprenne pourquoi.

- Où comptez-vous aller de ce pas, mademoiselle ?

C’était la voix de Côme, celui-ci se mit devant elle, il semblait aussi mécontent que son frère, elle porta ses mains à son médaillon mais… Elle ne pouvait pas bouger, elle se mit à paniquer.

- C’est à moi de m’occuper d’elle, Côme ! Elle a violé le traité ! Fit Zoran, furieux.

- Certes, mais ce n’est pas une raison pour te montrer aussi agressif Zoran, lui reprocha son frère.

Quel Traité ? Et pourquoi y-aurait-il un traité entre deux familles ? On est plus au Moyen-Age ! Aria ne comprenait pas ce qu’il se passait et elle se dit que Jazz allait s’inquiéter, elle devrait l’appeler, elle viendrait la sortir de ce pétrin. Elle sortit son portable, et partit en courant pour trouver un endroit où elle pourrait se cacher. Elle appela Jazz, tout en continuant à courir, celle-ci était inquiète.

- Jazz ! J’ai besoin que tu m’aides ! pleura-t-elle.

- Allô ? Aria ! Où es-tu ? Je m’inquiète !

- Jazz, j’ai be…

Elle poussa un cri de douleur et chuta, elle cracha du sang, elle avait l’impression que son cœur et ses poumons étaient en train d‘exploser de l’intérieur.

- Aria ! paniqua sa sœur aînée au téléphone.

- Jazz… appela-t-elle désespérément.

Elle avait du mal à respirer, elle tenta d’attraper son portable mais une botte noire le brisa. On la releva, elle croisa le regard de Zoran.

- Tu y es allé un peu trop fort sur ce coup Côme, commenta son cadet.

- Tu m’as légèrement agacé, je te rappelle.
- Qu’est-ce qu’on en fait ? On se retrouve avec un corps sur les bras par ta faute !

- Elle n’est pas morte…

- Mais tout juste, on doit trouver un moyen de la dissimuler, le coupa Zoran.

Cependant Côme ne l’entendit pas de cette oreille et fit apparaître un énorme livre lilac et Orchid, avec un contour et des lettres on or pâle, on pouvait y lire Et Symphionae il n’y avait pas de serrure malgré la valeur inestimable du contenu du livre, il passa une main lumineuse sur la reliure et l’objet s’ouvrit aussitôt, Zoran le regarda, interrogateur, tandis qu’il cherchait dedans.

- Tu ne peux pas chercher dans le livre des ombres au lieu de feuilleter dans ceux des ennemis qui auraient dû être brûler depuis des siècles ? s’agaça le plus jeune.

Côme ne répondit pas, trop occupé par sa lecture, les sourcils froncés. Puis il le referma sèchement. Il y a des moments où son frère l’exaspérait comme là. Par sa faute il avait dû faire usage d’un sort qui s’était juré de ne jamais l’utiliser en tant que gardien, par ailleurs il avait failli à sa mission, il s’en était pris à elle, il devra faire part de cette faute au conseil en espérant qu’il ne lui donnera pas un blâme ou qu’il ne le renverra pas, même si c’était sans espoir, c’était un délit, il était le lien entre le monde réel et celui de la magie, de même qu’il liait les quatre plus anciennes familles magiques et qu’il avait interdiction formelle de s’en prendre à l’un de leur représentant. Il devait sauver les meubles, comme on disait, et donc la sauver, il devait faire appel à la magie des Melodia, axé principalement sur la guérison, il était le seul à pouvoir s’en servir à part les Melodia eux-mêmes.

                                  °°°☆°°°

Jazz était terriblement inquiète pour Aria, elle prit une bague appartenant à celle-ci et monta dans le grenier laissant sa petite amie, Amore, avec Serena qui ne se sentait pas bien. C’était poussiéreux, depuis cinq ans personne n’y allait.

                                     °°°☆°°°

Aria tenta de s’éclipser malgré son état, mais Côme la tenait fermement contre lui, elle mit instinctivement sa main sur le médaillon de sa sœur. Il lui prit l’objet gravé de l’écusson des Melodia et l’examina avec curiosité. Aria semblait comme pétrifiée, incapable de bouger.

- Alors comme ça tu es une Melodia, fit-il.

Ses yeux brillaient d’une étrange lueur. La jeune fille ne put se détourner de son regard hypnotique, elle ne put lui répondre. Il ferma les yeux en soupirant et elle fut de nouveau libre de ses mouvements.

- Tu vas m’expliquer pourquoi on a une Melodia chez nous Zoran.

- Pourquoi faire ?

Devant le regard insistant de son aîné, il lui raconta la scène. Côme surveillait leur prisonnière du coin de l’œil.

- Je voudrais rentrer chez moi, s’il vous plait, je ne sais pas ce qu’il se passe pour que vous détestiez les Melodia mais laissez-moi partir, je ne dirais rien, je ferais comme si rien ne s’était passé, vous avez ma parole, les supplia-t-elle.

- Certainement pas !

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 11, 2020 ⏰

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