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Je suis à l'infirmerie.
Rien d'important, j'accompagne seulement une camarade, car j'ai été élu délégué. De force. Parce que je ne me serais jamais présenté de moi-même. Être délégué c'est nul en vrai.
Enfin bref, je discute avec les quelques autres personnes présentes et remarque que je suis le seul garçon.
Ça ne me pose pas de problème, me prenez pas pour un macho, c'était juste une constatation, allez pas cherchez des propos sexistes que ne je n'ai jamais ni dit, ni pensé.
Donc je disais.
La plupart des filles présentes sont des simulatrices, même celle que j'accompagne. Surtout celle que j'accompagne. Jeanne a simulé un vertige, avec beaucoup de talent, même moi j'y ai cru, pour pouvoir copier les devoirs qu'elle n'a pas fait en math. Pas que ça me dérange, ce n'est pas contre mes valeurs d'aider quelqu'un. Ou de louper quelques minutes de cours. C'est quand même un autre monde le lycée...
Je parle de tout et de rien avec les filles, qui me draguent ouvertement pour la plupart. Je veux pas me vanter, c'est pas mon genre, mais je suis quelqu'un d'assez populaire. Je suis américain, mais mes parents ont voulu emménager en France. Et un américain parlant français, ça donne un accent craquant. Enfin c'est ce qu'on m'a dit. Je suis grand, sportif, blond, les yeux bleus et un grain de beauté au-dessus de la fossette. Ouais, il paraît que je suis craquant.
Deux garçons arrivent. Le premier est roux, il prend tout l'espace avec ses muscles, sa voix et ses grands gestes. Il me fait un signe de tête en entrant, que je lui rend par politesse. Il essaye d'expliquer à son ami pourquoi il est finalement soulagé que son ex l'ait quitté, car elle était mauvaise pour lui. Discours de mauvais perdant. J'aime pas trop ce genre de gars.
Son pote par contre...
Je ne lui avais pas prêté attention au départ, car le roux prenait toute la place, mais ça je l'ai déjà dit.
Il est petit, brun, avec quelques taches de rousseurs, et j'adorerais voir son sourire. Je suis sur qu'il est magnifique.
Imperceptiblement, je me penche en avant, essayant de voir ses yeux. C'est ce que je préfère chez les gens, ces couleurs toutes différentes qui se mêlent pour créer la vue.
Ce que je vois fait battre mon cœur.
De magnifiques yeux verts, et même si la poésie c'est pas trop mon truc, on aurait vraiment dit les rayons du soleil se reflétant sur les feuilles d'une forêt. Calme. Une forêt calme.
Parce que là il est vraiment immobile. Sans expression. Il écoute seulement l'autre imbécile en hochant parfois la tête, par gentillesse. Pas un mot ne sort de ses magnifiques lèvres.
J'aurai aimé entendre sa voix, mais la fille que j'accompagnais est revenu et nous avons du retourner en cours...

Là-bas, je pense sans cesse à ce garçon. Je veux connaître son nom.
Il est sans doute nouveau, sinon je l'aurais déjà vu.
Je fais tout pour ne pas être le cliché du mec populaire qui envoie bouler tous ceux qui ne sont pas assez riches et/ou canons. Je fais attention à tout le monde, du moins j'essaye. Et lui, je ne l'avais jamais vu. Et ça m'énerve. J'irais demander à Marc, le roux là.
Je veux absolument engager la conversation avec lui, mais je ne sais pas comment m'y prendre, je ne suis qu'un simple adolescent vous savez.
Et puis, c'est étrange. Il a beau être incroyablement beau, je ne suis habituellement pas du genre à n'aimer que la beauté chez les gens.
Ça se trouve c'est un connard, du genre qui a tué sa sœur et tout. Ou bien un ange. Ou alors un hétéro.
Ah ouais j'y avais pas pensé à ça.
Mais au pire, c'est pas si important, pas comme si je l'aimais.
Il me plaît c'est vrai.
Mais bon.
C'est pas super important. Si... ?

(Au final, j'ai du passer deux heures à bosser les maths chez moi, parce que j'avais rien écouté...)

GAME ONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant