Chapitre 3.

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- Mais Alice tu n'en as même pas la preuve que c'est elle, ça n'aboutira à rien.
- Un test ADN Fred. Sur sa convention, il est marqué qu'elle est née le 16 avril 2003, comme Louise.
- Ah oui, et tu vas le faire comment ce test, je veux dire, légalement ?
- Mon mari est flic, je suis juge d'instruction, je n'aurais pas grand mal d'obtenir ce test.
- Hm, je vois. Mais je ne veux surtout pas que tu te fasses de faux espoirs comme à chaque fois, c'est trop dur de te voir rechuter Alice...
- Ah oui ? Et toi ça ne te fait rien peut-être ? Tu n'as rien ressenti quand cette petite t'as parlé ? Tu n'as rien ressenti quand elle a posé son regard sur toi ?
- Si, mais... je ne sais pas, comment ça serait possible ?
- On à déjà eu à faire à une affaire similaire, une gamine faite passée pour morte aux yeux de ses parents alors que la petite était élevée par une infirmière du service de la clinique. La petite Élodie Martin tu te souviens ? J'étais enceinte de Paul quand l'affaire nous a été confiée, j'avais une peur bleue que cela nous arrive...
- Oh oui que je me souviens. Donc tu penses que c'est ça qu'il nous serait arrivé ? Que Pauline serait en réalité en vie et qu'elle aurait été élevée par une famille que nous, qu'on nous l'a enlevé demanda t-il en s'énervant sur ces derniers mots.
- Oui. C'est ce que je pense.
Son instinct paternel avait pris le dessus sur le reste, il pensait que sa femme pouvait avoir raison, cette fois, et il n'allait pas laisser passer ça.
- Je vais me renseigner sur ceux qui l'ont élevé, et si c'était des mauvaises personnes ? On va la retrouver, je vais enquêter.
- Tu vas te renseigner ? Tu me crois ? Promet moi que si c'est elle tu me rendras mon enfant, s'il te plaît dit-elle les larmes aux yeux.
- Je te crois oui, je pense que ça peut être elle. On ne s'emballe pas, d'accord ? On va d'abord faire ce test et on avisera.
- Ok... et si c'est elle ?
- Si c'est elle on va tout faire pour qu'elle revienne parmi nous, je te le promet lui confia t-il en prenant la main de sa femme dans la sienne.
- Merci, merci de me croire. Elle est belle non ?
- Tu sais j'en ai toujours souffert, et j'en souffre encore, je ne le montre juste pas. Si elle nous a vraiment été enlevée il ne termina pas sa phrase tellement la rage était présente en lui. Oui, magnifique reprit-il après quelques secondes.
- Elle a tes magnifiques yeux, le magnifique regard dans lequel j'adore me plonger.
Il savait que c'était trop tard, que sa femme était persuadée que leur petite fille décédée à la naissance était là jolie collégienne qu'ils avaient vu à l'instant, cette Émilie. Il ne voulait pas qu'elle souffre s'il s'avérait qu'elle n'était pas celle qu'ils pensaient. Il voulait y croire lui aussi, en être aussi certain qu'Alice mais un doute lui restait quand même, si ce n'était pas elle ? Il devrait rester fort pour sa famille, pour sa femme qu'il avait vu tant de fois brisée à l'annonce que les filles qu'elle pensait être la sienne ne l'étaient pas. Il serra un peu plus sa main dans la sienne et lui sourît.
- Elle a ton sourire, les mêmes traits que toi, tes expressions aussi, je trouve...
- Ah non, c'est ton sourire qu'elle a...
Il lui sourît de plus belle, il avait tellement envie que ce soit elle, leur petite Pauline, la soeur de leurs enfants, la jumelle de Louise. Il avait espoir cette fois.
- Et puis elle ressemble fortement à Louise...
- Oui...
- Tu veux commencer tes recherches ce soir ?
- Oui.
- Merci Fred, merci dit-elle avant de l'embrasser tendrement.
- C'est normal...
- Tu ne m'as jamais abandonnée Fred...
- Pourquoi l'aurais-je fait ?
- Je t'ai fait espérer bon nombre de fois...
- Je sais oui, mais c'est normal... je ne t'en veux pas.
- C'est vrai ? Tu sais après ça ... je ne voulais pas avoir d'autres enfants.. il m'aura fallu 10 ans, et puis Paul est arrivé....
- Je sais Alice, je sais...
- Et puis notre petit Lucas. Des fois je me dis que pourquoi pas en avoir un autre ? Je sais que tu en as envie...
- On va peut-être bientôt retrouver Pauline, je ne suis pas certain que ce soit le bon moment.
- Ah oui ? Tu ne veux plus ?
- J'ai dit que je ne voulais plus demanda t-il inconsciemment, je n'ai jamais dis ça moi, au contraire s'amusa t-il.
Elle le regarda en fonçant les sourcils.
- Tu sais que je n'aime pas quand tu te moques de moi.
- Je ne me moque pas, évidemment que je veux avoir un enfant avec toi. Je dis juste que ce n'est pas forcément le bon moment.
- Tu te moques souvent de moi quand même...
- Oh mais toi aussi tu te moques souvent de moi.
- Moi me moquer de toi ? Jamais dit-elle en rigolant pour ensuite le regarder avec un regard rempli d'amour munit de son plus sourire.
- Nooon jamais dit-il un brin taquin avant de la regarder intensément.
Elle avait beaucoup de mal à soutenir le regard de son mari.
- On va peut-être rentrer ?
- Oui, c'est une bonne idée.
- J'ai très envie de voir mes enfants, de passer du temps avec toi.
- Moi aussi. On leur en parle pas pour le moment, d'accord ?
- Non. Surtout pas... je t'aime Fred
- Moi aussi je t'aime confirma t-il armé de son plus beau sourire.
- On rentre ? Dit-elle en lui tendant sa main.
- Oui, on rentre.
Le week-end venait de s'écouler. Alice allait revoir la petite Émilie.
- Comment on fait avec Louise Fred ?
- C'est-à-dire ?
- Ta fille est en stage avec toi, elle va forcément croiser ma stagiaire.
- Oui, je sais...
- Donc on fait comment ?
- Je ne sais pas, on ne peut pas les empêcher de se voir, vu que d'une façon ou d'une autre nous serons menés à nous croiser nous deux, et comme ce sont nos stagiaires...
- Surtout que nous travaillons ensemble tu veux dire, normalement nous ne nous quittons pas de la journée...
- Et bien on verra comment ça se passera entre elles et on avisera.
- Mais tu ne comprends pas Fred, elles se ressemblent, je... je ne sais pas quoi faire.
- On ne peut pas faire en sorte qu'elles ne se croisent pas...
- Non... Fred ?
- Oui ?
- Et si c'était elle ? Tu imagines le choc pour Louise, pour les petits ? Je ne veux pas que ma fille soit brisée...
- Mais tu veux faire quoi alors ?
- Je ne sais pas... j'ai envie de savoir si c'est elle ou on mais on la briserait non ? On briserait nos deux filles, mais en même temps je ne me vois pas vivre loin de mon enfant, quitte à briser une famille, c'est mon enfant, notre enfant...
- Je te rappelle que sa famille comme tu le dis nous l'a enlevé...
- Oui je sais et ça me brise le cœur de me dire qu'elle a appelé une autre femme maman, qu'elle aime une autre femme que moi, ça me fait mal de me dire que je l'ai porté pendant 9 mois pour me dire que je n'ai rien vécu avec elle...
- Ça me fait tellement de mal aussi...
- Ma première fille, mon premier bébé... Nous aurions pu être tellement heureux tous les six et on nous a privé de ce bonheur... Je peux te jurer que si le test ADN est positif j'engage une procédure judiciaire.
- Je n'ai pas l'intention de laisser passer ça. Mais il s'avère positif, tu ne penses pas que ça sera difficile pour elle ?
- Ça le sera pour elle, pour nous, pour les enfants mais je veux ma fille Fred, je veux l'avoir chez moi, je veux qu'elle soit avec nous.

16 ans plus tard Où les histoires vivent. Découvrez maintenant