Chapitre 1 - Une matinée Mouvementée

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La tête posée entre ses bras croisés, la jeune fille dort d'un sommeil inutile et contrarié. Le café a refroidi. L'encre des documents étalés sur la table de verre a laissé une trace sur sa joue pâle. Une mèche de ses cheveux blonds lui tombe en travers du visage lorsque, agitée par un cauchemar, elle sursaute. Le stylo qui était jusqu'à présent toujours entre ses doigts tombe. Elle se réveille. Le soleil s'est levé et illumine le grand appartement à travers la baie vitrée du salon. Les meubles blancs reflètent la lumière jusque dans les moindres recoins d'une cuisine ouverte, curieusement exigüe par rapport à l'immense pièce à vivre.

Elle n'a pas terminé. Elle s'est endormie avant. Elle soupire en rassemblant ses dossiers. De toutes manière, elle ne termine jamais. Ses yeux verts fixent le vide un instant, pas trop long, elle n'a pas le temps. Elle se lève et se dirige vers la porte de sa chambre pour se changer. Une fois un short et un débardeur de sport enfilés, elle longe la cuisine et traverse le couloir jusqu'à une double porte donnant sur un gymnase. Elle ne manque jamais un entrainement. En fait, elle passe le plus clair de son temps libre dans ce gymnase. Pas par soucis pour son hygiène de vie ou pour atteindre un but sportif particulier, non. C'est un instinct qui fait simplement partie d'elle.

Au fil des exercices son esprit retrouve de sa clarté. Ses sens s'aiguisent, son raisonnement s'affine. Au bout d'une heure elle est prête. Elle sort prendre une douche dans la salle de bain adjacente à sa chambre. Avec une tasse de café frais, elle pourra enfin retourner aux rapports inachevés de cette nuit. Un jeune homme est déjà dans la cuisine. Seulement vêtu d'une chemise ouverte et d'un boxer, sa chevelure brune ébouriffé, il frotte ses yeux d'un bleu perçant, visiblement mal réveillé :

« Tu te lèves tôt aujourd'hui, constate la jeune fille.

-'jour.

Elle le regarde, interdite. Son frère ne sort généralement pas de son lit avant le début de l'après-midi pendants ses jours de repos.

-Une raison particulière ?

Le jeune homme grogne, il n'a pas envie de s'expliquer à une heure aussi matinale.

 -L'hôpital a appelé. Un souci avec ma dernière demande de financement, finit-il par lâcher.

-Doc, sérieusement ? Je croyais que tu ne prenais plus de nouveau projet. Tu as déjà suffisamment de travail comme ça, tu dors à peine. »

Il laisse glisser ses yeux vers la table où trône la pile de dossiers et la tasse de café froid avant de la toiser d'un regard plein d'ironie. Message compris.

Izly soupire une seconde fois. Toute cette paperasse l'ennuie mais elle ne remet jamais son travail à plus tard. Elle n'a cependant pas le temps de se plonger dans sa tâche, son deuxième frère entre en trombe dans l'appartement, le teint rouge, essoufflé, ses cheveux blonds et courts dressés sur le sommet de la tête. Les yeux gris pleins d'orage, il brandit rageusement son téléphone portable :

« Trois fois que je t'appelle putain !

Elle le toise avec lassitude.

-Oui ?

-Qu'est-ce que tu foutais ? J'ai le Conseil au cul depuis le saut du lit ce matin !

Doc pose sa tasse sur le comptoir de la cuisine et lève les yeux vers le nouveau venu.

-Bonjour à toi aussi, Cam, lance-t-il d'un ton qui contient mal son irritation.

-Tu as manqué la visio du soir hier ! Encore ! Poursuit Camille, ignorant son jeune frère. C'est pourtant pas bien compliqué !

Izly se lève brutalement de sa chaise.

-Qu'est-ce que tu voulais que je leur dise aux vioques ? Je sais bien qu'on a des procédures mais c'est une perte de temps ! Deux fois par jour il faut les appeler ces vieillards séniles et belliqueux ! Et pour quoi ? Rien. Je n'ai pas de solution, pas de nouveauté. Que dalle. Et j'avancerais sûrement bien plus rapidement si je ne perdais pas des heures à leur expliquer pourquoi !

GardiensWhere stories live. Discover now