Monsieur le président, mesdames et messieurs membres du jury, mesdames et messieurs, maître. En ce ... Décembre 2019, est accusé le marché de la misère humaine. Depuis notre arrivée, plus de 60 transplantations d'organes, ont eu lieu dans le monde, soit 90 000 par an. Mais face à ces prouesses médicales, demeurent encore 15 000 personnes en attente rien qu'au Japon, 24 000 en France, et 124 000 aux Etats-Unis. Un pays ... 124 000 demandes ... Le Monde entier ... 90 000 greffes. La nécessité de ces milliers de personnes, condamnées pour la plupart d'entre elles à mourir dans l'attente et dans l'incertitude, est donc évidente. Je vous entend déjà tous penser, vous assis ici en pleine santé : "Certes... un quotidien qui n'est pas le mien". Soit ... mais voici un simple exemple : l'insuffisance rénale est une maladie grave qui entraîne une détérioration du fonctionnement des reins. Cette pathologie touche plus de 600 millions de personnes et en tue 1,5 million dans tous les pays du monde chaque année. A présent, imaginez: vous souffrez de ce trouble irréversible dont le seul soin définitif est une greffe. Vous êtes alors ajouté à cette liste d'attente... comme 12 000 autres. Accepteriez-vous de vous résigner derrière ce classement, ignorant même si un jour viendra votre tour ? Ne seriez-vous pas prêt à tout pour que n'importe qui, un proche... le plus parfait inconnu..., vous fasse don de cet organe ? Ainsi, je refuse d'admettre que les personnes dans l'attente d'une greffe soient responsables de l'existence de ce trafic. C'est pourquoi je prendrai leur défense lors ce procès.
Objection votre honneur, vous incriminez donc ceux qui, poussés à bout par la pauvreté, n'ont d'autres choix que de vendre une partie d'eux mêmes ? Mais enfin, il s'agit seulement de faire preuve d'un peu de conscience. Aujourd'hui près de 3 milliards d'être humains vivent sous le seuil de pauvreté. Plus d'un milliard n'ont pas accès à l'eau salubre. 876 millions sont analphabètes, dont 584 sont des femmes. Nous... Vous... moi, vivons actuellement dans un monde où 20% de la population mondiale détient 90% des richesses. Pensez-vous sincèrement, mesdames et messieurs, que ces personnes seraient prêtes à s'estropier par pure désir d'opulence ? Je dirais plutôt qu'ils font face à une pure nécessité, un réel besoin, voir même une urgence ! Le trafic d'organes, aussi déshumanisant soit-il, reste une ultime solution. Juger ceux qui, malgré leur décision d'en faire partie n'en demeurent pas moins des victimes, c'est se tromper de cible ! Non, cette démarche ne les a plus enrichis, mais n'a fait que limiter leur défense face à la pauvreté de par leur état de santé altéré. C'est donc en faveur de ces derniers que je plaide aujourd'hui, car ils méritent tout autant d'être défendus.
L'Offre n'est pas coupable...la Demande non plus mais le marché n'en demeure-t-il pas moins condamnable ? Monsieur le président, mesdames et messieurs membres du jury, mesdames et messieurs, maître. Je vous pose alors la question : qui accusons nous à présent ? qui profite réellement de ces échanges ? qui marchandise les corps ? qui vend la misère ? Des receveurs désespérés ? Des vendeurs innocents ?
Ces propos d'avocats prennent place afin de défendre ceux qui sont impliqués dans ce marché noir malgré eux. Mais nous sommes loin d'excuser l'existence d'un commerce aussi désastreux... Au contraire, l'intérêt de cette confrontation est de souligner le rôle d'un intermédiaire : le trafiquant, faisant de cet échange un trafic.
A présent nous sommes en 2018 au Pakistan. Aujourd'hui comme chaque jour, dans la banlieue d'Afizabad, sous la chaleur étouffante et le bruit incessant de la ville grouille, Kinza, 16 ans, travaille. L'école, comme beaucoup d'autres, elle ne la connaîtra jamais. Comme beaucoup d'autres, travailler est impératif. Comme beaucoup d'autres, son revenu ne lui permet pas de vivre. Avec 3$ par jour pour sa famille, elle survie. Forcée au mariage bien avant la majorité, elle vivra dans la soumission, cachée derrière une autorité masculine dans une société où elle n'a pas sa place, dans une société où les FEMMES n'ont pas leur place. Et croyez le ou non, cette situation passe strictement inaperçue dans de tels pays. Elles sont tellement nombreuses à vivre sous la supériorité des hommes, tellement nombreuses à ne pas même espérer le moindre signe d'égalité, tellement nombreuses à ne jouer que le rôle de machine. Souffrir à la tâche sans voir, imaginer, ni même aspirer à la fin de cette corvée, qui en vain, n'améliorera pas leur quotidien. Un quotidien ordinaire dans une société où les femmes n'ont pas leur place, où les plus DÉMUNIS n'ont pas leur place.
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Un affaire en chair
Non-FictionArmât, Consul Bibi, Mounir... ce sont ici seulement 3 femmes parmi 7000 chaque année dans le monde à avoir recours à ce cruel et ultime choix : vendre l'un de leurs organes. Chaque jour, elles sont 19 de plus à s'estropier pour faire face à la pauvr...