Le monde des humains n'est plus. Fini la civilisation moderne, où la nature n'était que convoitise dans un but lucratif. Depuis que l'Homme n'occupait plus toute la place, la vie avait repris son jeu habituel. Fini pour les animaux de vivre soit exploités, soit reclus dans les quelques espaces libre de tout humain. Désormais, ceux ci vagabondaient où bon leur semblaient, et s'installaient là où jadis ils auraient été chassés. Fini également le bruit de l'industrie. À la place chantaient les oiseaux en un concerto. Fini la déforestation, l'exploitation, la pollution. La vie renaissait, et semblait vouloir rattraper le temps perdu.
Un homme, assis sur un rocher au bord de la falaise, vit cette nature reprendre vie, et sourit. Ce fut, pour lui, un second souffle. Il restait des heures, attentif, a guetter le moindre mouvement, le moindre animal vaguant à ses occupations. Derrière lui, la forêt, rempli d'une diversité grandissant de jours en jours, et devant lui, des ruines.
Max, c'était son nom, observait d'un regard attentif les vestiges du monde passé s'étalant sous ses yeux. Max connaissait bien ce lieu, bien avant que l'apocalypse ne le détruise ; Il avait été employé dans cette usine fabriquant de l'électroménager. Usine désormais fermée par manque de main d'œuvre, et d'une économie nécessaire à son bon fonctionnement. Il n'y avait donc plus toute cette effervescence, tout ce bruit et tous ces travailleurs, qui, main dans la main, fournissaient le plus gros du boulot, pour en retirer le minimum de bénéfices. Le bon vieux temps était révolu. À la place, désormais, on pouvais y voir des murs détruits par les ravages de la guerre, et du temps qui passe. Le lieu avait perdu tout son charme d'antan, pour laisser place à un charme plus discret, celui pourquoi Max passait des heures à le regarder. En effet, le calme était devenu la pièce maîtresse du lieu et jamais, au grand jamais, Max n'aurait pu croire que cet endroit lui apporterait de la sérénité.
Ni une ni deux, il se leva, dévala le petit chemin de terre menant à l'usine, traversa l'immense portail d'entrée, et s'introduit à l'intérieur du lieu déserté par toute présence humaine.
Comme si il s'apprêtait a aller travailler, il prit le chemin du vestiaire, en passant devant l'accueil. Derrière le bureau, trônait fièrement le cadavre de Sandrine, à moitié décomposée, restée fidèle à son poste jusqu'à la fin. Le dos bien encré sur son siège et les mains sur son clavier, elle était restée dans la dernière position qu'elle eut de son vivant. Morte à la tâche. Revoir son ancienne collègue fit un pincement au coeur de Max ; Sandrine était quelqu'un de très appréciable, malgré son caractère froid causé par une vie difficile. Il la salua tout de même, et la regarda fixement, attendant une réponse. Bien évidemment, même vivante, elle n'aurait pas répondu, trop occupée à planifier les arrivées des fournisseurs. Il haussa des épaules, et repris son chemin jusqu'au vestiaire. Il passa donc devant moult couloirs fantômes, dont les fenêtres étaient soit brisées, soit jaunies par le manque d'entretiens. La lumière s'en dégageant donnait au lieu une ambiance bien plus sordide qu'elle ne l'était déjà. Bien plus sordide qu'elle ne l'était à l'époque où les locaux étaient habités. Max se souvenait de cette bonne vieille époque. Celle où il marchait dans ces couloirs, d'un pas pressé, parce que chaque minutes étaient précieuses. « Le temps, c'est de l'argent », comme le disait le dicton. Et dans cet ancien monde, cette phrase dictait chacun des faits et gestes de la population, obnubilée par le saint salaire. Population désormais soit morte, pour la plupart, soit reclus dans des bidonvilles, tentant de faire survivre la civilisation telle qu'elle fut. Certains des anciens collègues de Max devaient en faire partie. Du moins, il l'espérait. Ça l'embêterait que tous ses amis aient finis tués lors de l'apocalypse. Ça l'embêterait encore plus d'être le seul survivant de cette ruche ouvrière.
Au bout d'une petite dizaine de minutes à flâner dans les couloirs et à se remémorer le bon vieux temps, Max arriva devant les vestiaires. Bien plus délabré qu'ils ne l'étaient à l'époque. Deçà delà étaient éparpillés des godasses abîmées, et des tenues de travail rapiécés. Il en ramassa une, et vit le nom de son collègue, Raphaël, brodé dessus. C'était un chouette type. Il avait une femme, et une fille autiste. Les trois avaient péris en tentant de fuir la ville. Malheureusement pour eux, ils s'y prirent trop tard, et la sentence fut irrévocable ; une inconnue les avaient butés afin de récupérer leur véhicule. Sale histoire. Max déposa la combinaison bleue dans le casier de son propriétaire, et partit en direction du siens. Par chance, il y resterait peut être encore la bouteille de cognac qu'il y avait laissé durant sa fuite. Mais ce ne fut pas le cas. Quelqu'un l'avait dérobée, et les soupçons de Max se portèrent directement vers Sandrine. En effet, la dame de l'accueil était ivrogne, et ne le cachait pas. Il y retrouva cependant sa montre, s'étant arrêtée aux quatre heures vingt d'un obscur jour. Il l'a remis à son poignet, et se promit de ne jamais la réparer. Peu importe l'heure de la journée désormais ; le temps n'a plus aucune valeur aujourd'hui. Du moins, plus celle qu'on lui accordait quelques années auparavant.
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Un cadavre et une histoire post-apocalyptique
Science FictionPerdu au beau milieu d'un champ de ruine apocalyptique, Max rencontre un soldat, nommé Sacha. Mais celui ci décède sous ses yeux, et Max décide de ramener le cadavre auprès de sa jeune épouse, enceinte. S'en suit alors un voyage au travers d'un mond...