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Elle marche dans la rue en pleine nuit, ses quatre pattes effleurant à peine le sol. Pourtant, Yuki n'a pas peur. Elle a l'habitude de traîner dans ces rues un peu trop sombres et un peu trop mal fréquentées. D'ailleurs, jamais elle n'aurait eu l'idée de reprendre forme humaine ici. Trop dangereux.
Ses yeux couleur rubis repèrent un mouvement sur la gauche. Une souris. C'est le moment ou jamais, elle doit tenter sa chance. Elle fixe intensément le buisson, bande ses muscles, recroquevillée sur elle puis... puis bondit de toutes ses forces !
La souris a esquivé.
Elle part se réfugier dans son trou.
Yuki soupire. Ce n'est pas encore ce soir qu'elle trouvera de quoi manger. Elle se demande comment elle en est arrivée là, maigre comme un clou, sale à faire peur. La chatte blanche tente de se remémorer son passé. Sa famille. Ou plutôt celle qu'elle n'avait pas eu. Une enfant de la DAS, placée en famille d'accueil.
Elle l'a très mal vécu, sa "famille" ne faisait que l'utiliser et les services sociaux n'y voyaient que du feu lorsque ses parents adoptifs leur sortaient le grand jeu. Elle s'était donc enfuie du haut de ses 10 ans, se disant qu'une vie de chat serait bien mieux.
Au début elle n'avait pas eu tort, quelques personne âgées s'étaient occupées d'elle et elle se portait très bien. Mais avec les années, ces personnes sont décédées. La laissant sans gardien. Seule. Maintenant elle devait glaner ses repas autrement, les poubelles des magasins ne lui faisaient même plus peur en période critique.
Yuki soupire, si seulement elle pouvait tomber sur une famille ou n'importe qui pour lui manifester un peu de charité. Personne ne voulait d'un chat de gouttière, ça porte des maladies n'est-ce pas ? Elle continue sa route dans la ville obscure, un nuage vient voiler la lune.
Puis elle décide de s'arrêter sur un muret de pierre. La jeune fille se rend compte qu'elle est presque sortie de la ville et son brouhaha de moteurs nocturnes. Elle s'allonge, elle ne veut pas aller plus loin, trop mal aux pattes, ses coussinets sont en feu. Avec un peu de chance, le manoir à qui appartient le muret abrite un couple de personnes âgées, qui la trouveront le matin, et qui auront pitié d'elle.
