Late thoughts

F

Le mouvement de mon ami à mes côtés me tire de mon sommeil agité. Je jette un œil à mon téléphone, toujours posé près de moi. Il est seulement 7h, je ne devrais pas réveiller Félix maintenant. Je quitte donc discrètement la pièce pour aller préparer de quoi déjeuner pour nous deux.
Sans surprise je trouve un mot sur la table « Papa et moi partons pour la journée, tu as tout ce qu'il te faut dans le frigo, à ce soir mon ange. »
Soupir. Je déteste ce surnom qui me ramène toujours à la même personne. Après quelques temps à contempler la vue depuis la fenêtre que je venais d'ouvrir, je me décide enfin à préparer de quoi manger pour nous deux, il est presque 8h30, connaissant Félix, j'ai encore du temps avant de le voir se pointer pour manger. Pourquoi pas faire des pancakes? On aime tout les deux ça.
Je me lance donc dans la confection de notre petit déjeuner, en prenant soin d'ajouter quelques gouttes de colorant pour rendre celui-ci plus attrayant. C'est seulement quand je fini de poser le dernier pancake dans l'assiette que j'aperçois la silhouette fine de mon ami.

« Hey Matt, merci de m'avoir laissé dormir plus longtemps. »

Il se frotte faiblement les yeux avec le bord de la manche du sweat que je lui ai prêté pour la nuit, bien que Félix soit plus grand que moi, il lui paraît porter un vêtement d'au moins deux fois sa taille. Je me demande à quoi maman pensait quand elle me l'a acheté. Soudain, alors que je suis encore perdu dans mes pensées, son regard s'illumine et son éblouissant sourire habituel vient prendre place sur son visage.

« Tu as pris le temps de nous faire des pancakes?! T'es le meilleur, je t'adore! »

Je lui répond d'un sourire satisfait, et pose l'assiette pleine sur la table. C'est à ce moment qu'il choisi de passer ses bras autour de ma taille et de poser sa tête sur mon épaule pour me souffler un « merci » avant d'aller s'asseoir à sa place. Bien qu'il ai toujours été assez tactile avec moi, je n'y avait jamais vraiment prêté attention. Mais ce matin, son parfum agréable me mit de bonne humeur.

« Dis Félix, ça te dirait d'aller à la patinoire cet après-midi? Il reste deux places qui vont bientôt se perdre. »

Me parvient immédiatement une réponse positive toujours agrémentée de ce sourire radieux.
La matinée passe vite et après avoir pris de quoi manger, nous voilà déjà à enfiler nos patins. L'air glacé du lieu me fais frissonner, ce qui n'échappe pas au regard prévenant de mon ami.

« Je t'avais dit de prendre plus d'épaisseurs! Quelle idée de venir seulement en t-shirt dans un endroit si froid! Tu veux mon écharpe? Mon col remonte assez haut pour te la prêter.

-Je viens toujours en t-shirt je n'ai jamais eu de soucis! »

Je lui répondit en lui tirant la langue, cependant j'accepte volontiers son écharpe. Je n'avais jamais fais attention avant, mais l'odeur de Félix a quelque chose de réconfortant. Le temps de relever les yeux de mes lacets tout juste faits, je le vois déjà à me faire des signes à côté de l'entrée de la piste. Une fois sur la glace, je me sens beaucoup moins confiant, il n'y a pas grand monde, heureusement, ça nous éviteras de se rentrer dedans. Me voyant peu à l'aise et ayant déjà retrouvé toutes ses marques sur la glace, Félix me tend la main.

« Tu va rester accroché à ta barre longtemps? Viens je vais t'aider à te remettre dans le bain, tu va vite reprendre comme il se doit. »

J'accepte sa main, on porte tout les deux des gants mais je peux quand même sentir sa chaleur. Après quelques tours et beaucoup d'encouragements, je parvint enfin à avancer sans trop risquer de tomber, mon ami vêtit un sourire satisfait tandis que je tentais de le dépasser à la course.
Après quelques tours et une pause goûté bien méritée, je m'élance de nouveau sur la piste empli de confiance.

« Maintenant que tu m'as bien expliqué, je suis sûr que tu ne peux plus me rattraper! »

Lançais-je à Félix tout en repartant de plus belle. Je l'entend cependant vite derrière moi, il est doué. Je tourne ma tête afin de voir à quelle distance il se trouve de moi pour le distancer, mais un choc sourd suivi d'un grand fracas me coupe dans mon élan.

Le son de la voix de mon ami me viens de loin, et je reprend bien vite mes esprits quand les événements me reviennent. Je suis assis sur la glace, une vive douleur parcours mon corps et je vois un homme avec un air très inquiet à côté de Félix.

« Je suis désolé! Je ne l'avais pas vu et il m'est tombé dessus, tout va bien?

-Ne vous en faites pas monsieur, votre patin a seulement touché son bras, ce n'est que superficiel. Regardez, il rouvre déjà les yeux. »

Je vois la grande main de mon ami s'agiter devant mes yeux et croise son regard qui se veux réconfortant, bien que rongé par l'inquiétude. Après quelques secondes je parviens à me décrocher de ses yeux pour identifier la source de ma douleur. Mon bras. Une coupure nette causée par le fer des patins, la blessure est assez peu profonde mais saigne abondamment, je vois déjà les mains de mon ami s'affairer à stopper le sang.
Cependant la vision de cette coupure nette et saignante résonne comme une vision d'horreur à mes yeux. La douleur jusque là physique devient un torrent de souvenirs enfouis depuis deux ans. D'horribles images me reviennent et avant de perdre connaissance, je sens ma tête heurter le torse de Félix qui me serre contre lui pour me rassurer, et se rassurer aussi. Sa main dans mes cheveux sonne comme une éclaircie parmi tout mes tourments et me parait excessivement chaleureuse et douce.