Partie 3 - Traumatisme

4 0 0
                                    

Le lendemain, Anith-Ka s'éveilla avant ses amis. Tout était calme dans la chambre. Le jaguarian se leva sur la pointe des griffes et sortit de la chambre. Il se faufila jusqu'au bureau du capitaine et se glissa dans l'ombre. De là où il était, il entendait des voix.

- Tout sera prêt à tant, capitaine Galtor-Se, ne vous en faites pas !

- J'espère bien ! Comme ça je pourrais enfin accéder au grade de colonel que le général refuse de me donner depuis si longtemps !

- Bien sûr capitaine, bien sûr.

Un temps de silence.

- Capitaine, pourquoi les soldats de la division 7 ? Pourquoi pas une autre division ?

Mais, la division 7, c'est ma division !  songea Anith-Ka.

- Ils sont inutiles ! Nous trouverons d'autres jeunes à former. Et puis, des soldats, cela se remplace aisément !

- Vous avez raison...

- Que tout soit prêt pour cet après-midi, je les y enverrai personnellement... Ils ne s'y attendront pas et tomberont dans une embuscade. Un ricanement. Une embuscade qui leur sera fatale !

Des rires s'élevèrent du bureau du capitaine et Anith-Ka frissonna. Le membre du gang avait raison. Le capitaine prévoyait bien de les envoyer à la mort !

Je dois prévenir les autres, songea le jaguarian.

Il s'élança rapidement hors de sa cachette et se dirigea vers sa chambre.

Quand Anith-Ka pénétra dans la cantine des soldats, il avait un air froid plaqué sur le visage. Disparu son air rieur et joyeux. Ses amis refusaient de le croire et ils couraient droit à la mort. Il mangea peu et sortit rapidement. Il réfléchissait à un moyen d'aider ses amis.

Il eut alors une idée.

Il prit la direction de sa chambre et fouilla sous son lit. Il en sortit deux dagues qu'il avait gardé caché depuis quatre ans et qu'il glissa sous son uniforme.

Puis il sortit.

- Division 7 ! Vous êtes chargés de patrouiller autour de la cité, dans les montagnes de Lovinah. Vous devez vous assurez qu'aucun intru n'est dans les parages ! Nous comptons sur vous !

Le capitaine Galtor-Se se tenait devant la division 7, qui était prête à partir.

- Que le dieu Misery vous soient favorables, nobles soldats de Jaguarys !

Sur ses paroles encourageantes, la division quitta la grande cours. Mais il manquait quelqu'un à l'appel. Anith-Ka n'avait pas été vu depuis le déjeuner.

Le capitaine Galtor-Se se frotta les mains en souriant d'un air sinistre avant de regagner son bureau.


La division était partie depuis un quart d'heure quand une ombre enveloppée dans une cape de voyage se faufila hors de la cour, puis hors de la cité de Jaguarys.

- Il avait l'air bizarre Anith-Ka depuis hier soir, remarqua Edan-San.

- C'est normal, il a cru ce que lui avait dit le jaguarian du gang, remarqua Kalesh.

Les soldats avançaient dans les montagnes, au milieu de la neige. Sans le savoir, ils suivaient l'itinéraire qui était indiqué sur les parchemins qu'avait Anith-Ka.

- Les gars, taisez vous, j'entend du bruit, lança Saden-Leth.

Une voix retentit alors au cours des montagnes de Lovinah.

- Ils sont là, allez-y ! A l'attaque !


Lorsqu'Anith-Ka arriva sur les lieux, enveloppé dans sa cape, il n'en croyait pas ses yeux. Partout des corps jonchaient le sol, du sang colorait la neige de rouge. Aucun des soldats de la division 7 n'avait été épargné. Les humains étaient partis en arrachant les katseys des front des jaguarians décédés. C'était un véritable carnage.

Le jaguarian slaloma entre les corps, espérant découvrir un survivant. Sans succès. Tous étaient morts. En tournant derrière une corniche, il se stoppa net. Les corps de Saden-Leth, Kanesh et Edan-San étaient étendus dans la neige. Autour d'eux, la poudreuse était devenue rouge sang. Anith-Ka s'effondra au sol en hurlant son désespoir. Il frappa violemment le sol de ses poings, faisant voler des flocons.

C'est alors qu'un faible gémissement le fit s'arrêter.

- A... Anith.. Ka...

Edan-San était encore en vie !

Le jaguarian se précipita vers lui et s'agenouilla. Une large plaie entaillait son ventre et son uniforme était tâché de sang.

- Edan-San, Misery soit loué, tu es encore en vie ! Que s'est-il passé ?

- Les.... Humains... il.... Il.... Nous ont... attaqués, haleta le jaguarian. Une... une... embuscade... on... on... a rien.... pu... faire.

- C'est... c'est pas grave Edan-San, je vais te ramener à Jaguarys, les médecins vont te soigner, tu va guérir !

Edan-San leva lentement et difficilement une main vers son ami.

- N... non... désolé... Anith... tu... tu devras. Il prit une inspiration laborieuse. Con... continuer... sans... nous...

- Ne dis pas ça Edan-San, je t'en prie, tout va s'arranger !

Il serra son ami contre lui, soutenant sa tête de sa main.

- Pour... Pourquoi.... Ils.... Ont fait.... Ça ? Pour.... Quoi ? Se.... Se... sont des... monstres..., murmura le mourant. Je... suis fier... d'avoir été... ton... ami...

- Moi aussi Edan-San, je t'en prie, ne meurs pas, je vais te ramener, tiens le coup !

Edan-San se tendit soudainement et chercha sa respiration, haletant.

- A... adieu... A... Anith... Ka...

Sa respiration se fit plus sifflante et il retomba dans la neige, prit de convulsions. Quand elles s'arrêtèrent, Edan-San avait rendu son dernier souffle.

Un hurlement étranglé jaillit alors de la bouche d'Anith-Ka. Un hurlement de douleur. De colère. De rage. De fureur. Digne d'une crise de chakounia.

Le jaguarian se releva et enterra ses amis. Il se recueillit quelques instants sur leurs tombes et s'élança ensuite vers Jaguarys, rempli d'une rage sourde.

C'est dans un grand fracas qu'il arriva à la caserne des soldats

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

C'est dans un grand fracas qu'il arriva à la caserne des soldats. Indifférents aux autres soldats, il fila droit au bureau du capitaine Galtor-Se. Il défonça la porte avec violence et se retrouva nez à nez avec le capitaine.

- Vous les avez envoyer à la mort uniquement pour une vulgaire promotion ! POUR UNE PROMOTION !

Il était hors de lui.

- Allons, calmons-nous, mon jeune ami, temporisa le capitaine en souriant d'un air qui se voulait apaisant.

- NON ! Vous leur avez tendu un piège ! Des humains ! Vous avez risquez de dévoiler notre secret ! Vous les avez envoyez au suicide ! Vous êtes un monstre !

- Allons, allons, je ne suis pas un monstre.

- Je sais tout, j'ai vu vos plans, et je vous est entendu ce matin ! ASSASSIN !

Il se jeta alors sur le capitaine. Il semblait être dans un état proche du chakounia malgré son katsey. Quand il se releva, le capitaine Galtor-Se était mort. Anith-Ka sortit ensuite du bureau et se rendit dans la cour.

- Ecoutez moi tous, le capitaine Galtor-Se vous a menti ! Il a envoyé la division 7 à la mort !


Le lendemain

Anith-Ka sortit de sa chambre, en emportant les derniers souvenirs qu'il avait de ces amis. Il enfila aux poignets les bracelets de Saden-Leth, le bandeau de Kalesh et la ceinture d'Edan-San. Il sortit ensuite de la chambre en soupirant. 

Il passa par la grande cours et arriva dans la ville. Il avait été viré de l'armée pour la mort du capitaine. S'il restait dans la cité, il serait capturé et mis en prison. Il ne pourrait plus y retourner. 

Mais il s'en fichait complètement. Il avait d'autres projets. 

Il prit la direction de la maison de son père et grimpa sur le toit grâce à un passage par l'arrière qu'il avait fait quand il était enfant. Il passa par la fenêtre heureusement ouverte de son ancienne chambre et sortit dans le couloir. Il passa ensuite dans la chambre de sa mère. 

Des bouteilles d'alcools trainaient au sol. Le jaguarian s'était souvenu qu'avant sa mort, sa mère lui avait dit d'ouvrir une cachette dans sa chambre, qu'elle lui avait caché quelque chose pour lui. Il longea un des murs et s'agenouilla. 

En passant ses griffes contre la paroie, il vit qu'il y avait une ouverture dans le mur. Il la souleva et découvrit une petite boîte. Il la sortit délicatement de sa cachette et l'ouvrit. A l'intérieur se trouvait un katsey d'enfant jaguarian. Avec un mot.

- Mon chéri, si je t'ai laissé ce deuxième katsey, c'est pour te protéger. Porte-le autour de ton cou. Depuis ta naissance, tu souffre d'une forme différente de chakounia. Un seul katsey ne suffira pas à contenir ton goût pour le combat. Voilà pourquoi je te laisse ce katsey. Prend soin de toi, tu est à jamais dans mon cœur. Je t'aime. Maman, lut Anith-Ka d'une voix émue. 

Il sortit délicatement le katsey de la boite et le passa autour du cou. Il ressortit ensuite de la chambre et regagna la rue. Il n'avait plus rien à faire à Jaguarys. Il jeta un dernier regard à sa ville natale et prit la direction des montagnes de Lovinah. 

A partir de maintenant, il garderait son côté fêtard pour ses amis. Mais il comptait bien mettre à profit sa forme différente de chakounia. Il avait entendu parler de quelque chose qui pourrait lui être utile. D'une ville, avec des combats. Des combats à mort. Dans le monde des hommes. Sur Alysia. 

Il serait Monslave !

Les Origines Anith-Ka : Tome 1 -JaguarysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant