Chapitre 1 - Respire

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         Enfermé dans sa chambre, Charlie regarda par sa fenêtre, il prit une grande inspiration. Au fond de son jardin, une forêt.                                                                  
   …- Aller Charlie ! Saute ! Si tu survis c’est que Dieu le veux.                                                                   
Il expira.                                                          
   …- Tu cours et t’enfonces dans la forêt de milliers d’arbres éclairés et escalades les rocher luisants par l’humidité.                                                      
  Toujours cette voie dans la tête, si douce et pourtant si dangereuse. Il ferma ses petits yeux gris et mouillés et s’imagina le vent dans ses bouclettes brunes informes. Charlie voulais la vivre son histoire à couper le souffle, comme dans tous ces films mêlés d’intrigues et d’aventures. Ceux qui te font pleurer et te redonnent espoir.                                                             
Il prit une grande bouffé d’air et se laissa porter par une dose de bonheur. Il rêva, tel un petit enfant. Une belle pensée suffisait à lui faire ressentir cette sensation de bien-être.                                                           

  Charlie ne cherchait plus son but, il a enfin arrêté après quinze bonnes années à se demander ce qui pourrait l’envouter de joie. Il se demandait à présent quelles seront les sensations qu’il éprouvera quand il aura enfin réalisé tous ses fantasmes,  quand il aura atteint son summum de l’extase et de l’épanouissement. Notre esprit aura-t-il une raison de continuer de vivre suite à toute cette adrénaline d’émotion plus que positive ? Charlie avait sa réponse, non.  A partir du moment où il atteindra cette phase, il en profitera au maximum et mettra fin à son existence quand surgira la prochaine émotion négative, peu importe son intensité. En ce jour d’automne, Charlie s’est promis d’être l’homme le plus heureux au monde les derniers instants de sa vie. Quel sera le pauvre bruit qu’il entendra pour la dernière fois ? Le piaillement d’une Sittelle torchepot ou le croassement d’un corbeau ? Il rouvrit ses yeux.                                                           
    - Je n’ai pas peur de la mort, lança t-il.                                                                   

Il sortit son carnet et commença à noter.                                                         

   – Premièrement, m’excuser. Deuxièmement…hum, il hésita, à remplir plus tard !                                                            

   Il le posa sur le bord de la vitre et commença à penser à Antoine. Lui aussi lui procurait du plaisir. Il se vit dans ses bras, sous les étoiles, sous Sirius, sa préférée. Il rêva d’un petit orchestre qui jouerait la dernière chanson qu’il veut écouter avant sa mort. Embaumés d’une chaude atmosphère typique des soirées d’été. Il releva sa nuque et profita de la petite lumière de Sirius avant que l’Ouest ne l’emporte pour de bon. Son cœur s’emballa, il se sentit bien et respira profondément. Il se sentit parcourir d’un frisson de la tête au pied, il retint son excitation. Il voulut commencer son aventure, sa légende. Il se senti plus près qu’il ne l’a jamais été.                                                             

    – Oui ! Je comprends ! Aaaaaah !                                                       
  - Qu’est-ce qu’il se passe ?? S’affola sa mère en enjambant les marches de l’escalier tellement vite qu’elle était à deux doigts dans manquer une.                                                              

   – Rien M’man ne t’inquiète pas ! Lui cria Charlie.                                                           
– Tu te moques de moi ?! Dit-elle en redescendant de l’étage et en marmonnant des insultes inaudibles à l’oreille de son fils.                                                                

   Charlie avait reçu un message d’Antoine, il l’ouvrit et son sourire si radieux s’effaça pour laisser place à une expression de colère. Avec ses dents serrées mettant en avant ses petites canines et les yeux noirs, il lut en s’appropriant une voie insupportable de petit garçon de six ans : Tu as mangé un peu ?                                                             

   Charlie était diagnostiqué anorexique-mental depuis une bonne année et ne supportait pas que Antoine, le garçon qu’il aimait le plus au monde le lui rappel. Les larmes lui montèrent aux yeux, son ventre se crispa et il n’arriva plus à ravaler sa salive. Un vide vaste se forma autour de lui. Il lui répondit un bref « non » la boule au ventre, suivi d’un « Ok » de celui qu’il admirait en secret.                                                             
– Je l’aime…, balbutia t-il, raaaaaaah !                                                  

  - Quoi !? S’écria sa mère.                                                            

   – Rien ! Rien !                                                           

 Le silence se réinstalla dans la petite maison qui se situe au milieu du petit village de Shantos.                                                      

   Charlie brancha son casque sur son téléphone et écouta la musique qu’il veut entendre avant sa mort. La nuit, les rêves s’emballèrent dans son âme, dans sa petite tête, dans son corps sous-alimenté et fatigué.                                                             
– Je l’aime…souffla-t-il au moment de s’assoupir.          

Une odeur de Nostalgie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant