Une arrivée mouvementée ྅

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J'ouvris difficilement les yeux.
Une lumière aveuglante m'empêchait d'analyser correctement l'endroit où je me trouvais. Un mal de tête atroce me transperça les tempes et je dû m'y prendre à deux fois pour réussir à me relever et à tenir sur mes pieds. Que s'était-il passé ? Je me souvenais d'être sorti pour me changer les idées et par la même occasion faire un peu de balançoires. C'est ce que j'avais fait oui... puis, tout s'était mis à tournoyer... et à partir de là, c'était noir. Alors comment est-ce que j'avais pu atterrir au milieu de cette forêt ? Car oui j'étais dans une forêt. Mais elle ne ressemblait pas à toutes celles que je connaissais. Non, celle-ci était différente. Les arbres qui la constituaient portaient des feuilles que je n'avais jamais vu auparavant. Si veloutées, elles semblaient douces comme la peau d'une pêche. Et leur couleur ! Leur teinte était tellement intense que les admirer plus de dix secondes donner l'impression d'avoir croiser le regard du soleil. Quant aux troncs, aucun ne se ressemblaient, mais ils avaient tous un point commun. En effet chacun était recourbé et entortillé de façon unique sur lui-même comme si quelqu'un les avaient pris, puis tordus dans tous les sens pour les replanter ensuite. Mais il n'y avait pas que cela qui différenciait ce bois. En effet il paraissait vivant. Vous me direz, vivant ? Mais toutes les forêts sont vivantes. Certes. Mais on aurait dit que dans celle-là tout le monde communiquait. Le chuchotement des arbres résonnait dans sa profondeur, le murmure du vent caressait mes cheveux et je percevais aussi les petits bruits caractéristiques des animaux que je connaissais. Comme le chant des oiseaux, le ronflement du hérissons ou encore le glapissement du renard. Réunis ces choses formaient une splendide mélodie. Cette endroit dégageait un sentiment de fraîcheur mais aussi un sentiment de malaise. J'avais la sensation que tout cela était trop beau pour être vrai. Comme un appât, comme si la sylve voulait m'hypnotiser pour me dévorer une fois que j'aurais succombé à la tentation. Je décidai donc d'abord de me trouver une arme, qu'importe ce qu'elle serait, pour me défendre en cas de danger. Je tombai sur une branche cassée et me dis qu'elle ferait parfaitement l'affaire. Je commençai donc à m'aventurer plus loin pour essayer de repérer les lieux. Je marchais prudemment depuis quelques minutes déjà quand j'entendis un craquement non loin de moi. Je sursautai et me cachai le plus vite possible derrière un tronc bien épais. J'écoutai attentivement pour percevoir le moindre autre bruit suspect aux alentours. Mais seul le silence régnait. Alors, mon arme de fortune à la main, je sortis de ma cachette sans baisser totalement ma garde. Mais quand je fus à découvert, je tombai nez à nez avec un jeune garçon qui paraissait avoir un âge proche du mien. Je fus tellement surprise que j'en lâchai un cris perçant.

"Aaaaaaaaah !"
Je brandis ma branche en même temps pour me protéger et fermai les yeux sous le choc. Celui qui était en face de moi cria aussi et tomba à la renverse.
"Mais, mais qui es-tu ?!
_ Toi qui es-tu !?"
Nous nous regardîmes dans l'incompréhension la plus totale. Puis après quelques instants, je souris et il me rendit mon sourire. J'étais maintenant sûr que je ne craignais rien vu sa réaction tout aussi paniquée que la mienne. Alors je lui tendit ma main pour l'aider à ce relever. Il la prit délicatement après un petit moment d'hésitation.
"Je m'appelle Nils."
Dit-il gentillement.
"Je suis désolé de t'avoir fait peur ce n'était pas intentionnel."
Il semblait gêné ce que je comprenais car je l'étais aussi étant donné la situation.
"Ce n'est rien ne t'inquiète pas. C'est moi qui suis désolée de t'avoir effrayé avec mon cris."
Lui répondai-je embarrassée. Il rit légèrement et je fis de même. Je me rappelai soudain que je ne m'étais pas présentée.
"Oh, moi c'est Séraphine enchantée.
_ De même. Qu'est-ce que tu fais ici Séraphine ? Tu es perdue ?
_ Et bien... c'est compliqué. Et toi Nils que fais-tu ici ?
_ Je- c'est compliqué aussi. Disons que je suis dans une situation assez délicate. Je ne sais pas comment je me suis retrouvé là et ni comment rentrer chez moi.
_ Vraiment ?!
_ Oui je sais c'est dur à croire mais c'est la vérité. Après je comprendrai que tu me prennes pour un fou, moi-même je me demande-
_ Non pas du tout !
_ Quoi ? Sérieusement ?!
_ Oui ! Car il m'arrive la même chose ! Ouah c'est incroyable je pensais pas tomber sur une personne dans le même cas que moi !
_ Moi non plus ! Mais alors toi comment est-ce que tu es arrivée ?
_ Je faisais de la balançoire chez moi et d'un coup tout à disparu et je suis tombée. Puis je me suis réveillée ici. Et toi ?
_ J'étais en chemin pour l'épicerie car ma mère avait besoin de farine puis il s'est passé la même chose que toi. Tout est devenu noir et j'avais l'impression de chuter interminablement. C'était affreux.
_ On est d'accord. Mais alors qu'est-ce qu'on fait là maintenant et comment on peut rentrer chez nous ?
_ Je ne sais pas mais je pense qu'on devrait continuer la route ensemble peu importe où elle nous mène. Ce sera toujours un avantage d'être à deux, et puis si nous avons le même objectif.
_ Oui c'est une bonne idée.
Je préférai ne pas lui avouer que l'idée de rester seule dans un lieu pareil me fichait une peur bleue. Et puis c'était un soulagement d'avoir un coéquipier qui vivait la même chose que moi. J'étais sûr qu'il ressentait ça aussi. Nous continuâmes donc notre chemin ensemble.
"Alors d'où viens-tu ?"
Je me demandais si lui révéler des informations sur ma vie en dehors de cette étrange endroit était une bonne idée. Mais, bizarrement, ce garçon m'inspirait confiance. Je décidai donc de lui répondre honnêtement.
"Et bien ma famille et moi avons déménagé récemment pour une petite ville du sud de la France nommée Mèze. Mais avant nous habitions à Pornic, une ville sur les côtes atlantiques. Oui je sais le nom laisse à désirer mais j'aimais vraiment vivre là-bas..."
Une pointe de nostalgie voilait mon regard.
"Oh, ça à dû être dur de partir. Personnellement je n'ai jamais déménagé. Je vis seul avec ma sœur et ma mère, dans la même petite maison depuis que je suis né. Et disons que nous n'avons pas vraiment les moyen de changer de foyer.
_ Pardon je suis désolé, je devrait être contente d'avoir une nouvelle maison, c'est un peu comme un nouveau départ mais, comment dire, je ressens un vide au fond de moi, comme si il me manquait quelque chose.
_ Mais non ne t'excuse pas, c'est normal de ressentir ce genre de chose, après tout tu as dû quitter beaucoup de choses en partant. Et nous vivons bien tout les trois, même si nous ne croulons pas dans l'or, nous nous serrons les coudes et nous nous en sortons."
Il me fit encore une fois un jolie sourire. C'était impressionnant à quel point il arrivait à me rassurer.
"Sinon toi où habites-tu ? Tu ne me l'as toujours pas dit.
_ J'habite à Lao Cai une ville au nord du Vietnam."
C'est vrai que maintenant qu'il l'avait dit, il semblait un peu typé. Je me rendai compte que je ne l'avais pas énormément regardé depuis notre rencontre, mais il était plutôt bel homme. Avec ses cheveux clairs légèrement en bataille et ses profonds yeux noirs.
"Un problème ?"
Je repris vite mes esprits. Mais qu'est-ce qu'il m'avait pris ! J'étais restée bloquée sur lui, limite avec la bouche grande ouverte, pendant au moins trente secondes ! Je répondis un faible non et enchaînai vite sur une autre question.
"Mais alors, comment parles-tu français, tu as appris ?
_ Non, enfin ma mère est française donc je parle français depuis tout petit. Mais je sais aussi parler Vietnamien car j'y suis obligé, presque aucun habitant de Lao ne parle français.
_ Je vois."
Je n'osais pas lui demander où était son père de peur de faire une gourde. Donc je me contentai de me taire et de marcher en silence.
D'un coup il m'arrêta avec sa main.
"Qu'est-ce qu'il y a ?
_ Chut."
Je ne comprenais pas ce qu'il se passait et je détestais rester dans l'ignorance alors je lui redemandai dans un volume plus bas.
"Expliques-moi au moins."
Il me montra quelque chose et je suivis son doigt pour découvrir une personne allongée dans l'ombre d'un arbre, visiblement endormi.
"Et alors ? Il dort, si nous ne faisons pas de bruit, nous ne le réveillerons pas."
C'est alors que Nils prit mon menton et le tourna doucement vers la droite. Je découvris horrifiée un gigantesque ours qui se rapprochait dangereusement de l'homme aux yeux clos. Par réflexe je m'accrochai vivement au tee-shirt du mon compagnon de route. Celui-ci posa gentillement sa main sur la mienne pour me calmer et me chuchota que tout allait bien se passer.
"Il faut réfléchir à un plan et vite
_ Je- quoi ? Mais qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ?! Que veux-tu que deux ados désarmés fassent contre un ours aussi gros ?! Nous n'avons aucune chance !
_ Il faut utiliser la ruse.
_ La ruse ?
_ Oui. J'ai une idée, tu vas le divertir en l'attirant dans la direction opposée où il va, donc il faudra que tu passes derrière lui sans te faire repérer puis que tu fasses du bruit pour retenir son attention. Pendant ce temps je réveillerai l'homme qui est là-bas et une fois que cela sera fait, je nous cacherais et lancerai un objet pour attirer son attention de mon côté, ce qui te permettra de te cacher aussi. Une fois cette étape terminée nous nous retrouverons ici même derrière ce tas de buissons puis trouverons un moyen de s'enfuir.
_ Attends pourquoi c'est à moi de jouer les appâts ?
_ Tu ne joues pas les appâts tu le diverti, et imagines si le garçon en train de dormir n'est finalement pas endormi mais assommé ou souffrant. Je ne pense pas qu'avec ta carrure tu arriverai à le porter."
Ok sur ce point là il n'avait pas tort, mais bon l'idée de dire à un ours "Par ici, je suis tout à toi !" en l'attirant avec du bruit ne m'enchantait guère.
"Bon d'accord...
_ Bien, donc vas-y passes par derriere et essayes de ne pas te faire voir, les ours sont très attentifs restes sur tes gardes. Quand tu seras là-bas commence à faire du bruit en criant ou autre mais fait attention à bien garder une distance de sécurité pour éviter que l'animal ne t'atteigne.
_ Oui, j'y vais."
Je tremblais un peu. Mais nous n'allions pas laisser quelqu'un se faire dévorer juste par prétexte que nous ne voulions pas risquer nos vies ou même que nous avions peur. Je pris donc mon courage à deux mains et partis en toute discrétion me placer derrière la bête. Une fois arrivée je respirai un grand coup et sortis de ma cachette.
"Eh oh, M. L'ours viens par-là j'ai un cadeau pour toi !"
Il se retourna et poussa un petit grognement. J'en eu des frissons. Mais il ne semblait pas prêter énormément d'attention à mon intervention.
"Dis donc toi ! Je ne te permet pas de m'ignorer comme ça ! Aller approche !"
Cette fois-ci j'ajoutais mes bras pour me donner un air plus menaçant, même si je n'étais pas sûr du résultat.
L'ours se décida enfin à venir vers moi. J'aperçus alors Nils se déplacer discrètement en direction du jeune homme assoupi. Plus l'animal se rapprochait plus je reculais. En jetant un coup d'oeil derrière moi pour éviter de tomber je me rendis compte que j'arrivais à une rivière qui semblait bien profonde. Oh mon dieu non ! Je priai pour qu'il fasse vite car je ne savais pas si j'allais pouvoir tenir encore longtemps.

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⏰ Dernière mise à jour : May 24, 2020 ⏰

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𝐓𝐡𝐞 𝐏𝐥𝐚𝐲𝐠𝐫𝐨𝐮𝐧𝐝 ོOù les histoires vivent. Découvrez maintenant