Partie 3

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Ça fais une semaine que je suis revenue de l'hôpital. Quelle expérience . J'y pense toujours . Je ne suis pas allée voir Juju au cimetière m'excuser, j'étais trop lâche, j'avais peur . Comment je pourrais me confronter à ca.Je l'ai laissée tomber, son absence me ronge. J'ai cachée la chose a mes parents comment réagirait il. Ce n'est pas une habitude. Pas dans notre culture . Le suicide est tabou en Afrique et est perçu comme ‹‹ un truc de blancs et de riches ››.
J'essayais comme je pouvais de m'en sortir et de pas y penser. Je me demande toujours ce qu'a bien pu faire son beau père mais j'aurais sûrement pas de réponse .

Dans quelques jours c'était la rentrée. Ça me faisais peur aussi je ne savais pas comment m'y préparer, je n'étais pas prête a y aller. Ça sera le calvaire . Une nouvelle école signifie beaucoup de choses. Mais surtout de nouveaux bourreaux . Juju et Khady étaient mes seules amies. Les seules qui m'acceptait comme j'étais. Et qui me persécutaient pas a cause de ma couleur de peau....

Je suis albinos . Ce n'est pas facile d'être albinos en Afrique.
L’albinisme n’est évidemment pas le résultat d’une malédiction des dieux, mais une particularité génétique rare, non contagieuse. À cause d’un déficit de mélanine, un pigment biologique responsable de la coloration de la peau et des cheveux, les albinos sont tout blancs. Très sensibles à la lumière, leurs yeux et leur peau doivent être protégés des rayons du soleil, sous peine de développer un cancer de la peau.
Les albinos autrement dit les fantômes, auraient des pouvoirs magiques : des potions confectionnées grâce à des parties de leur corps apporteraient chance et richesse. De même, avoir un rapport sexuel avec une femme albinos guérirait du sida.

Mais je suis protégée de ca on va dire. Ces choses se passent bien plus a l'Est de l'Afrique. Le gros problème c'est surtout l'harcelement scolaire que je subis .
Le harcèlement scolaire est une violence insidieuse, souvent invisible, qui peut occasionner de réelles souffrances chez ceux et celles qui en sont victimes.
Il peut prendre plusieurs formes : verbal (insultes, moqueries), social (rumeurs répandues, tentative d’isoler la victime de ses pairs, humiliation), et physiques (là je pense que tout le monde voit ce que c’est). Le tout à répétition. En bref, c’est une volonté délibérée de la part de ou des agresseur(s) de nuire et de faire souffrir.
J'espère juste que vous en êtes pas des victimes .... Comme moi j'en suis une.

J’étais arrivée deux semaines après la rentrée dans un collège privé. Je rentrai alors en 4ème. J’ai très vite capté l’ambiance de ma nouvelle classe : une grande gueule On va l'appeller Astou qui n’avait plus l’âge d’être au collège depuis longtemps et qui dirigeait d’une main de maître les faits et gestes de ses bestaaahs, de quatre autres filles, et d’une quinzaine de garçons. J’ai toujours eu un tempérament d’insoumise (et encore plus à l’adolescence, période true-rebel oblige), et je voyais tout cela d’un mauvais œil.

Les choses éclatèrent vraiment deux semaines après ma venue : on était en cours de sport, et  Astou me cria d’une façon si détestable et autoritaire de ramasser son ballon situé à deux mètres de moi que je lui répondis sur le même ton, alors elle me gifla et je ripostai de plus belle avant d’atterrir dans le bureau de la de notre surveillante  Jusque là, rien de grave. Certain-e-s diront que, me défendre contre une fille prétentieuse, méchante et hargneuse qui ose donner des ordres à n’importe qui alors qu’elle n’a pas à le faire me rend coupable et responsable de ce qui m’est arrivé par la suite. Mais même si j’avais mal agi, c’est n’est pas normal que les choses aient pris une telle ampleur.

il y avait mes professeurs aussi, qui m’ont saquée. Mon prof de sport, par exemple me donnait fréquemment des punitions à faire, alors que je n’avais rien fait, parce qu’il ne se faisait pas respecter alors bien sûr, j’étais la seule qu’il pouvait torturer sans avoir trop d’histoires. En deuxième position, ma prof de francais m’humiliait fréquemment, elle aussi, parce qu’elle avait beaucoup de mal à tenir la classe. S’allier contre quelqu’un, ça resserre les liens, c’est bien connu. Tous mes profs, absolument tous mes profs, ont fermé les yeux. Les élèves ont fermé les yeux, sauf deux qui rapportaient ce que je subissais à la surveillante, mais comme vous l’avez compris, ces plaintes restaient vaines. Afin ce n'était que moi le fantôme, la feuille de A4, j'en ai entendu des noms comme tels.
À force d’entendre que j’étais une connasse, et j’en passe, que je ne valais rien et que j’étais inutile, j’ai fini par y croire vraiment. Ça s’est imprimé dans mon esprit comme une évidence : « Mais oui, puisqu'elles le disent et sur personne ne proteste, alors c'est vrai, elles ont raison  ».

Le Jour Et La Nuit Où les histoires vivent. Découvrez maintenant