All I want for Christmas

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Le thème était : vous trouvez un cadeau dont vous ignorez la provenance


Noël est déjà passé. Comme d'habitude j'étais seule. A 23 ans, je suis seule. Personne dans ma vie, des parents absents. Un frère avec sa copine et une soeur avec son copain. J'ai dit à ma famille que j'allais le passer avec des amis cette année. Mais en vérité je ne voulais pas les voir. De toute façon à quoi rime un noël avec une famille recomposée ? Ma mère avec mon beau-père, que j'apprécie, certes, mais de loin... Mon père avec ma belle-mère, que j'apprécie aussi mais sans plus. Je voulais juste ne pas les voir. Je déteste Noël et toute cette joie...

Mon salon est bien vide. Le quelques guirlandes pendouillant tristement sur le sapin en plastique ne changent rien à ma solitude... Je m'assois entre les trois coussins d'un fauteuil que je déplace devant la fenêtre et je ferme les yeux. L'année d'avant, à la même époque, je recevais une lettre de mon école de théâtre. Recalée. Jamais je ne deviendrai comédienne... J'avais tout plaqué pour mon rêve et n'ai plus rien. Rien qu'une bibliothèque remplie de pièces de tous genres. Des drames, des tragédies, des comédies... Et je suis destinée à toujours être du mauvais côté pendant les pièces de théâtre dont je ne peux pas me passer, même si elles me frustrent. J'ai essayé de faire autre chose mais les études c'est pas pour moi... J'ai beau avoir réussi à entrer dans une fac d'histoire des arts, j'y arrive pas. Pourtant c'est pas si dur. Je veux dire, par rapport aux études qu'ont fait les membres de ma famille. Déjà, ils ont tous sauté une classe. Sauf ma grand-mère maternelle qui en a sauté deux. Ensuite, il sont tous scientifiques. En plus ils ont tous au moins 18 au bac. Le record étant 19,89... C'est pas humain... Puis ils ont tous fait de grandes écoles... Et forcément, quand mon orientation sexuelle a commencé à se savoir, c'était pire... J'aime les femmes. Déjà que je n'étais pas particulièrement brillante à l'école... Je me demande où ils m'ont trouvée...

Dehors la neige habille le toit des maisons. De mon appartement, au dernier étage d'un immeuble parisien, je vois le manteau blanc, qui ressemble à un gilet tant il est fin. J'ai toujours aimé cette vue, elle m'apaise. C'est le matin et la ville dort. La neige devient lentement jaune-orange avec le soleil. Toutes ces couleurs tranchent sur les teintes ternes de chez moi. Je crois bien être la seule debout ici. Qui est levé si tôt le lendemain de noël ? Dans tout Paris, et même dans toute la France, je dois être la seule. J'ai l'impression que ce mot tourne toujours autour de moi. Je n'avais pas d'amis au lycée et puis dans mes études de théâtre non plus. Je regardais toujours les autres rire. Et chaque éclat, il venait se ficher dans mon coeur. Mon coeur était devenu un véritable hérisson. Je frissonne. Seule, c'est bien le mot. J'ai l'impression d'être la fleur fanée dans un grand bouquet, fleur dont les pétales sont flétries, dont la tige est coupée, dont la couleur jadis de rubis, n'est plus que d'un rouge moisi...

- MADEMOISELLE SANDRE !

Je vais ouvrir la porte. C'est notre charmante concierge. Elle a l'air d'avoir une sacré gueule de bois, mais ça l'empêche pas de crier. Je la regarde et dit posément.

- c'est moi.

- t'as un colis. C'est pas croyab' ça. Dix minutes que j't'apelle. Déjà qu'l'facteur m'a réveillée...

- Un colis... pour moi ? T'es sûre qu'il s'est pas trompé ?

- Bah... t'es bien Louise Sandré nan ?

- Si, si, c'est bien moi. Mais je veux dire... qui pourrait m'envoyer ça ?

- Ch'ais pas moi. C'pas mon problème.

Elle me le tend vivement, je le prend, et avant que j'ai pu la remercier, elle a déjà claqué la porte. Je soupire et vais me rasseoir sur mon fauteuil. Là, j'ouvre le petit colis de carton. C'est un carnet. Un petit carnet blanc avec un chat noir stylisé dessus. Je fronce les sourcils. J'ai déjà vu un carnet similaire. Quelque part. Mais impossible de me souvenir. Il n'est pas neuf, ça se voit. Je le sens. Je veux si son odeur me rappelle quelqu'un. Non. Je ne l'avais jamais sentie. Et pourtant je l'ai déjà vu ce carnet. J'ai beau me creuser les méninges, retourner mon cerveau et le carnet, je ne me rappelle de rien. Je ne veux pas l'ouvrir avant de savoir. Mais une feuille en glisse. Une lettre. Je l'ouvre lentement, écoutant le papier craquer. Je lis, découvrant une écriture ronde et fluide.

ConcoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant