Beautiful War, Beautiful Enemy

XXVI - Maintenant c'est fini.

J'ouvrais les yeux difficilement, un mal de crâne prenant le dessus. Je sentais mes muscles complètement engourdis, dû à ma position plus qu'inconfortable.

- Hey, murmura Kai en me prenant la main.

- Combien de temps j'ai dormi ?

- A peine deux heures. Ils sont encore en train de l'opérer.

Je soufflais, passant une main sur mon visage, essayant de me réveiller tant bien que mal. Je me levais, ensuite, m'étirant un peu. Je vérifiais l'heure sur mon téléphone, à peine 15h. Jong Up est resté avec nous, lorsque les médecins ont emmené Taemin au bloc en urgence. Nous avons dû remplir un certain nombre de papier pour leur donner l'autorisation de l'opérer. Et depuis, plus aucune nouvelle. Nous étions complètement dans l'ombre. Personne ne savait quoi que ce soit, ou nous disait quoi que ce soit. On devait juste attendre.

- Je vais me chercher un café, quelqu'un veut quelque chose ? demandais-je.

Mes deux amis secouèrent la tête, sans ouvrir la bouche. Je partis donc en direction de la cafétéria, vérifiant la monnaie que j'avais sur moi. Je m'approchai du comptoir, où un jeune homme lavait le plan de travail. Je demandais un capuccino qu'il fit en me souriant. Il me fixait légèrement, comme s'il n'osait pas me parler, et qu'il attendait que je l'autorise à le faire.

En me tendant ma boisson, il dit finalement :

- Vous êtes Kim Yuna, c'est ça ?

J'acquiesçais, m'attendant à recevoir un flot d'insultes gratuites que j'avais l'habitude d'entendre depuis que Taemin a eu son accident. Les gens sont persuadés que le voir dans cet état me réjouis, et que c'est de ma faute.

- Comment va votre ami ? questionna-t-il soudainement.

Je ne m'attendais vraiment pas à ça, et il a dû comprendre ma réaction car il me sourit gentiment.

- Vous êtes là pour Lee Taemin, n'est-ce pas ? Les gens parlent beaucoup dans cet hôpital. La plupart pense que vous êtes là juste pour dorer votre image.

Evidemment.

- Mais, commença-t-il, ils sont trop préoccupés par ce qu'ils pensent qu'ils ne voient pas l'inquiétude dans vos yeux. Peu importe ce que les autres peuvent dire ou penser, lui saura pourquoi vous étiez là, et c'est le plus important.

Il s'inclina légèrement, puis s'excusa avant de partir vers la réserve. Je restais là un petit moment, absorbant ce qu'il venait de me dire. Un sourire se forma sur mon visage. Tout le monde n'était pas contre moi, en particulier ceux qui comptent pour moi, et c'est le plus important.

Je reparti en direction de la salle d'attente, mon café en main, ignorant tous les regards sur moi. Cet homme avait raison, mes amis savent pourquoi je suis là, le reste on s'en fout. Je n'ai pas besoin de me prouver à qui que ce soit.

Je me rassis à côté de Kai, qui pianotait sur son téléphone, sûrement pour mettre au courant le reste de nos amis. Je n'avais pas touché mon téléphone depuis un moment. Mes notifications ne cessaient de s'alarmer à chaque fois que je l'allumais, et je savais ce qui m'attendait si je les ouvrais, alors je le gardais en veille.

Je posai ma tête sur l'épaule de mon ami, qui à mon contact, éteignit son téléphone et pris ma main à la place, caressant tendrement ma peau avec son pouce. Nous n'avions pas besoin de parler. De toute façon il n'y avait rien à dire. Nous attendions juste. Simplement là. Impuissants.

Je pense qu'on ne se rend pas compte de l'état mental dans lequel on peut se trouver dans ce genre de situation si on ne l'a pas vécu nous-même. On n'a plus aucune notion du temps. Depuis quand sommes-nous là ? J'ai l'impression que ça fait une semaine. Ou peut-être une minute. On ne pense à rien et à tout en même temps. Notre corps est mis en pause. On n'a plus faim, plus soif. On a l'impression d'être vidé de toute énergie vitale.