On est le Jeudi 30 Avril 2020 et ça va faire 2 semaines que j'ai laissé partir nos 7 ans d'amitié. C'est lourd d'écrire, c'est pesant, c'est angoissant. D'habitude j'écris parce que je suis amoureuse et que ça me rend triste. Mais finalement est-ce qu'on ne vivait pas une forme d'amour, de relation... On en avait tout l'air hein. On a fait un mariage quand ça n'allait pas, on n'a jamais cessé les disputes à la fin, on s'est aimée à en crever jusqu'à la dernière seconde de notre histoire.
Pour s'aimer, on s'est aimée.
Je ressasse constamment nous 2, ça a déconné où tu crois ? Tu crois qu'à quel moment on s'est dit « ce sera plus jamais comme avant ». En fait y en a eu tellement ces derniers temps des moments qui t'ont mené à cette conclusion.
C'est horrible d'écrire quand tout est brouillon dans notre esprit parce qu'on divague, parce qu'on a le cœur lourd de quelque chose mais on ne sait pas trop de quoi...
Je crois que c'est le passé, les regrets, les « j'aurais pu » ou encore les « j'aurais dû » qui se transforme en « pourquoi je l'ai pas fait alors » on se met à tout regretter.
On regrette qui on est, on regrette qui on n'est pas, on regrette d'avoir trop ris à cette blague, mais pas assez à celle-ci. On se dit que ce jour-là on était peut-être trop en colère puis que non finalement on avait raison d'être en colère parce que ce jour-là on était déçu, on était triste.
En fait on regrette tous les jours où on était ensembles, mais aussi tous ceux où on se connaissait pas... Mais je crois que ce que l'on regrette par-dessus tout c'est ceux qu'on ne vivra plus ensembles. Je crois qu'on regrette l'essayage de notre robe de mariés, je crois qu'on regrette le discours de témoin qu'on avait écrit à 18 ans et qu'on ne lira jamais, oui parce que ce jour-là on ne sera pas là.
Ce jour-là je ne serais pas à tes côtés, je ne pourrais pas te regarder avec fierté, je ne pourrais pas réaliser tout le parcours qu'on aura vécu parce que y aura pas de parcours. Y aura plus de nous alors que pourtant on était persuadée que y en aurait toujours un, on avait tout prévu... Le prénom de nos enfants, nos 50 ans en bords de mer parce qu'on savait même quel type de sédiment on deviendrait.
Puis finalement ce jeudi 16 avril on s'est séparés comme un couple, on a pleuré, on a ressassé l'histoire, j'ai retenté, j'ai essayé de te rattraper mais c'était trop tard et je ne pourrais jamais t'en vouloir parce que finalement j'y avais ma part dans cette rupture.
J'ai toujours su que j'étais pas évidente, bizarre mais jusque-là tu l'avais accepté alors je crois que je l'ai prise pour acquise cette relation.. Je crois que je me suis dit qu'après tout ce qu'on avait vécu on briserait jamais tout ça. Je me suis trompée. Ça fait un drôle d'effet d'ailleurs. Remarque tu auras peut-être un sourire narquois en apprenant que j'ai mal.
Je t'en veux malgré tout hein. Parce qu'on n'a pas pris cette décision d'un commun accord, peut-être parce qu'on ne souffrait pas autant l'une que l'autre dans cette histoire. Je regretterai notre rupture longtemps, mais je sais qu'elle t'est bénéfique alors je vais simplement tirer un trait, fermer une page ou plutôt un livre parce que 7 ans ça fait un bon bouquin quand même. Je sais que tu en feras de même de ton côté.
Sache une unique chose et c'est la seule fois où je te le dirais. Si un jour tu lis ça c'est important qu'on se le dise.
Si jamais un jour, même à 50 ans quand on sera des sédiments, tu ne sais plus où t'en est, tu ne sais plus à qui il faut que tu parles, tu penses à moi, ou tu te sens de revenir pour n'importe quoi envoie moi « 81 » pour toi ce chiffre signifiera par grand-chose et pourtant pour moi il sera une bouffée d'oxygène malgré toute la rancœur et la douleur. Je mettrais ça de côté le temps qu'il te faudra et j'espère que malgré tout tu me connais assez pour savoir que ça ce n'est pas des paroles en l'air et que toutes les fois où je te l'ai dit ce n'était pas des mensonges.
Pour finir, j'ai 19 ans dans 14 jours, et la vie elle dure bien plus longtemps alors peut-être que c'est bête mais je préfère grandir avec cette bêtise et cette naïveté. Je changerais, toi aussi. On ne cessera jamais de grandir, de rencontrer des gens, de les aimer, de les quitter, mais aussi, peut-être, parfois, de les retrouver.