– Comment ça une sorcière ? demandai-je d'une voix faible.
Charlotte avait accepté de ne pas partir finalement. Nous nous étions installés l'un en face de l'autre sur le sol rempli de foin, elle s'était enroulée dans la couverture pour se protéger du froid. Elle m'observait avec ses grands yeux bleus. Elle m'avait dit qu'elle pouvait m'expliquer plus de chose, et j'attendais des explications. Mais elle ne dit rien pendant un temps. Je l'observai prendre le torchon où se trouvait encore le pain et le fromage et en mordre quelques morceaux, sans rien dire. J'avais bien compris que si je décidais de la brusquer un peu trop, elle ne répondrait à aucune de mes questions.
– Il n'y a pas grand-chose à en dire, reprit-elle après un temps, baissant son regard vers ses mains fermées. Je ne répondis rien, me contentant de l'observer. Sans que je ne sache vraiment comment, j'avais vraiment le sentiment que tout cela était difficile pour elle. Peut-être que la jeune femme était simplement en train de se jouer de moi, de me manipuler. Mais même si une petite voix me soufflait cette hypothèse, je n'avais aucune intention de l'écouter. Je suis une sorcière. Ce qui implique tout ce que dont tu dois te douter, je suis capable d'utiliser la magie.
– Mais... enfin, ça... n'existe pas.
J'avais évidemment entendu parler de sorcières dans les histoires qu'on racontait aux enfants, comme on parlait de monstre, ou encore de créatures dangereuses, afin de pousser les enfants à la prudence, pour qu'ils ne cherchent pas constamment à se rendre dans la forêt. Mais ce n'était que des histoires, ça ne pouvait qu'en être. Charlotte leva son regard vers moi. Elle ne me regardait pas comme une personne qui disait n'importe quoi, j'avais le sentiment qu'elle me regardait simplement avec tristesse.
– J'aimerais que ça n'existe pas, mais c'est bien le cas. Sauf qu'on doit se cacher.
– On ? répétai-je sans détourner mon regard de celui de la jeune femme.
– Je suis une sorcière, ma mère et ma sœur en sont aussi. Elle marqua une pause, tournant de nouveau son regard vers le bas. Je crus commencer à les voir se remplir de larme. J'eue envie de prendre une de ses mains, sans vraiment savoir ce qui lui arrivait, mais je m'arrêtai dans mon geste. Elle releva son regard bel et bien rempli de larme et m'adressa un sourire triste. Je ne sais pas où elles sont, nous avons été séparées. Tu sais, on menait une vie parfaitement normale, mais on cachait à tout le monde que nous avions des capacités. Parce que c'est dangereux.
J'aurais aimé pouvoir dire quelque chose, mais j'en étais incapable. Je tentais surtout d'avaler tout ce que la jeune femme était en train de me dire. Des sorcières. Elle était peut-être en train de me mentir, mais je ne pensais pas. Parce qu'il y avait eu cet effet bizarre quand je lui avais pris le bras, cette sensation que je n'avais pas inventée.
– Mais on nous a trouvé, je ne sais pas comment. Des personnes de l'ordre.
– L'ordre ?
– L'ordre du feu.
Elle leva sa manche pour me montrer l'intérieur de son poignet, où j'avais distingué une marque vive plus tôt. Je pouvais voir plus en détail cette marque. Ce qui me fit froid dans le dos, parce que si je ne me trompais pas, c'était un marquage au fer rouge. Je reconnus ce symbole, c'était le même que j'avais vu plus tôt dans la journée sur ces hommes qui était au village.
– Ce sont des chasseurs, reprit-elle en remettant sa manche en place.
– Des chasseurs de sorcière ?
Je n'en revenais pas moi-même de ce que j'étais en train de prononcer.
– Oui, dit-elle doucement, avant de reprendre. Et non. Des chasseurs de sorcières, mais aussi de tout ce qui n'est pas humain.
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Désir incandescent
FantasyIsaac, un jeune paysan sans histoire, va voir son destin complètement chamboulé en rencontrant une jeune femme aux cheveux de feu. Entre destins liés, secret, ordre du feu, les aventures seront nombreuses et parfois particulièrement mortels.