Tu Es Une Femme.

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Le premier prétend que tes pétales sont trop blancs.
Que ce qui immaculé n'est pas synonyme de pureté.
Et puis, la neige est hypocrite.
Tout le monde le sait.
Pas toi ?
Pourtant, tu devrais.

Ces jolis flocons que tout le monde attend,
Si froids et fascinants.
Se laissent tant désirer,
Que leur beauté finit par faner.
N'est-ce pas décevant ?
Tant d'efforts, pour pas grand-chose.

Le second prétend que ta tige n'est pas assez verte.
Ou du moins, vue de près.
En abandonnant tes artifices, tu cours droit à ta perte.
Cette rose étincelante, si irrésistible au début.
Aura vite faite de s'évaporer.

Ce pollen doré, qui noircit sous le poids des regards.
Ne te servira bientôt plus à rien.
Tu nous as tous dupés,
Ta corolle n'a jamais été une couronne.
Et ne le sera jamais.

J'ai échoué à te cueillir.
Alors, je t'abandonne.
Je te piétine.
Je te prive d'oxygène.
On ne t'avait pas prévenue ?
Les menteurs ne respirent pas.
Alors, remets ta muselière.
Et enracine-toi ailleurs.

Le troisième prétend que tu n'es pas une rose.
Tu es un violon.
Et toutes tes cordes sont cassées.
Elles ne produisent plus de son depuis longtemps.
Autrefois, leur chant était le plus mélodieux de tous.
Mais les voix criardes t'auront coupée l'envie de chanter.

Tu aurais pu être une sirène.
Mais le bois inerte te sied bien mieux,
Que le Royal Trident.
Tu es bien trop fardée pour avoir le droit de parler.
Tu ne l'es pas assez pour avoir le droit de respirer.

Le dernier saura que tu n'es ni un violon ni une rose.
Tu n'as pas de cordes.
Tu n'as pas besoin d'archet.
Tes racines sont les bienvenues partout.
Tu es une femme, de chair et de sang.
Et le dernier sera le premier.

Une Âme En Encre Trouble Où les histoires vivent. Découvrez maintenant