Chapitre 2

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Après une semaine de cours, Emma ne pensait plus à se faire des amis. Elle en avait une ! Ainsi que des connaissances, avec qui échanger des platitudes de politesse le matin ou au moment de s'en aller le soir. Elle avait pris soin d'éviter le regard de Sasha, même de l'éviter tout court. Quant à Zélie, peu importe les tentatives de cette dernière pour se faire amie avec  Lindsay et Emma, elle restait une simple collègue. Les deux amies s'amusaient d'ailleurs entre elles à propos d'elle. Déclarant qu'elle essayait seulement de les convertir à son fan club. Alors que Lindsay, elle, était une fille en or, dont l'amitié comblait Emma. Elle était douce, drôle et surtout, elle appréciait Emma, et cela se voyait. A part elle, Greg était encore celui avec qui elle parlait le plus à la pause cigarette, elle aimait plaisanter avec lui et réalisa qu'elle avait peut-être été un peu susceptible quand Greg avait déclaré trouver sa façon de parler "mignonne" et qu'elle s'était alors vexée à propos de cela. Elle découvrit que le côté bon rieur de Greg cachait surtout sa sensibilité ainsi que les séquelles de son cœur, lacéré par celles qu'il avait trop aimé. Cette fois, elle resta un peu plus longtemps avec lui le temps de la cigarette d'après les cours. Alors qu'elle s'apprêtait à prendre la route pour rentrer chez elle, elle entendit Zélie l'appeler.

- Emma !

Emma se retourna vers Zélie, en ce demandant ce que la fille populaire pouvait bien avoir à lui dire ou lui demander. Une fois que celle-ci l'eut rejoint, elle poursuivit :

- Tu habites du côté de la gare, n'est-ce pas ?

- Oui, à deux maisons de la gare.

- C'est à la gare que je vais moi aussi, on peut faire la route ensemble.

Cela n'avait pas l'air d'être une question, ni une invitation, mais plutôt une autorisation de Zélie, donnée à Emma de faire le trajet jusqu'à la gare en sa compagnie.

- Si tu veux, répondit Emma.

Alors qu'elle lui répondait, elle s'aperçut que Zélie ne l'écoutait déjà plus, elle était repartie vers le reste de groupe, désormais devenu "sa bande" ou elle était encore au centre de frivolités et compliments en tous genres. Elle mit un temps fou à prendre congé de ses collègues avant de la rejoindre.

- Tu en as de la chance ! Habiter à dix minutes à pieds... C'est ça qu'il me faudrait ! Je dois me lever tous les jours à quatre heures pour prendre mon train. Tu n'imagines pas ce que c'est que devoir se taper deux heures de train par jour !

Emma sentit une pointe de condescendance dans ses propos. En une semaine à peine, même si elle avait eu des échanges sympathiques, elle avait déjà commencé à ressentir pour Zélie, ce qu'elle ressentait pour les filles comme elle, intégrées : Une pointe de mépris et de jalousie. Cette Zélie avait tout pour elle, et c'était simplement scandaleux ! Lindsay était d'ailleurs de son avis : Ce n'était pas juste. Même si très vite, elle trouvait des défauts à Zélie pour se consoler de n'être qu'une humaine comme les autres. Emma adorait ce petit côté mesquin de Lindsay. Elle ne manquerait d'ailleurs pas de faire part à son amie des propos tenus en cet instant par Zélie.

- Il n'y a pas d'école d'infirmière du côté où tu habites...?

- Bien sur que non ! Sinon pourquoi je me taperais deux heures de train par jour, hein ? Ce que tu peux être naïve des fois, Emma... ! ajouta t-elle avec pitié et condescendance.

- Je pensais que c'était plutôt répandu... se crut-elle obligée de se justifier.

- Oui, sauf que là où je vis, c'est Nulle-Part-Sur-Rien..!

-Ah d'accord, répondit Emma, essayant de se montrer empathique.

- Bah, c'est comme ça ! Et puis cela me permet de faire de charmantes nouvelles rencontres.

A Travers ses yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant