La marque

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PDV ESMÉ

Dring ! Dring ! Encore le réveil, c'est la même chanson tous les jours, je dois me lever de mon lit, celui que j'aime tant pour me rendre au lycée où je vais une fois de plus passer la journée affalée sur la table. Parfois j'aimerais tout lâcher pour partir loin d'ici et seule, rien ne me retient réellement à Fixiburg à part ma mère et mon petit frère qui est encore au collège.

Enfin bon, si je reste couchée encore longtemps en fixant le plafond et en pensant à tout ce qui ne va pas dans ma vie, j'arriverai en retard à coup sur, et honnêtement, je n'ai pas besoin de ça. 

Je m'assieds, c'est déjà un bon point non !? Je glisse mes pieds dans mes chaussons et lève ce petit corps maigre du seul endroit qui m'apporte le confort et la chaleur que j'ai besoin dans ma vie. Je me rends devant le miroir et franchement, je me dis que si un dieu il y a, putain ce qu'il a le sens de l'humour. J'attrape ma brosse à dents, la remplis de dentifrice plus que nécessaire et l'enfonce dans ma bouche. Mes yeux sont à moitié fermés et j'entends tout d'un coup la porte de ma chambre s'ouvrir.

" Maman t'a dit de te dépêcher Esmé, le transport va arriver et j'ai pas l'intention de t'attendre plus longtemps que..." Bon et bien voilà, oui, c'est bien une des raisons me poussant à rester ici et le nom de cette raison, c'est Chester, mais je l'appelle souvent Chiester juste parce que ça l'énerve. J'adore ce petit gars, mais bon, je ne suis pas du genre à montrer mes sentiments, ni à lui ni à maman. " Chiester, tu peux gentillement prendre ton commentaire et te le mettre au fond de la gorge s'il te plaît ! Lui répondis-je avec un grand sourire juste après avoir cracher le dentifrice dans le lavabo. Quoi, j'ai dit que je l'aimais, je n'ai pas dit qu'il était obligé de le savoir. D'ailleurs, il est allé se plaindre à maman comme toujours, elle va arriver d'une minute à l'autre pour me faire une de ses fameuses leçons de morale sur l'importance de la famille.

N'empêche, me voilà enfin seul et ça fais du bien, je retire mon tee-shirt et mon bas de pyjama, puis je saute dans la douche. J'allume l'eau à la chaleur maximum et savoure le plaisir de ce liquide bouillant qui coule le long de mon corps. Je ferme les yeux un instant et je m'évade, je n'ai pas de lieu de prédilection pour fuir la réalité, mais je pars loin malgré tout. Dans une source chaude, seul et tranqui...

La porte de la salle de bain s'ouvre violement, j'entend la voix de ma mère qui comme je l'avais prédit viens me faire la morale. C'est donc la fin de ma douche, la fin de mon voyage dans mon esprit et le retour à la décevante et pitoyable réalité. 

À travers le rideau je vois ma mère gesticuler en baragouinant des mots pas toujours compréhensibles. Elle fait tout le temps ça quand elle est en colère ou contrariée. J'attrape ma serviette furtivement et glisse une première jambe hors de la douche, puis une deuxième.

J'essaie de ne pas porter trop d'attention à ma mère qui est toujours en mode attaque et je tente de sortir de la douche sans pour autant la rendre plus féroce. " Esmé ! Où tu comptes aller comme ça, je te parle ! "

C'est un échec de la mission. Elle a remarqué que je tentais un repli, mais avec l'adversaire qui me barre la route, je n'avais aucun espoir de sortir de ce guet apens. Soudain en l'espace de quelques secondes plus un seul bruit. Ma mère vient de baisser les yeux le regard figé sur mon bras, je déteste quand les autres posent l'œil sur ma marque. Cette marque, celle qui me refait penser à lui et au fait qu'il ne soit plus là et que je ne pourrais plus jamais le revoir. 

Lui, c'est Alexis, mais beaucoup l'appel Midas ou le garçon disparut. Mid... Enfin, Alexis était un garçon très discret, personne ne s'approchait de lui, car tout le monde avait peur. À sa naissance on lui à diagnostiqué une maladie extrêmement rare qui a inspiré justement la légende de midas sauf que dans le cas d'Alexis, ce n'est pas tout ce qu'il touche qui devient en or, mais tout ceux qu'il touche. Vous l'aurez deviné, il m'a touché un jour comme ça par erreur dans les couloirs du lycée, il a tenu mon bras pendant exactement quatre secondes et l'a relâché aussitôt. Juste après il est parti en courant et plus jamais on ne l'a revu.

Durant ces quatre secondes, j'ai pu apercevoir son regard noisette qui m'a pétrifié sur place. Jamais aucun garçon n'avait eu un tel effet sur moi avant. Mais ce n'est pas le sujet. Certain de mes camarades m'ont dit que j'ai eu beaucoup de chance car si il m'aurait tenu une seconde de plus, je n'aurais pas eu une simple marque d'or sur mon bras mais je serais devenu une statue entièrement faite d'or et serait donc morte sur le coup.

Ma mère attrape mon bras avec une douce violence, puis elle me regarde avec des yeux effrayés. " Elle est beaucoup plus grosse que la dernière fois que je l'ai vu ! " 

Et voilà, il fallait en arriver la, un jour ou l'autre quoi qu'il en soit. Même si Alexis ne m'a pas tenu cinq secondes entière, les quatre secondes où il avait sa main sur m'a peau m'ont condamné, mais ça ma mère ne l'a pas encore compris. Elle pense que tout ira bien et qu'on trouvera un remède, mais non. Je vais mourir ma marque grossis de jour en jour, oui, je prends les mesures et je sais qu'un jour elle va atteindre un organe vital. 

" Maman, c'est rien de bien important tu sais ça grossis puis ça rétrécit, c'est d'une banalité. 

- Heu... Elle jette un regard incertain dans le vide. D'accord, dépêche toi dans pas longtemps ton bus va arriver ma puce."

Ma mère m'embrasse tendrement sur le front puis quitte la salle de bain.

Quelques minutes plus tard, me voilà enfin prête, je descends les escaliers mon sac à dos en main et vois ma mère debout devant la télé et Chiester assis sur une chaise pas trop loin.

" Il se passe quoi ici ?"Demandais-je très intrigué, car ma mère ne regarde jamais la télé. En entendant ma voix, elle se pousse et c'est à ce moment précis où j'ai cru tomber de haut, perdre pied, je dirais même mourir. C'étaient les informations qu'ils passaient à la télé et en gros titre, il y avait marqué : "Qui a tué Alexis Shrime ?"

La dernière secondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant