Lettre

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Il est des jours où l'on n'a pas envie de mourir, mais juste plus envie de vivre.
Où cette chose qui nous réveille et nous pousse à nous lever chaque matin n'est plus. Alors on se contente de survivre. Juste le nécessaire pour ne pas mourir. Survivre.
Puis le lendemain on sent que quelque chose s'est rallumé en nous. Ce petit souffle de joie qu'est le bonheur est de retour. Alors cette fois on prend plaisir à se lever, à passer la journée. On vit. Jusqu'à la prochaine fois.

Des moments comme ça, tu en a connu pleins. Jusqu'au jour où tu as cru que cette chose était partie pour de vrai. A quoi bon survivre si ce n'est pas pour en profiter, si ce n'est pas pour vivre?
Cette corde tu l'as longtemps regardée. Longtemps. C'était la solution. Ta porte de sortie. Juste te la passer autour du cou pour enfin te libérer. Pour enfin en finir.
Après tout, à qui cela importerait? A beaucoup de monde, mais ça, tu était trop désespérée pour t'en rendre compte...
Alors tu l'as fait. J'imagine cette corde te serrer le cou, t'arrachant à la vie un peu plus chaque instant. Emportant tout espoir avec toi. Lentement, te laissant réfléchir à tous les futurs moments de bonheur auxquels tu renonçais.

Ce jour là nous n'avons pas uniquement perdu une femme. Cinq enfants ont perdu une mère. J'ai perdu mon innocence et ma naïveté d'enfant. J'avais certes déjà entendu parler de suicide. Mais jamais je ne m'étais imaginée qu'on puisse mettre fin à ses jours volontairement.

Depuis ce jour je ne prononce plus aucune parole sans réfléchir à ce qu'elle pourrait engendrer. Oui j'ai peur. Peur que quelqu'un de mon entourage se suicide. La peur emplit mon corps et mon esprit à chaque fois que je m'énerve sur quelqu'un. Un sentiment impossible à expliquer. A chaque fois que je dis quelque chose qui puisse ne serait ce qu'un peu blesser quelqu'un. 

Pourquoi ne l'ai je jamais dit? Parce que j'ai honte? Un peu. Parce que c'est dur d'en parler? Beaucoup. Je ne m'ouvre pas ainsi aux autres.
Alors oui j'ai peur. Je ne le dit pas mais je l'écrit.

Je t'en veux. Oui je t'en veux d'ainsi avoir tout fait basculer. Très souvent il m'arrive de me demander ce que serait la vie si ça ne s'était pas passé.
J'ai l'impression d'être égoïste en t'en voulant. Je ne suis pas celle qui doit le plus t'en vouloir. Je n'ai pas perdue une mère et pourtant je t'en veux. J'aimerais pouvoir te dire que tu me manques, car c'est vrai. Mais je ne me sens pas légitime de ce sentiment.
Il m'arrive de me demander si je n'aurais pas pu te sauver. Mais j'étais trop jeune. Trop jeune pour comprendre, trop jeune pour t'aider.
Tu me manques. Plus que je ne me l'avouerais.

Sois heureuse là où tu es. Repose en paix.

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J'aimerai faire passer un petit message. Vous avez remarqué que le sujet dont traite ce texte, ou plutôt cette lettre est difficile, douloureux.
J'ai écris cette lettre pour une personne qui n'est malheureusement plus là pour la lire, mais je me suis dit que la publier était l'occasion de parler à cœur ouvert de ce sujet.
Le suicide est un sujet tabou. On n'en parle pas, ou du moins pas assez, et pourtant c'est un problème réel, qui concerne des centaines voire des milliers de personnes.

Alors je pourrai vous dire d'en parler, comme tout le monde le dit, « il faut en parler pour ne plus avoir à supporter ça tout seul », mais je ne vais pas vous dire ça, car on vous l'a déjà trop dit. Je sais que c'est dur de parler quand ça ne va pas. Je sais qu'on a peur d'être jugé pour ce qu'on est, ce qu'on pense. Je sais que si vous en êtes arrivé à ce point là, celui d'avoir envie de tout foutre en l'air, c'est que vous avez sûrement été trahi et que vous avez peur de refaire confiance. Je sais. Je ne prétend pas savoir ce que vous ressentez, on ne sait jamais vraiment ce qui se passe dans la tête de quelqu'un.
Mais ce que je veux vous dire, c'est que, qui que vous soyez, vous méritez de vivre. Dites vous que la vie est une aventure merveilleuse, et vous n'en avez qu'une seule. Vous avez la chance de pouvoir la vivre alors allez-y, foncez. Prenez la en main. Vous êtes le maître de votre vie, et ça serait dommage de la gâcher. Rappelez vous, vous vivez pour vous pas pour les autres, alors foutez vous de ce qu'ils pensent et avancez. J'ai du mal à exprimer ce que je ressens, ce que j'ai vraiment envie de vous dire, mais je veux surtout que vous vous rappeliez que qui que vous soyez, vous méritez de vivre.
Et puis, ne serait-ce pas une vengeance énorme sur la vie et les personnes qui vous ont fait souffrir que de vous relever et de continuer la tête haute, en leur montrant que malgré tout le mal qu'ils vous ont fait, vous êtes toujours là ?
S'il vous plaît, si vous ne le faites pas pour eux, pas pour moi, faites le pour vous. Vous méritez la vie et le bonheur.

Si vous êtes dans un état dépressif, que vous avez des pensées suicidaires, ou tout simplement que vous avez besoin de parler, je veux vous dire que je suis là. Je sais que c'est dur de parler à quelqu'un, mais je pense que c'est plus simple de parler à une personne qu'on ne connaît pas. On a moins peur d'être jugé. Alors que ce soit en commentaires, ou en message privé, si vous avez besoin d'être écouté, je vous donne toute mon attention. C'est la moindre des choses que je puisse faire. Vous n'êtes pas obligé, bien entendu, car je vous le répète, je sais combien c'est dur.

Merci d'avoir lu ceci, et j'espère sincèrement avoir aidé ceux qui en avaient besoin.❤️

Midnight thoughtsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant