Miss Alice

Chapitre 3

Alors qu'il était à ses réflexions, monsieur Faraize, son professeur principal, s'approcha de lui.

-Dites-moi Liam, croyez-vous que vous pourrez accueillir Alice et la soustraire à la curiosité des autres élèves ? J'aimerais aussi que vous l'accompagniez tout au long de son passage ici afin qu'elle s'intègre.

-Bien sûr monsieur.

-Je compte sur vous.

Le jeune homme regarda son professeur.

-Alors comme ça, elle s'appelle Alice ?

Le trentenaire le contempla avant de lui sourire.

-En effet. Elle vient d'avoir 16 ans.

Et il reparti, l'air satisfait.

Liam écarquilla les yeux, impressionné par le jeune âge de la damoiselle. Il se tourna vers ses camarades, encore en train de dénigrer la jeune fille. Elle était probablement bien plus intelligente qu'eux mais tous s'amusaient à la rabaisser. Il soupira. Il allait avoir énormément de travail s'il voulait que la jeune fille trouve un équilibre ici.

Il se demandait tout de même pourquoi elle n'allait pas dans une école spécialisée, ou au moins privée. Elle s'y sentirait mieux. Le niveau du lycée privé de la ville, Sainte Jeanne d'Arc, était bien plus élevé qu'ici, et les élèves moins nombreux. Elle y aurait été mieux accueillie. Ses parents ne devaient pas tenir à elle pour la mettre dans un endroit où il y avait beaucoup de chance qu'elle se fasse persécuter. Ça ne pouvait pas être un souci d'argent, car aux vues de son âge, elle aurait pu obtenir des bourses.

La journée reprit son cours, les élèves se désintéressèrent de la nouvelle. La semaine continua ainsi, sans autre rebondissement si ce n'était les crises habituelles d'Ashley.

Cependant, au matin de l'arrivée d'Alice, elle était de nouveau dans tous les esprits.

Emilia, de son côté, sorti de son lit d'un bond, alors même que la première sonnerie de son réveil n'était pas finie. La chose était un évènement en soi, la jeune fille aimant paresser dans son lit jusqu'à se mettre en retard.

Elle se dirigea ensuite vers sa garde-robe pour y trouver LA tenue adaptée à la circonstance. Elle était excitée car Alice était une célébrité dans le lycée avant même d'être arrivée. Elle voulait la voir, voir à quoi elle ressemblait, mais aussi voir si elle était vraiment si bizarre que ça. Elle fut subitement prise d'une crainte qu'elle ne comprit pas sur le coup. Elle l'attribua à la peur d'être déçue, se remotiva, et descendit prendre son petit-déjeuner.

Elle dévala les escaliers de marbre de sa maison en direction de la cuisine. Elle s'arrêta en chemin devant le grand miroir de l'entrée afin de s'admirer. Elle était vêtue d'une jolie robe blanche très simple lui arrivant à mi-cuisse. Ses longs cheveux argentés tombaient joliment sur sa poitrine et ses grands yeux dorés étaient mis en valeur par un trait d'eye-liner parfait. Elle était séduisante, mais également très chic. Elle se sourit. Elle était magnifique. Comme d'habitude. Son chéri allait adorer, c'était sûr.

Elle pénétra rapidement dans la cuisine. Ses parents étaient déjà là. Ils la regardèrent avec des yeux ronds.

-Emi, mon cœur, mais que se passe-t-il ? s'exclama sa mère.

-Tu as un problème, ma puce ? Tu es malade ? Vas-y, dis-nous ! s'écria son père, inquiet.

-Mais non, tout va bien ! C'est juste la nouvelle qui arrive aujourd'hui ! râla-t-elle.

-Tu sais mon ange, je ne suis pas sûre que cette Alice soit ravie d'être au centre de l'attention, dit sa mère.

Elle l'ignora superbement et se servit un bol de céréales. Elle s'installa au bar de la cuisine, bougonne. Elle mangea rapidement et s'apprêtait à sortir lorsque sa mère lui fit remarquer qu'elle avait oublié de terminer de se maquiller. Elle fila donc dans sa salle de bains pour se farder rapidement et, cette fois, se mit en route pour de bon. Elle était en avance pour la première fois en presque trois ans de lycée. Sur la route, elle croisa Rose, pour une fois elle aussi en avance, et elle se mirent à bavarder. Toutes deux étaient excitée par l'arrivée d'Alice. Elles en sautillaient sur place.

Lorsqu'elles arrivèrent au lycée, Liam les fixa d'un air étrange.

-Bah quoi ? demanda-t-elle, curieuse.

-Vous avez 10 minutes d'avance, les filles... dit-il, l'air de ne pas en croire ses yeux.

-Et alors, qu'es-tu en train d'insinuer ? s'exclama-t-elle, outrée.

-Euh...

-Laisse tomber, vieux, elle est folle.

Emi se tourna vers celui qui venait de l'insulter. Il s'agissait de Dylan. Rien de très étonnant. Il était arrivé dans leur dos alors que ces dernières parlaient avec Liam.

Il partit aussi vite qu'il était arrivé, emportant cette fois Liam avec lui. Ils se dirigeaient à présent vers leur banc préféré, à côté du plus gros chêne de la cour. Un bon choix, d'ailleurs, car celui-ci les protégeait de la pluie en hiver et du soleil en été.

Ils commencèrent à discuter tranquillement, sans plus de regards pour les deux jeunes filles. Emi les observa en faisant la moue lorsque le son désagréable de la sonnerie la fit sursauter. Rose, à côté d'elle, se mit à rire. Elles se mirent ensuite à courir en direction de la classe, et arrivèrent premières. Monsieur Faraize, tout comme Liam un peu avant, les fixa, l'air abasourdi.

-Il y a un problème, les filles ?

Emi, qui commençait à en avoir assez qu'on lui pose inlassablement la même question, la dédaigna et se tourna vers Rose.

-Alors, comment penses-tu qu'elle sera, la nouvelle ?

-Je n'en sais rien. Tu imagines, souffla-t-elle en s'assurant que personne d'autre n'entendrait, si elle est folle ? Trop bizarre, je te le dis.

Emi allait lui répondre lorsque monsieur Faraize leur fit signe d'entrer.

Une fois le calme revenu - tout le monde étaient excité à cause de l'arrivée d'Alice -, il prit la parole :

-Alice ne devrait plus tarder, maintenant. En attendant, je vais vous rappeler les règles à respecter pour le bon déroulement de l'année scolaire d'Alice. Je tiens à vous rappeler que la fragilité émotionnelle d'Alice ne fait pas d'elle un monstre de foire. Elle a juste un problème de communication. Les insultes, les moqueries, les regards condescendants seront suivis d'un renvoi, plus ou moins définitif. Je compte sur vous pour vous montrer amical envers elle. Des questions ?

Une main se leva. Celle de Liam :

-Pourquoi ses parents l'on envoyée ici ? Ça n'a aucun sens !

-Je n'en sais rien et ça ne me regarde pas, pas plus que vous, d'ailleurs.

Un cri l'interrompit :

-Elle arrive !