La Librairie de l'Angle

Partie 1

Il y'avait dans cette charmante (ou alors simplement dans l'apparence) ville, une librairie qui s'appelait ironiquement "La Librairie de l'Angle" car malgré son nom elle ne se situait pas du tout dans un angle mais en plein milieu d'une rue passante.

Cette librairie était tenu par une jeune fille à la chevelure brune retenue par un chignon mal fait. Elle ne parlait pas beaucoup, la parole n'avait jamais été son fort, c'est pourquoi elle préférait lire.
Sa librairie n'attirait pas vraiment les habitants de cette ville. Ils préféraient tous aller à l'autre librairie, tenue elle par un jeune homme toujours souriant, toujours bienveillant et prêt à faire la discussion. Tout ce qu'elle n'était pas. Mais cela lui importait peu, tant qu'elle était au milieu de ses livres, rien n'avait d'importance.

Sa boutique avait une vielle devanture en bois peinte en vert d'eau et ses vitres étaient toujours sales. L'intérieur n'était pas beaucoup mieux, de grosses étagères s'alignaient contre le mur du fond et semblaient souffrir du poids des livres qu'elles portaient. Il y'avait là tellement de livres que certains reposaient à même le sol, aménagés en colonnes vertigineuses qui pouvaient s'effondrer à tout moment.

Derrière son comptoir en bois, peint de la même couleur écaillée que sa devanture, la jeune fille lisait assise sur un vieux tabouret, une tasse de thé fumante à la main.

Tout les jours, elle ouvrait sa librairie, tout les jours elle dévorait des livres en attendant qu'un client ose entrer dans sa vielle boutique. Il y'avait des jours où personne ne venait.

Mais ce jour là n'en fit pas parti. Un petit garçon entra par la porte ouverte, et se planta devant le comptoir. Sa tête ne dépassant pas le meuble, la jeune fille dût se lever de son tabouret pour pouvoir voir qui était entré dans son magasin. Elle vit alors un garçonnet qui ne devait pas dépasser la dizaine, son visage était presque aussi gris que son costume, et il plantait ses yeux bleus clairs dans ceux de la libraire, ceux-ci semblaient d'ailleurs être sa seule source de couleur.

Puis le garçonnet lâcha le regard de la jeune fille et se retourna d'un mouvement qui semblait mécanique. Il marcha le long des grosses étagères tout en lisant les titres des livres en penchant la tête d'un coté.

La jeune fille posa son livre sur le comptoir, descendit de son tabouret et s'approcha du garçon, toujours absorber dans la lecture des titres des livres.

"Vous cherchez quelque chose ?"
Demanda t-elle, intriguée par cet étrange client.

Le garçon la regarda un court instant et repris sa lecture tout en ignorant parfaitement la libraire. La jeune fille se rassit alors derrière son comptoir pour continuer sa lecture.

C'est certainement un garçon un peu timide. Se dit-elle comme pour se rassurer, bien qu'elle ait eu l'habitude des bizarreries que cette ville lui avait déjà apporter.

Le garçon resta près de deux heures dans la librairie. Ce qui avait eu le don de déconcentrer la jeune fille dans sa lecture. Il y'avait quelque chose d'étrange chez lui qu'elle n'arrivait pas vraiment à remettre.

Peut-être son air sérieux alors qu'il n'a certainement pas plus de dix ans ? Le fait qu'on pourrait croire qu'il sort directement d'un cliché en noir et blanc ? Ou bien encore son comportement qui ne ressemble en rien à un enfant de son âge ?

Ce garçon revint le lendemain, le surlendemain, puis tout les jours de la semaine. Il semblait chercher un livre en particulier. Plusieurs fois la libraire avait tentée une approche en lui demandant ce qu'il cherchait mais il ne lui avait jamais donné de réponse.

Mais un jour, après avoir passé plus d'une heure à faire sa recherche quotidienne, il se décida à adresser la parole à la jeune fille.

"Vous n'auriez pas En Hiver, La Nature se Meurt par hasard ?"