Moi, Christiane F.

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Il danse en de gracieuses courbes, ce corps torturé

Tournant, virevoltant, se donnant aux regards 

D'un public d'ivrognes bâtards et de charognards

Se délectant d'un pantin désarticulé


Sa maigreur, à un raide cadavre semblable

Excite cette foule de vulgaires voyeurs

Dont chacun attend la venue de son heure 

Pour s'adonner à des crimes abominables 


Ses bras se tendent et se crispent vers ces putains 

Son ballet se saccade, elle se tord de douleur

Elle n'offre plus qu'une triste vision d'horreur 

Mais point de scrupules, ils sont affamés les chiens


Soudain, la petite ballerine se fige

En elle se diffuse une étrange chaleur 

La cigüe vient d'atteindre son jeune coeur

Elle va s'envoler dans cet ultime vertige 




Sentiments EphémèresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant