Chapitre 8 : Pain rassis

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Hermione, août 1978, Saltburn.

Suite à la nuit où elle n'avait pas pu s'empêcher de lui crier dessus et à leur cœur à cœur dans l'arbre qui avait suivi, Hermione n'avait plus vu Sirius pendant plusieurs jours. Si elle n'avait pas su mieux, elle aurait pensé qu'il n'avait pas remis les pieds à la maison, mais Ginny et Luna lui ont assurées à tour de rôle qu'elles l'avaient vu et lui avaient parlé.

Le dernier rapport de Luna sur sa conversation avec Sirius n'avait pas vraiment de sens, mais cela ne signifiait pas que cela ne s'était pas produit.

Et de toute façon, si Hermione était vraiment honnête avec elle-même, elle ne savait pas ce qu'elle lui dirait si elle le voyait.

"Oh salut Sirius, je suis désolée que ton frère soit un mangemort et que tes parents furent vraiment horribles avec toi. Je regrette que tes amis soient tous morts, mais tu ne peux toujours rien y faire et j'ai l'intention de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour t'arrêter."

Techniquement, ça pourrait passer. Ouais, ça irait bien.

Sa tentative de se calmer et de réfléchir puis de le confronter à propos de ses plans ne s'était pas déroulée exactement comme elle l'avait espéré. Elle avait crié, lui avait lancé un sort, pleuré, puis s'était enfuie. Ensuite, ils avaient parlé de la maltraitance infantile, de l'intimidation et du pouvoir de la peur dans un arbre, et elle l'avait laissé partir sans parvenir à formuler ses pensées.

Bien sûr qu'elle se sentait désolée pour lui, il ne pouvait en être autrement.

Parce que c'était de la violence faite à un enfant, ce qu'ils lui avaient fait. D'une manière différente, Harry avait vécu la même chose entre les mains de sa tante et de son oncle, alors elle connaissait les signes. De plus, il n'y avait eu aucune aide pour Sirius, parce que le monde sorcier ne prenait pas ce genre d'affaires au sérieux. Elle avait levé les yeux, une fois, pour voir si elle pouvait aider Harry, et il n'y avait rien à faire. Elle aurait mieux fait de le signaler aux autorités moldues.

Ce fut le premier moment où elle détesta le monde des sorciers, pour avoir laissé tomber son meilleur ami.

La haine était venue et avait disparu au fil des ans, dirigée contre le ministère pour son incompétence et l'intimidation pure et simple qu'avait subi Harry, et plus tard contre Dumbledore pour ce qu'il leur avait fait subir à son tour. Ça avait peut-être été justifié, mais ce n'était toujours pas juste qu'ils aient été contraints de vivre tout ce qu'ils avaient vécu. Ce par quoi Harry était passé pour la survie du monde des sorciers. Elle et Ron n'avaient pas tout à fait vécu la même chose et avaient été un peu épargnés, et bien, d'une certaine manière même si parfois des choses moins idéales leur étaient arrivés de par leur faute.

Hermione frissonna légèrement au souvenir du moment où elle s'était partiellement transformée en chat.

Ce n'était la faute de personne d'autre que la sienne, mais ce n'était pas vraiment juste non plus.

Jusqu'à présent, rien dans sa vie n'avait été particulièrement juste, et encore moins maintenant.

Hermione ferma brusquement le livre qu'elle lisait sur la table basse, sa concentration ayant disparu. Elle n'était pas parvenue à mémoriser la moindre chose à la lecture de cette dernière page. Cette section s'est pourtant révélée utile jusqu'à présent et elle voulait s'assurer de bien la comprendre.

"Je vais me promener," dit-elle à Ginny. Son amie était sur le sol du salon en train de faire des pompes. Elle avait commencé à marmonner récemment sur le fait de mendier pour l'achat d'un balai. Le vol avait aussi été évoqué comme solution. 

Arcs temporels entremêlés et détails techniques (Harry Potter Fanfic)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant