Chapitre 6

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         Les funérailles furent alors organisées dans la semaine, et Viktor s'emmura dans une profonde dépression. Le temps n'avait plus aucune prise sur lui. Les secondes lui paraissaient des minutes ; les minutes, des heures ; les heures, des jours ; les jours, des semaines ; les semaines, des mois ; les mois, des années ; les années, des secondes. C'était un cercle vicieux, qui se répétait inlassablement.

Étant immortel, l'astrologue ne pourrait jamais rejoindre son âme sœur au paradis. Et pourtant, il avait essayé : il avait tenté de bruler le parchemin de son pacte avec Lucien, l'avait déchiré, l'avait dilué avec de l'eau... Rien n'y faisait, il se reconstituait toujours. Alors, il se mit en quête d'objets ayants un rapport avec le temps et la mort, afin de trouver comment rejoindre sa dulcinée. Il déroba ainsi la première montre fabriquée, le premier sablier qui fut conçu, et d'autres choses encore. Chacun de ses méfaits était signé de la manière suivante : il déposait, à la place de l'objet dérobé une petite carte circulaire représentant une rose blanche tordue en forme de « V », sur un fond noir.

Seulement, ces objets finissaient toujours par le désintéresser, et il ne trouvait point de manière pour éradiquer son contrat d'immortalité.


          Six-cents ans s'étaient écoulés depuis la rencontre entre Blanche et Viktor, et ce dernier, s'était enrôlé dans l'armée allemande. La troisième guerre mondiale – opposant essentiellement les Canadiens et les Allemands, aux Français et aux Espagnol – venait de se terminer, et Viktor rentrait au pays.

De retour chez lui, il s'affala sur une chaise, et sombra dans un profond abîme de réflexions, en repensant à cette belligérance qui s'était déroulée. Tant de personnes étaient mortes, et tant d'autres avaient soufferts ! Alors, la culpabilité s'empara de son esprit, et le mit au supplice. Viktor se dit qu'il avait été bien égoïste en acceptant son pacte d'immortalité et de richesse. Il se leva, et alla chercher son parchemin. C'est alors qu'une unique larme – exprimant toute sa culpabilité, son regret et ses sentiments – roula le long de sa joue droite et s'écrasa sur le manuscrit qu'il tenait à la main. Le parchemin, baigné d'une aura scintillante, s'évapora sous les yeux ébahis de Viktor. Dés lors, il prit cinquante ans, devint un vieillard vouté, et s'effondra au sol en disparaissant. Il ne resta de lui, qu'un petit tas de poussière en forme de rose au milieu de son salon.

Car les sentiments et les émotions, font d'une personne son humanité.

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