CHAP.5 ~ In the Stars ♬

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15 octobre

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15 octobre

Pierrick est parti. La cohabitation devenait trop difficile. Nous avons tenté la normalité, cependant rien n'a été comme on se l'imaginait. Le pauvre a réalisé que je suis devenue une autre Maïra, alors que lui est resté Pierrick, intact et sensé. Notre essai a pris fin car la nuit dernière, j'ai fait un terrible cauchemar. J'ai rêvé que j'étais là-haut, dans les étoiles et que j'escaladais une montagne pour rejoindre Bailey et une petite fille m'attendait au sommet. Je n'ai pas compris où était Keziah mais j'ai saisi l'urgence de rejoindre mon mari. Et lorsqu'enfin, j'ai atteint la cîme, j'ai glissé et ma chute a été rapide et vertigineuse.

Dans la réalité, mes soixante-deux kilos ont lourdement heurté le sol et Pierrick, inquiet, est arrivé en moins de deux dans ma chambre. Lorsqu'il s'est approché de moi, j'ai immédiatement réalisé que ma conscience me jouait à nouveau des tours. Une fois de plus, la frustation a engendré la colère et ce pauvre Pierrick en a fait les frais.

Je sais que Bailey n'existe pas et je pensais avoir digéré l'information. Cependant, ce rêve était trop réel pour que tout ça ne soit pas vrai. Je regrette d'avoir été aussi brutale, je ne contrôle plus rien quand c'est comme ça.

Pierrick a été particulièrement patient. Il m'a à chaque fois laissée le temps de recouvrer la raison. Mais cette fois-ci, c'était différent. Mon hystérie a mis du temps à redescendre, j'ai bien vu qu'il était excédé. Pourtant, à aucun moment il ne m'a manqué de respect. J'ai eu honte de moi et je me suis platement excusée.

Pour la première fois depuis mon réveil, nous avons eu une discussion à cœurs ouverts. J'ai pris le temps de lui expliquer tout ce que je ressentais et il a compris. Et puis, un souvenir de mon coma a fait surgir une réalité que ni lui ni moi ne pouvions ignorer. J'ai osé lui révéler qu'un souvenenir m'étais revenue et à cause de ça, je ne suis plus si certaine que ça d'avoir rêvé.

Dans mon souvenir, je l'avais quitté après avoir découvert qu'il me trompait avec une certaine Julie et c'est juste après cet évènement que j'ai rencontré mon Bailey. Lorsque j'ai découvert son forfait, j'ai hurlé et gesticulé avec tant de vigueur que mes lunettes en sont tombées et j'ai malencontreusement marché dessus. Mon ordonnance étant trop ancienne, je n'ai pas pu remplacer les verres cassés et j'ai pris rendez-vous avec mon ophtalmo. Ce dernier étant en congé, j'ai été reçue par son remplaçant qui n'était autre que Bailey...

Je n'ai pas eu le courage d'en raconter les détails à Pierrick, sous peine qu'il appelle ma mère et me renvoie à l'hôpital psychiatrique. En revanche, je lui ai demandé qui était Julie ? La mine déconfite, il a posé sa fourchette et a lâché un : « Comment tu sais, ça toi ? »

— Je le sais c'est tout, ai-je répondu certaine de moi.
— Écoute Maï, on m'avait dit qu'il n'y avait aucun espoir. Aucune chance pour que tu te réveilles. J'aurai pu attendre, mais attendre quoi ? Et pourquoi ?
— Pierrick...
— Laisse-moi terminer s'il te plait. Julie est arrivée dans ma vie au moment où j'en avais le plus besoin. Tu étais dans un sale état et il était certain que tu ne te réveillerais pas. Ta mère a refusé de suivre les recommandations des médecins et elle a eu raison de ne pas te débrancher. Mais moi, je n'y croyais plus. Il faut que tu saches qu'à la minute où j'ai su que tu t'étais réveillée, j'ai tout lâché pour ne me consacrer qu'à toi.
— Je le sais Pierrick. Tu as été parfait. Je crois simplement que cette moitié que tu veux tant, ce n'est pas moi. C'est elle.
— Maïra, non...
— Si Pierrick !
— Mais comment tu peux être au courant de tout ça, tu étais dans le coma ?
— Je le sais, c'est tout.

Nous avons terminé notre repas en silence et nous sommes allés nous coucher. Lui sur le canapé, moi dans la chambre, comme chaque jour depuis mon retour chez nous. Le lendemain, Pierrick m'a fait une proposition fracassante :

— On ne peut pas continuer comme ça. Tu dois reprendre le cours de ta vie et malheureusement, je n'en fais plus partie.
— Pourquoi dis-tu ça ?
— Parce que tout chez toi l'exprime clairement. Tu refuses que je t'approche. Tu acceptes la discussion, mais ce ne sera jamais assez pour vivre à tes côtés.
— Tu aimes Julie n'est-ce pas ?
— Je vous aime toutes les deux. Mais tu n'es plus la même, Maï !
— Je comprends, fais-je en lui coupant lentement la parole.
— C'est mieux que je parte. On s'arrangera quand tu iras mieux. Pour l'instant, prends soin de toi. Tu mérites d'aller mieux.
— D'accord.
— Je serai toujours là pour toi.
— Merci.
— Ça ava aller ?
— Hmm ! Hmm !

Devant mon air navrée, Pierrick m'attrape et me serre contre lui. Pour la première fois depuis des semaines, j'accepte d'atterrir dans ses bras.

— Merci de si bien me comprendre, sanglotè-je soudainement.
— Tout va bien se passer Maïra. Tu t'en sortiras, comme à chaque fois.
— Si tu le dis...
— Amis ? lance-t-il en me tendant caressant chaleureusement le dos alors que je tente de réfréner quelques larmes.
— Amis, pour sûr !





Kali travaille beaucoup en ce moment, mais depuis que Pierrick a rejoint sa dulcinée, elle s'autorise à venir chez moi plus souvent.. J'aime quand elle est là. Ses histoires dingues me sortent de mes obessessions et je me surprend à rire des situations ubuesques dans lesquelles elles se fourent.. Alors que je lui fais part de ma dernière discussion avec Pierrick, elle me regarde avec stupeur :

— Hmm !
— Quoi, Hmm ?

Assise en tailleur dans le fauteuil qui fait face à l'écran de télévision, Kali défait sa chevelure aux boucles serrées et les fait virevolter avant de déclarer :
— L'ancienne Maïra était si jalouse, qu'elle n'aurait jamais toléré un seul écart !
— Je n'allais pas le prendre en otage pour toujours Kali.
— Étrange, souffle-t-elle à trois reprises en secouant encore sa tignasse.
— Il m'aimait peut-être, mais il aime Julie bien plus qu'il ne le laisse paraître.
— Eh bien, ton coma aura au eu quelques bénéfices, comment-t-elle moqueuse.
— Oh t'as pas le droit de dire ça, Kalindra !
— Ça va, Madame la rabat-joie ! De toute façon, il s'en voulait tellement qu'il n'aurait pas pu te lâcher comme ça.
— Pourquoi dis-tu ça ?
— À cause des circonstances de ton accident, pardi !
— De quelles circonstances parles-tu Kali ?
— Vous n'en avez pas reparler ?
— Pas plus que ça. Il faut dire que je ne lui ai pas vraiment laissé d'espace pour s'exprimer... Raconte !
— Nous étions sur une piste rouge, toi et moi. On skiait approximativement depuis quelques jours seulement.
— Oui ça il me l'a dit. J'ai pris de la vitesse et hop l'accident !
— Il t'a parlé de Simon ?
— Qui c'est celui-là ?
— Tu ne te souviens vraiment de rien ?
— De rien du tout ! Ça me désespère.
— Bref. Laisse tomber, Maï. C'est du passé. L'essentiel c'est que tu sois là.

En réalité, j'en ai assez qu'on me dise que l'essentiel c'est de me voir là, en vie. Et si moi, j'avais préféré mourir ? Tout le monde s'en fout hein !?

Ma meilleure amie sent mon malaise et m'attire dans ses bras.

— Je ne sais pas comment tu vis les choses ma Maïra, mais je suis certaine que tout va bien se passer pour toi.
— Je peux te dire les choses franchement Kali ?
— Évidemment !
— Est-ce que tu me crois toi, quand je te parle de Bailey et Keziah ?

Hésitante, elle toussote avant de répondre. Même pour elle qui me connaît par cœur, le sujet est délicat.

— Je veux dire par là que je me fiche que ce soit vrai ou pas. Je me fiche de savoir si ce Bailey existe réellement ou pas. Ce dont je suis certaine en revanche, c'est que tout ce que tu as vécu durant ton coma t'as permis de rester en vie et je respecte que ça. Mais dire que j'y crois, franchement, je ne sais Maï.

Des larmes roulent silencieusement sur mes joues creusées. Kali est la première personne qui ne réfute pas mon vécu en bloc.

— Je n'ai pas rêvé Kali. Je t'assure que c'était aussi vrai que toi et moi en ce moment.
— Je suis certaine que tu me dis ta vérité Maï. Mais est-ce que tout le monde a la même perception de la « vérité » ? Tu vois c'est une situation difficile à déterminer.
— J'étais en plein réveillon de Noël. Anthony nous prenait en photo et le flash était si fort que je me suis retrouvée projetée dans l'univers... Je ne sais pas comment t'expliquer ce que j'ai vécu avec des mots que tu pourrais comprendre, mais c'était réel.
— Okayyyy !
— Papili est venu me parler...
— Ton grand-père ? interroge-t-elle, en fronçant les sourcils.

C'est la première fois que j'ose parler de cette histoire, mais Kalindra est ma meilleure amie depuis le berceau. Je veux partager ça avec elle.

— Oui Papili, je te dis !

Kali éclate de rire et me rappelle qu'il est mort depuis au moins dix ans.

— C'était lui. J'en suis absolument certaine. Il m'a dit que je n'avais rien à faire ici et qu'il fallait que je reparte chez moi. Ensuite, Papa est apparu et il m'a dit la même chose.
— Maïra, ton cerveau t'a joué des tours.
— Je te promets que c'est vrai. Il a même ajouté qu'il restait 147 jours avant Noël et qu'il fallait que j'utilise ce temps à bon escient, si je voulais retrouver ma vie d'avant.
— Mais as-tu conscience que ces deux personnes n'existaient que dans ton coma ?
— Et Julie alors ? Je ne la connaissais pas et pourtant Pierrick m'a bien « trompé » avec elle n'est-ce pas ? Quel moyen avais-je de le savoir, puis que j'étais dans le coma ?
— C'est vrai...
— Et les jumelles de ma sœur ? J'étais encore dans le coma quand elles sont nées. Sélénia n'avait même pas annoncé sa grossesse !
— C'est vrai... continue-t'elle dubitative.
— OK, c'est étrange. Mais  je sais que mon mari et mon enfant m'attendent quelque part. Kali, je n'ai pas pu délirer à ce point !?

Mon amie saisit à nouveau mais mains dans les siennes. Son regard brun me fixe un long moment sans rien dire. Je sais, qu'elle cherche un moyen de me répondre sans me contrarier.

J'aimerai tellement qu'elle puisse me comprendre.

— Tu sais quoi Maïra, il faut y aller progressivement. déclare-t-elle, sollennelle. Tout ira pour le mieux et je te fais la promesse de t'aider du mieux que je peux.
— Mais il me reste moins de 100 jours avant Noël.
— Puis-je te donner un conseil Maïra Bayi ?
— Dis toujours...
— Oubli cette histoire de Noël et reprends le travail. Reprends la danse, le dessin et tout ce que tu aimes faire d'habitude. Tu verras que les choses rentrerons dans l'ordre au fur et à mesure.

— Non !
— Rester enfermée chez toi, du 1er au 30, ne te fera retrouver personne, vois-tu ?

Jolie tentative, Kalindra ! Mais non merci.

— Tu veux que je reprenne le boulot, alors que je ne me souviens même pas avoir été assistante dentaire un jour, comment veux-tu que j'y retourne ?
— Il le faut !
— Je ne suis pas prête.
— Maïra, tu es certaine d'être mariée à un Bailey que personne ne connaît ici-bas, reprendre ton poste est bien plus simple que tout ce que tu imagines, lâche-t'elle dans un éclat de rire.
— Suis pas prête.
— Il le faudra bien, Maï !

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 29 ⏰

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