"as-tu déjà aimé quelqu'un?"
sûrement pour casser le silence qui nous berçait, elle avait balancé ses mots au ciel, entre deux bouffées de fumée.
j'aurais aimé lui dire oui, et je l'ai rencontré cette nuit. sur un pont. sous le regard farceur des étoiles. et elle s'appelait Pauline.
mais les mots restèrent coincés dans ma gorge. pour une première fois cette nuit, j'aurais voulu hurler dans le vide, hurler tous les mots que je n'avais jamais pu dire autrefois. j'aurais voulu lui hurler à quel point je l'aimais.
cependant, je ne voulais pas me jeter dans la gueule du loup. en tout cas, pas tout de suite...
le regard perdu parmi les constellations qui nous souriaient, j'ai simplement répondu:
"non."
je me sentais si bête, si égoïste, si hypocrite de ne pas lui dire la vérité. de ne pas la prendre dans mes bras et la serrer fort contre moi. de sentir le doux parfum de ses cheveux, de caresser sa douce peau et de contempler ses doux yeux.
"toi?"
"ah oui, ça pour avoir été amoureuse, je l'ai été! mais l'amour rend aveugle, comme on dit."
"qu'est ce qui s'est passé?"
"il s'est passé qu'un jour, je me suis réveillé de mon rêve euphorique. j'ai enfin ouvert mes lourdes paupières qui refusaient de voir la vérité de face. ce mec était juste un gros con."
"je suis désolé.. l'amour est quelque chose de si imprévisible."
"et c'est ce que j'aimais de ce sentiment. je me forçais d'aimer n'importe qui juste pour revivre cette sensation de tomber de l'inconnu. ça me plaisait..mais ça a menée à ma perte... ça m'a menée à ce pont, aussi. et à toi."
j'ai frissonné à ces mots. et je n'ai pas pu me retenir longtemps avant que ses frissons me pousse à tout avouer.
"je t'aime Pauline."
"oh, ne te fais pas ca, Célian."
"dis moi au moins si tu m'aimes aussi."
"je ne peux pas te le dire. je ne veux pas te donner de faux espoirs ou de fausses joies. je m'en voudrais de te blesser."
"ne penses pas à moi. penses à ce que tu dis ton cœur."
"si je devais écouter mon cœur, alors je dirais que je t'aime aussi fort que brille le soleil. je t'aime comme une folle, ça me rend dingue. mais je préfère écouter la raison pour une fois, alors non, Célian. je (ne) t'aime (pas)."
"très bien, Pauline. je (ne) t'aime (pas) non plus."
et suite à cette déclaration des plus ratées, mais des plus sincères, je souris. et elle me sourit en retour.
c'était trop beau pour être vrai. mais si comme elle, je rêvais d'un amour euphorique, alors je ne me réveillerais plus jamais.