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chapitre 11

Adil était un enfant.

Neila n'eut besoin que d'une heure pour tirer cette conclusion. Une heure pendant laquelle il s'était plus amusé que les vrais enfants dans cette maison.

-PUISSANCE QUATRE ! s'exclama-t-il comme s'il venait de marquer un but, et Dana soupira, vexée.

C'était la quatrième fois d'affilée qu'elle perdait, et aussi la dernière : contrairement aux fois précédentes, elle ne demanda pas sa revanche d'un air de défi.

-Hé, hum, vous auriez un truc à boire ? Juste de l'eau, ça m'irait bien, demanda Adil, un peu gêné, et Alexia se leva immédiatement, comme si elle attendait ce moment depuis toujours.

-Bien sûr, allons dans la cuisine ! dit-elle avec un entrain inhabituel, et elle se tourna même vers son frère : tu veux du jus de fruits ?

Neila s'apprêta à ouvrir la bouche pour leur rappeler qu'ils n'avaient pas le droit de boire du jus de fruits à n'importe quelle heure comme ça, avant de se réfracter. Pour une fois qu'Alexia était cordiale avec son frère, il fallait en profiter.

Adil, Alexia et son frère quittèrent la chambre de ce dernier, et à peine la porte franchie, Dana s'approcha de Neila, un grand sourire aux lèvres.

-Bonsoir Neila !

-Euh... bonsoir, répondit Neila, qui était occupée à mélanger les cartes du Uno.

-Pourquoi vous vous parlez plus, Adil et toi ?

-On se parle, répondit Neila en haussant les épaules, comme si Dana inventait des choses improbables.

Celle-ci soupira.

-On a bien remarqué que non, avec Alexia. Vous vous êtes disputés ?

-Non, répondit brièvement Neila.

-Neila... il faut que vous discutiez. La communication est la clef.

Neila haussa un sourcil.

-On se parle. Tu veux jouer ?

-Comment est-ce que vous vous êtes rencontrés ?

Neila haussa les épaules.

-Un peu par hasard. Tu veux jouer, ou pas ?

-Non, je veux que tu me racontes.

Dana soupira.

-Je sais que tu me vois comme une gamine parce que je suis l'amie d'Alexia mais j'ai le même âge qu'Adil. Je veux juste...

Elle haussa les épaules.

-C'est un peu bizarre, mais j'ai passé des heures à penser à lui, et à m'imaginer sortir avec lui. Mais j'ai bien compris que ça n'arrivera jamais, et en fait, je trouve que vous allez vraiment bien ensemble tous les deux. Alors j'espère que vous réussirez à passer au-dessus de peu importe ce qui vous sépare actuellement.

Neila hocha la tête avant d'esquisser un petit sourire.

-Merci, Dana.

Elle repensa à leur rencontre tout le reste de la soirée. Pas simplement ce moment où Adil était entré la tête la première dans sa chambre, mais tous ces moments qu'ils avaient partagé avant qu'il ne l'embrasse. Tout ce temps qu'il avait passé avec elle, alors qu'elle passait son temps à lui lancer des piques.

Lorsqu'ils sortirent du babysitting, ils se mirent à marcher côte à côte sans parler. Neila espérait qu'Adil prenne la parole le premier, mais évidemment, celui-ci ne le fit pas. Elle soupira et s'arrêta en plein milieu du trottoir.

-Alors ?

Adil fronça les sourcils. Il n'avait aucune idée de ce qu'elle attendait comme réponse à cette question.

-Alors quoi ?

-Dana, Alexia... Alors ?

-Je comprends pas trop, répondit-il honnêtement, et Neila haussa les épaules.

-Elles sont gentilles avec toi.

Adil rit.

-Euh, ouais. Elles me font encore un peu peur.

-Plus que moi ? demanda Neila en plissant les yeux.

-Tu me fais pas peur. Je te bats à la bataille d'oreillers.

Neila secoua la tête, et Adil soupira.

-J'étais sérieux, tu sais. Tu me plais vraiment.

-D'accord, répondit-elle, avant d'attraper son porte-monnaie et de tendre un billet de 20 euros à Adil.

-Pourquoi tu me donnes ça ?

-Parce que tu as participé au babysitting. Et tu pourras utiliser cet argent pour me payer un date, par exemple, sourit-elle.

Adil lui rendit son sourire.

-Avec grand plaisir.