Quatre mariages pour une lune de miel

Chapitre 2

— Je ne sais pas, déclara pour la énième fois Charles André Bongama de son chantant accent congolais. Je ne sais pas où Thomas peut bien se trouver.

— Comment ça tu ne sais pas où il a pu partir ? s'égosilla Émilie Yao à l'intention du jeune homme.

En silence, Gauthier Lazerges les observait. Dans sa luxuriante tignasse blonde, le chef de  l'équipe de production de l'émission se passa une main nerveuse .
Il était embêté. Il se sentait con surtout. Comment avait-il pu se leurrer aussi facilement ? En ayant l'idée d'enregistrer cet épisode  spécial mariage africain, il avait cru que tout serait facile. Il en avait été  persuadé, tout irait comme sur des roulettes.
La bonne blague ! Rien ne se passait comme prévu. C'était le bordel totale.
D'abord, il y avait eu tout ce retard qu'ils avaient accumulé. Lui et son équipe avaient longtemps poiroté. Pendant des heures, on les avait fait attendre. Les responsables ? La candidate du jour et sa famille déjantée bien sûr. Ceux-ci  n'avaient respecté aucun des horaires du planning prévu.  De la part des africains, Gauthier y était un peu préparé.
Ce qui en revanche l'avait fortement surpris par la suite, c'était l'exubérance de cette dame, la mère de la futur mariée. Alors là, pour être un sacré numéro, s'en était  un. Mais Gauthier avait su rester impassible. Il était  un  professionnel.
Mais maintenant il y avait ça. La cerise sur le gâteau.

— Thomas n'a pas pu se volatiliser  comme cela ? cria de nouveau Émilie au pauvre Charles André. Tu dois bien avoir vu quelque chose !

— Ya solo penza, mwana mwassi oyo a yokaka té ! s'écria Charles André au comble de l'exaspération.  Na ko yeba ndé gué nini essika Thomas a ké ! Na za mobateli na yé té.

*(Cette fille est vraiment sourde comme pas possible ! Qu'est-ce que j'en sais moi où Thomas a bien pu partir ? Je ne suis pas son garde du corps. )

-— Les sous titres André, le pria Émilie énervée. Les sous titres ! Contrairement à ce que tu crois, le lingala ce n'est pas l'anglais.

— Kassi ya ngo ndé zoba oyo ! lança à nouveau le jeune congolais dont le regard en disait long sur la signification de ses paroles.  Na bizaleli mabé boyé, é zo kamwa nga té ké Thomas a kimi. Na banzi ké a zonga té.

*(C'est ça idiote ! Et avec un tel comportement, tu m'étonne que Thomas se soit enfuit. J'espère qu'il ne reviendra pas.)

— En français André ! le pria de nouveau Émilie prête à commettre un meurtre.  En français !

— Je te l'ai déjà dit, claironna enfin Charles André. Je ne sais rien. Je ne sais pas où Thomas a pu partir.

— Mais il a bien dû te dire quelque chose, insista Émilie qui voulait absolument trouver une explication à la situation. Je ne sais pas moi, il t'a quand même donné un indice, une information ou n'importe quoi ?

— Heee Émilie ! s'exclama Charles André irrité. Il ne m'a rien dit. Je ne l'ai même pas vu partir. J'étais occupé à m'habiller.
Quand j'ai constaté son abscence, j'ai plusieurs fois essayé de le joindre sans succès
comme toi et ton blanc qui est là.

En effet, Émilie et Gauthier qui avaient tenté d'appeler Thomas étaient tombés à chaque fois sur sa messagerie. Le futur marié demeurait injoignable. Était-il possible qu'il se soit défilé ?
Ne sachant que croire, Émilie se laissa choir dans le confortable canapé qui meublait la chambre d'hôtel. La gravité de la situation, la jeune femme commençait enfin à la réaliser.
Et si comme dans les scénarios que l'on ne voyait que dans les films, Thomas avait décidé  de planter sa sœur Carine à quelques heures seleument de leur mariage ?