Le ciel se couvrit, l'air se chargea d'humidité et la pluie commença doucement à tomber, nourrissant la terre de son nectar divin, dans cette douce aurore d'été. Elle ferma alors calmement les yeux, leva son visage vers le ciel et l'offrit à la pluie. Tandis que l'eau ruisselait le long de son visage, de ses cheveux et de son corps, elle leva lentement son bras. Puis dans un léger frisson, dans un soubresaut son cou, ses épaules, son buste, ses jambes, son corps s'anima. L'eau perlant sur son visage, ses traits semblaient détendus. Ses membres se mouvèrent comme guidés par un orchestre silencieux. Gracieusement. Inlassablement. Répondant à une symphonie qu'elle seule semblait comprendre. Et, dans le silence, seulement troublé par la chute intarissable de la pluie, le temps semblait s'être arrêté. Arrêté pour l'admirer, curieux de cette œuvre qui se déroulait. Elle semblait si calme, si détendu, si libre, si vivante. Elle dansait sous la pluie.
Mais le temps repris son cours et le flot de la pluie se tarissait pour finir par s'épuiser. Et, dans un dernier sursaut, dans une douce agonie, son corps s'immobilisa, tel la note finale d'une musique, le dernier accord. La nature repris ses droits et la nuit se dissipât pour laisser place au jour. Elle rouvrit les yeux révélant de magnifiques émeraudes. Des émeraudes déroutantes. Déroutantes parce-qu'inexpressives. Puis, sans un regard en arrière, son corps se retourna, ses jambes marchèrent jusqu'à la bâtisse. Puis, son bras se leva et sa main actionna le loquet silencieusement. A l'instant où elle passa dans son entièreté le seuil son visage auparavant si calme, si détendu, était devenu froid, inexpressif. Comme torturé par un démon intérieur. Comme levant son bouclier. Il ne restait plus rien de ce moment d'insouciance. De ce moment de calme, de liberté, de vie. Ne perdurai que l'eau de la pluie comme souvenir fugace, qui finira lui aussi par périr. L'air humide de court moment sembla petit à petit s'évanouir, lui aussi, pour laisser place à la chaleur sèche et étouffante de l'été. Comme dans un dernier soupir, un dernier sanglot, une légère brise humide caressa son visage avec douceur et volupté. Un dernier adieu.
Son bras ferma la porte, et ses jambes se mirent en marche pour gravir les nombreuses marches de la bâtisse et accéder à une ultime pièce. Ses mains s'activèrent de façon monotone, pour se débarrasser de ses habits mouillés et les remplacer par des secs. Lorsqu'un son typique de pas lui parvenu aux oreilles, elle se figea telle une statue de marbre. Ses yeux jusqu'à la inexpressifs s'écarquillèrent. Angoisse. Appréhension. Peur. Frayeur, pouvait on lire dans ses magnifiques émeraudes. Puis, comme pris d'un électrochoc, son corps tressaillit et bougea. Il bougea si vite qu'on eu l'impression qu'elle volait. Son corps se mouva jusqu'à trouver abris. Un abris caché aux yeux de tous. Un abris caché aux yeux de la Chose. Cette dernière entra dans la pièce. Ses jolies émeraudes purent voir les chaussures de la Chose. Elle retient sa respiration. Puis, silence. Le silence fût troublé par le départ de la Chose. Expiration. Ses poumons se mirent alors à se vider. Inspiration. Puis à se remplir. Son corps s'allongea, sa tête se posa délicatement. Expiration. Inspiration. Elle ferma doucement ses émeraudes torturées. Expiration. Inspiration. Alors qu'elle se focalisa sur sa respiration, son visage se détendit. Expiration. Inspiration. Elle s'endormit sous le Soleil.
Les secondes passèrent. Puis les minutes. Puis les heures. Le temps continuait sa course inlassablement. Ce n'est qu'au moment du crépuscule qu'elle sortie lentement de son sommeil. Ses yeux s'ouvrirent et son corps se mit sur pied. Aucun son n'atteignit ses oreilles. Le silence régnait. Elle se dirigea vers le Soleil couchant. Ses pieds franchirent l'encadrement de la balustrade et ses mains se posèrent avec légèreté sur le garde-fou. Sur son visage se reflétait la lumière du Soleil. Ces tons orangés caressaient sa peau jusqu'à que le Soleil laisse place à la Lune. Son visage était pensif. Ses yeux étaient vides. Elle pensait au futur. A son absence. Elle pensait à la Chose. La Chose. Pour elle il ne pouvait s'agir d'un être humain. Elle ne voulait pas croire que les Hommes, se haïssaient au point de vouloir s'affliger de telles souffrances au sein d'une même espèce, d'une même famille. Elle la reléguait ainsi au rang de chose. C'était là, très certainement, une manière inconsciente de se protéger de la folie du genre humain. Fatiguée. Elle semblait si fatiguée. Comme si elle avait vécu mille vies. Tandis que l'éclat de la lune illumina son visage, elle se mit à espérer. Espérer que tout s'arrête, que son supplice prenne fin. Elle se mit à rêver de liberté. Alors que ses mains se mirent à trembler d'excitation, ses émeraudes se teintèrent d'espoir. Un dernier mouvement. Un dernier choix. Une dernière action pour une liberté éternelle. Les muscles de ses bras se tendirent, ses mains poussèrent sur la rambarde et ses pieds vinrent vinrent prendre la position de ses mains. Là voilà debout sur le garde-fou. Elle pris alors une longue inspiration, gonfla ses poumons jusqu'à qu'ils soient prêts à imploser. Tout d'un coup dans un soubresaut ses jambes se propulsèrent dans le vide. Alors qu'elle chutait sans pitié, ses cheveux flottant au gré du vent, elle regarda les étoiles. Ses émeraudes se fermèrent une dernière fois. Elle dit alors sans aucuns remords au-revoir au présent et accueilli avec sérénité l'immensité de l'éternité. Son visage semblait apaisé tandis qu'elle embrassait sa destinée. Elle n'avait jamais semblé aussi vivante qu'à se moment-si. Elle était libre. Mais la gravité repris ses droits, et rappela à elle se qu'il lui appartenait. Silence. Obscurité. Elle expira une ultime fois.
Pourquoi blesser, infliger de la souffrance à ceux que l'on aime?
La passion fait souffrir.
Et cela les Hommes l'ont bien compris.
Pathos.
VOUS LISEZ
Per aspera ad astra
Historia CortaPour elle, la liberté s'obtient par la chute. Une chute. Pour se sentir vivante à tout jamais. Et rejoindre les étoiles. Pour l'éternité. Per aspera ad astra signifie "Par des sentiers ardus jusqu' aux étoiles". *One shot*