Chapitre 3

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Le bruit des villageois distrait Edis, qui était concentré à se demander quelle était la créature qu'il venait de voir. À l'entrée du village, les sacrifiés sont répartis en fonction de leurs marques. Des habits et un endroit où se loger leur sont attribués. Des villageois les prennent en charge, s'assurant de ne pas les brusquer. Le village et leurs tâches leur seront expliqués plus tard. Alors que la densité du groupe diminue, Edis ralentit la cadence de son pas. Son regard est comme attiré par ce lac à peine éclairé, le coupant de la réalité autour de lui.


Karan, à ses côtés, l'observe. Il sait qu'une perle est très différente des autres sacrifiés, et que donnée la vie n'est pas son seul atout. Mais les réactions, l'adaptation à ce nouveau monde et les autres atouts d'une perle sont bien différentes. Malgré la rareté d'une perle, la quasi-immortalité de la divinité lui a permis d'en voir. Il a vu des perles très bien s'adapter à ce monde, comme des perles qui ont tenté de se donner la mort. La modification d'un corps de perle est aussi très changeante. Certains corps peuvent être prêts à porter un enfant au bout de plusieurs mois, et d'autres au bout de dizaines d'années. Edis devra être sous surveillance, des règles devront s'imposer le temps qu'il s'adapte. L'accès au lac devra lui être interdit. Karan manque de confiance en certaines créatures qui peuplent le lac.


Tous les deux perdus dans leurs observations, Karan et Edis ne se rendent compte qu'au niveau des portes du château qu'ils ne sont plus que trois. En effet, le groupe s'est vidé petit à petit sans qu'ils ne s'en rendent compte.


Karan s'éloigne des deux humains pour sonner la cloche qui se trouve à côté de la magnifique double porte en bois qui sert d'entrée à la bâtisse. En attendant que les portes s'ouvrent, Edis ne peut s'empêcher de détailler la personne qui les accompagne. Il s'agit d'un garçon, un adolescent d'environ le même âge, à la musculature saillante. Le garçon paraît tout aussi gêné qu'Edis par sa nudité. Ses mains qui tentent de cacher son intimité empêchent Edis de voir sa marque. Le visage dirigé vers le sol, ses joues sont rouges de gêne et ses mains tremblantes. En temps normal, Edis serait allé lui parler pour le rassurer, mais là il ne peut pas. Il est aussi perdu que lui, si ce n'est pas plus. Il n'est calme que depuis quelques minutes, seulement depuis qu'il est entré dans cette montagne.


Edis regarde à nouveau le lac, cette eau est hypnotisante, si bien que ses pieds se mettent en marche vers ce lac. Le lac dégage une odeur et une aura qui le rassure. L'eau, qui était lisse, commence à être déformée par quelque chose qui frôle la surface, créant de petites vagues. La créature responsable de ça nage doucement vers le bord, au même rythme qu'Edis.


Totalement hypnotisé par l'eau, Edis ne s'est pas rendu compte qu'il s'était bien éloigné des portes. Il n'a même pas entendu Karan l'appeler à plusieurs reprises. Il ne l'entend pas se déplacer vers lui. Les deux puissantes mains de la divinité viennent attraper les hanches d'Edis, à quelques mètres du bord. Il colle le dos du jeune homme contre lui d'une main, tandis que son autre main a lâché les hanches pour couvrir les yeux d'Edis.


"Si c'est par le lac que tu veux t'enfuir, tu ferais mieux de changer d'idée. C'est plus dangereux que ce que tu peux penser", dit la divinité en retirant sa main des yeux du jeune homme.


En reprenant ses esprits, Edis se rend compte qu'il s'est bien éloigné des portes et du groupe. Il n'est plus qu'à quelques mètres de l'eau. Eau qui vient de se calmer, le dessus de l'eau lisse comme si rien n'était venu briser le reflet de l'eau. Edis se retourne pour faire face à Karan.

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