Uniforms

161 13 7
                                    

 Le combat faisait rage à l'extérieur, le sang giclait sur les plaines et les carcasses n'étaient plus que décor et paysage. Les escouades se réduisaient à vue d'œil et le nombre de morts n'était que des chiffres en constante croissance comme un chronomètre qui défilait. La lune qui tentait de prendre le piédestal de l'étoile n'était qu'un détail face aux lames qui valsaient en rythme. L'offensive du royaume de Fukushu avait signé les détails d'une guerre de plusieurs années.

«Caporal Choi San au rapport ! L'escouade du Bataillon Frontale garde encore tous ses soldats en vie mais seulement 20 sont encore en état de se battre !»

La situation se faisait critique, la peur et la haine se mélangeait dans la population qui ne cessait de se cacher et de s'affaiblir continuellement. Les champs ne semblaient pas apprécier le sang et les cadavres comme engrais et le bétail n'était devenu qu'objets de débats qui se faisaient pour certains très violents. Devons-nous garder les moutons pour leurs laines au vu de l'arrivée hivernale ou les abattre pour que les corps se fassent solides contre le froid ? Les poules doivent être gardé pour leurs œufs qui seront plus facilement distribuables ou tuées pour leurs chairs et leurs protéines ? L'alcool doit être gardé pour soigner ou pour se saouler et se voiler de la violence des batailles ? Ses questions qui étaient quotidiennes pour leur business devenaient la raison de bagarres sanglantes. Les soldats se battaient au front pour protéger la population alors que la population pour se protéger fuyait lâchement en se voilant la face avec un drap marqué de tâche rouges.Le petit matin, des charrettes venaient remplis de maigres portions de vivres à la joie des villageois cependant le bonheur d'avoir récupéré de la nourriture s'effaçait dès l'arrivée du Caporal. Il suscitait admiration mais ses lèvres ne rappelaient que peur. Les familles s'agglutinaient autour de lui par habitude et corvée. Mon enfant parti à la bataille, a t-il triomphé de la mort et reviendra t-il les yeux brillants de fierté face à l'ennemi ? Un nom tût par le caporal était un cadeau du ciel et celui crié était une vengeance des cieux. Il s'installa sur une estrade de fortune, fit le salut militaire main sur le cœur et ferma les yeux.

«Park Seonghwa... a donné sa vie pour la nation !»

Les premières larmes d'une mère étaient en train de couler.

«Jeong Yunho... a donné sa vie pour la nation !»

De nouvelles larmes s'échappèrent.

«Kang Yeosang... a donné sa vie pour la nation !»

Les annonces se faisaient sans fin avec le soulagement de certains, la tristesses d'autres et la peur de chacun. Les familles pleine de colère tentaient de passer la garde de royale prêts à frapper cette pourriture qui annonçait les morts sans regret et qui envoyait ses soldats au suicide. La douleur ne s'affichait pas sur son pâle visage mais celle de son cœur se faisait plus grande que ses bombes de sentiments. Ils mourraient devant lui après avoir évolué auprès de lui. Ils acceptaient de laisser couler leur sang pour protéger leur supérieur et lui confier son souvenir, sa famille, son futur pour un monde meilleur. Ils pensaient dur comme fer que grâce à lui, ils pourraient profiter depuis les nuages d'un monde coloré et joyeux pour ce qu'ils considèrent comme leur famille : famille de sang, de cœur et famille d'un même nation. Chaque pas que faisaient leur supérieur portait en eux un lourd sentiment d'impuissance, de reconnaissance et de courage mais ça, ils ne le comprendront jamais s'ils restent recroquevillés sous leur couette. San marcha, sourd des remarques, et retourna au QG de son escouade. Le moral était au plus bas, les soldats regardaient le sol, se remémorant du cauchemar sanglant, leurs yeux étaient grands ouverts et leurs pupilles semblaient tremblées. Les larmes ne coulaient pas, elles n'osaient pas empirer la situation. Les cheveux noirs et bruns donnaient un air plus morose au manoir, les lanternes étaient toutes éteintes, la cire s'était consommée comme le désespoir qui rongeait les soldats cependant parmi ces mèches sombres se trouvait une chevelure blonde comme la lumière au bout du tunnel. Il était le seul la tête haute, son corps tombait vers l'arrière et était soutenu par ses deux bras fins, sa tête penchait vers le chandelier et ses yeux étaient fermés. Il cherchait à ne pas se noyer dans la peur et de garder sa tête hors de cet océan. Jung Wooyoung, classé 3e au test d'aptitude et 2e au test psychique, ses aptitudes étaient remarquables, elles avaient ses qualités et ses défauts dont il avait parfaitement conscience et quand la peur le prenait, elles restaient inchangées et prendre les commandes de la troupe n'augmentait que son adrénaline sur l'instant. Quand il rentrait au QG, il lui suffisait de fermer les yeux durant quelques instants pour passer outre des atrocités de la journée. Il vouait un culte pour son caporal, un homme dont l'apparence ne se faisait pas des plus imposantes mais des plus charismatiques ; un homme aux yeux de faucon, à la rapidité d'un guépard, au génie d'Einstein qui savaient mener sa fourmilière, un dieu vivant qui le considérait et le regardait en face pour lui avouer ses erreurs, celui qui la formait à devenir l'homme qu'il est devenu : l'homme qu'il enviait.

❝UNIFORMS - WOOSAN❞ ↪ᵒᶰᵉ⁻ˢʰᵒᵗOù les histoires vivent. Découvrez maintenant